RENDEZ-VOUS
À l’heure où le rock’n’roll peine à se trouver un avenir et de nouvelles icônes pour l’incarner, le culte de ses glorieux héros du passé n’a jamais été aussi intense. Elvis Presley est son créateur officiel, dépositaire d’un look, d’un son et d’un swing qui ont fait école, star ultime aux milliards de fans (légende invérifiable mais tellement possible) qui n’échappe évidemment pas à la règle. Le King a animé l’été avec d’abord la diffusion de deux documentaires ambitieux, qui éclairent différemment l’aura toujours intacte du chanteur américain. The Searcher, produit par HBO, est une biographie de plus de trois heures, riche de nouvelles images d’archives et de commentaires éclairés de Bruce Springsteen ou Lisa Marie Presley, en sélection au festival de Deauville. Plus arty, Promised Land est un road-trip original, où le réalisateur Eugene Jarecki traverse les États-Unis au volant de la Rolls-Royce 1963 du King, en souvenir du plus beau rêve américain. Présenté en 2017 au festival de Cannes, on y croise Alec Baldwin, Rosanne Cash ou Chuck D. Mais Elvis revient aussi en musique, avec la sortie d’un nouveau disque. Après un étonnant album l’année dernière qui revisitait le répertoire du King en version classique, c’est le gospel qui est aujourd’hui à l’honneur. Une musique qui a toujours habité Presley depuis l’enfance, et qu’il a chantée presque quotidiennement tout au long de sa vie. Parmi les 14 anciens morceaux, réorchestrés et réenregistrés pour l’occasion, on trouve un élégant duo virtuel avec sa fille Lisa Marie et une ribambelle de classiques gospel, qu’Elvis interprète à la perfection, de sa voix de gorge bouleversante et hors du temps. Plus de quarante ans après sa mort, le plus célèbre musicien du monde se découvre et se réinvente encore, inoxydable et éternel, comme une revanche sur cette révolution culturelle qu’il a enclenchée, mais qui s’est ensuite déroulée sans lui.