7 200 kilomètres de bonheur
En fait, le chiffre varie entre 5 850 et 7 330 kilomètres, selon que l’on se fie à l’IGN ou aux services cartographiques américains. Incapables de choisir entre l’un ou l’autre, comme on choisit – c’est d’actualité – entre la police et les manifestants, nous avons opté pour 7 200, un chiffre rond mais quand même impressionnant et forcément sérieux, puisqu’il émane de la Mission Inter-Services de la Mer et du Littoral. 7 200 kilomètres c’est, selon cette administration, le linéaire des côtes françaises. Linéaire développé s’entend, c’est-à-dire « avec anfractuosités ». Or ça tombe bien, c’est ce qu’on préfère nous, dans la côte, les anfractuosités, les criques, les petites baies et toutes les cachettes que peut offrir ce merveilleux dédale de sable et de roche qui entoure notre territoire. Là où finit la terre et où commence le bonheur d’être en mer, en marge des certitudes géographiques et sans autre emprise géologique que celle de l’ancre dans le sol… avec en prime une encablure de recul sur un pays et une époque qui gagnent parfois à être vus de loin. Ce littoral est une merveille et naturellement, un héritage à préserver. Mais attention aux abus d’une politique qui tend à sanctuariser les sites… Nous l’avions souligné il y a quelques mois en rapportant cette anecdote vécue lors d’un essai du côté de Port-Cros. Un garde du parc national nous menaçait d’une lourde amende, non pour avoir sali ou dégradé les lieux… mais pour avoir pris des photos. Il semblerait que le simple fait de capturer des images, y compris des images susceptibles de faire aimer les îles d’Or et rendre hommage à la protection dont elles sont l’objet depuis plus de cinquante ans, soit désormais soumis à une autorisation écrite préalable. On croit rêver. Un parc national est à tout le monde, non ? Alors aux annexes et aux rames, citoyens ! Usez de votre droit à la grève, plantez vos pioches dans le sable, posez vos coques sur l’estran… C’est à nous de faire vivre le littoral du plus beau pays du monde.