VOGUE France

LIVRES : BABE ALONE IN BABYLONE Hedy

- Par Nelly Kaprièlian

Lamarr, Anna-Nicole Smith, Yves Saint Laurent, Peggy Guggenheim…: une sélection de biographie­s taillées pour la plage.

Icône de l’âge d’or hollywoodi­en et inventrice géniale, est morte oubliée. Écrites Hedy en 1966, Lamarr ses mémoires sortent enfin en France: une plongée décadente dans un Hollywood mythique à sexuelle. travers le Sans récit oublier très hot quelques de sa vie bios salées taillées pour la plage. Par Nelly Kaprièlian.

Lancée par la MGM comme «la plus belle femme du monde», Hedy Lamarr a eu une vie aussi flamboyant­e que celle des héroïnes qu’elle incarnait à l’écran. Star mythique à la filmograph­ie relativeme­nt anecdotiqu­e et complèteme­nt oubliée, hormis peut-être le péplum kitsch Samson et Dalila de Cecil B. DeMille, Lamarr avait en plus un cerveau et fut l’inventrice durant la guerre d’un système de transmissi­on radio sans lequel nos iPhones n’existeraie­nt pas. Pourtant, quand elle décide d’écrire ses mémoires au milieu des années 60 (avec l’aide de deux ghostwrite­rs), c’est de sexe qu’il s’agit. Lamarr, sans doute légèrement exhibo, dit tout ce qu’on a toujours voulu savoir sur la vraie vie sexuelle de ces déesses du grand écran. D’autant qu’elle s’est mariée et a divorcé six fois et a eu des dizaines d’amants. Autant dire qu’on n’aura pas le temps de s’ennuyer dans cette autobiogra­phie qui annonce la couleur dès la première page : «Au cours de ma vie, le sexe n’a pas toujours représenté une partie de plaisir. J’ai connu différents genres d’hommes, de l’impuissant classique jusqu’au sadique adepte du fouet qui ne peut prendre du plaisir qu’après vous avoir attachée avec la ceinture de sa robe de chambre. L’un d’eux est allé jusqu’à amener une femme dans notre lit alors que j’y étais étendue et qu’il me croyait endormie !» Née le 9 novembre 1914 à Vienne d’un père banquier et d’une mère pianiste, Hedwig Eva Maria Kiesler sera la première actrice à tourner nue dans Extase (1933), film qui fera scandale et la rendra célèbre non seulement à cause de sa nudité, mais aussi parce qu’on l’y voit, en gros plan, avoir un orgasme. Au même moment, la jeune Hedwig épouse un richissime fabricant de munitions frayant avec Hitler et Mussolini et tombe dans une prison dorée où chacun de ses mouvements est épié – à un moment, elle devra même se réfugier dans un peep-show pour échapper à la traque de son mari où, prise pour une prostituée par un client, elle acceptera de coucher avec lui pour ne pas être découverte. Après avoir enfin pu fuir déguisée en domestique, l’actrice charme Louis B. Mayer, le puissant patron de la MGM, lors d’un rendez-vous à Paris. À Hollywood, rebaptisée Hedy Lamarr, la jeune femme hante les soirées les plus glam, fréquente des hommes célèbres, découvre sa bisexualit­é (qu’elle revendique dans le livre) et continue de se livrer à un véritable bras de fer avec Louis B. Mayer pour enfin décrocher un rôle, un vrai. Malgré les manigances et calculs auxquels semblaient devoir se livrer les stars, même sous contrat avec les studios, pour décrocher de bons films, malgré aussi les noms de metteurs en scène prestigieu­x, de Victor Fleming à King Vidor, qui ne vont pas tarder à orner sa carrière, Lamarr se reprochera toujours de ne pas faire preuve de jugement dans le choix de ses films. Il faut dire qu’aucun ne s’avère être un chefd’oeuvre, ni n’est devenu un classique, au contraire du Laura de Preminger qu’elle a refusé. Le problème, c’est qu’elle ne fera pas davantage preuve de discerneme­nt côté hommes, accumulant les échecs conjugaux et les amants pervers: «Sam était si jaloux qu’il essaya un jour de me faire porter une ceinture de chasteté métallique.» Quand il ne l’oblige pas à coucher sous ses yeux avec l’un de ses amis. Au cours de ses confidence­s de plus en plus tordues derrière le brillant hollywoodi­en, Lamarr se déclare nymphomane – «mes besoins sexuels devenaient incontrôla­bles» – et, en analyse, découvre qu’elle a été violée quand elle était enfant. Plus tard, celle qui mourra début 2000 reniera ces mémoires, jugeant le travail de ses ghostwrite­rs vulgaire, obscène et diffamatoi­re. N’empêche qu’entre des fêtes décadentes chez Erol Flynn où Marilyn Monroe aurait été prise en chasse déguisée en lapin, à la méchanceté d’Ingrid Bergman trompant son mari dans une soirée, c’est peut-être l’un des documents les plus édifiants sur la vie folle des mythes hollywoodi­ens.

Ecstasy and me. La folle autobiogra­phie d’Hedy Lamarr. (Éditions Séguier. Traduction de l’américain par Charles Villalon.)

«Au cours de ma vie, le sexe n’a pas toujours représenté une partie de plaisir.»

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