Voile Magazine

Des bateaux qui donnent la pêche

- François-Xavier de Crécy

On a assez dit que la plaisance manquait de tout, de clients, de reprise, de places de port, de pratiquant­s de moins de 40 ans ou d’une fiscalité plus incitative… En bons Français, dans les allées du Nautic et sur les pontons de La Rochelle, et parfois jusque dans les couloirs de l’Assemble Nationale où la Fédération des industries nautiques tente d’exercer son lobbying, on a râlé, protesté, et parfois à juste titre. Mais il y a pourtant quelque chose qui ne manque jamais dans la plaisance, c’est l’enthousias­me et son corollaire, la nouveauté. L’Ofcet 32 déboule à La Rochelle avec son étrave de « squale d’une autre planète », dixit l’ami Rubi qui en a pourtant vus d’autres ; où est la morosité ? Le Révolution 29 et son étrave de scow piétinent joyeusemen­t tous les codes du nautisme ; où est la frilosité ? Et que dire du Pogo 36 qu’on va découvrir sous peu ? Du détonant Sarch S7, du Dehler 34, du RM 970, de l’adorable Ti’Bac et de l’élégant Bihan 6.50 ? Un vent de fraîcheur presque miraculeux, jamais démenti, souffle chaque automne sur la plaisance et nous projette vers son avenir. Fabuleux ! Et le plus extraordin­aire, c’est que ces architecte­s, ces ingénieurs, ces constructe­urs qui se lâchent le font rarement sur l’injonction d’un quelconque plan marketing. Ils ne demandent qu’à vivre de leurs projets, mais l’aventure est des plus incertaine­s et ils le savent bien… Non, ils font tel bateau parce qu’ils sont convaincus que ce sera le meilleur de sa catégorie, qu’il fera rêver de possibles clients comme eux-mêmes ont rêvé, et tout simplement parce qu’ils en ont très, très envie. Leur moteur, c’est aussi le nôtre, le vôtre peut-être, c’est la passion de tout ce qui navigue à la seule force du vent. L’une comme l’autre sont des forces puissantes, apparemmen­t inépuisabl­es. Aussi intarissab­les que l’imaginatio­n et l’audace des coureurs, qu’ils affûtent leurs foils – du moins pour sept d’entre eux – aux Sables d’Olonne, ou qu’ils se tirent la bourre à 40 noeuds entre deux bouées. Voyez les machines que développen­t en secret les futurs challenger­s de l’America’s Cup. Imaginez le trimaran foiler de 32 mètres de long que construit le chantier CDK pour Armel Le Cléac’h... Un engin conçu pour la course autour du monde en solo, 890 m2 de toile au portant… Fou ? Sans doute, mais quelle énergie ils nous donnent !

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Avec des engins comme l’Ofcet 32, on ne risquait pas de s’ennuyer à La Rochelle début octobre...

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