KT BOAT Le cat boat à tout faire
L’IDEE DE RONAN TOULY,
le patron du chantier bigouden ACCF, est limpide : décliner la carène de son Cormoran sur un canot tout simple, moins toilé, moins ponté et dédié à la balade familiale plus qu’à la régate. Une idée d’autant plus pertinente qu’après 90 Cormoran polyester construits depuis 1999, ACCF vient de dessiner une version optimisée de son best-seller, toujours dans la jauge mais avec un nouveau plan de quille et un plan de pont amélioré. Allégé de 50 kg par rapport au précédent modèle de Cormoran ACCF, il est pile au poids minimum imposé par la jauge. Rappelons à ce sujet que le Cormoran n’est pas un monotype mais une jauge à restriction offrant une certaine souplesse pour le maître bau (1,80 à 2 m) ou le creux, entre autres. Cet aparté étant fait, bienvenue à bord du KT Boat. Il se présente comme un canot ouvert au cockpit long, ovale et fort profond, capable d’accueillir sur son joli caillebotis une famille (très) nombreuse dans des conditions rassurantes. La discrète hiloire qui le ceinture fait office de déflecteur sur l’avant, elle protège peu des embruns mais empêche l’eau embarquée sur le pont avant de tomber dans le cockpit. Au niveau des postes de barre, elle est complétée par une assise parfaitement angulée sans laquelle le plat-bord serait particulièrement inconfortable. Le barreur est donc à son aise et peut facilement mener son cat boat en solo, assis sur ce plat-bord ou éventuellement sur l‘un des bancs lattés de bois qui, jugés un peu courts, seront rallongés sur les unités suivantes. La main sur l’écoute dont le palan circule sur une drosse en Spectra frappée sur le tableau, il profite pleinement de l’extrême simplicité de ce type de gréement. Dans la brise, l’aide d’un équipier ne sera pourtant pas de refus tant il est vrai que sur un cat boat (et qui plus est à gréement aurique), c’est l’écoute qui commande... Pas question d’abattre sans avoir préalablement choqué cette puissante grand-voile gréée au tiers, façon houari. Cela ne fait pas du KT Boat un voilier spécialement physique, la carène tolérante dans les surventes et le confort de ce cockpit très spacieux confirmant son statut de day-boat de balade. Mais il faut quand même avoir la main dessus, en particulier dans les conditions rafaleuses de notre essai en rivière de Pont-l’Abbé, à deux pas du chantier... C’est son côté ludique ! Nous apprécierons à cette occasion la prise de ris très facile. Avec la toile adaptée et une écoute travaillée en souplesse, le KT Boat reste sage et sa barre sensible. L’envoi de la grand-voile ne nous a pas posé de problème non plus : il suffit d’embarquer d’une même main la drisse de la voile et celle du pic pour que les deux montent en parallèle, en toute fluidité. C’est le côté bien pratique (et reposant) des espars en carbone. Ils facilitent ces manoeuvres d’envoi, mais aussi le mâtage et la manutention. Le bateau sera aussi aisé à mettre en oeuvre qu’à transporter. Facile également, le relevage de la dérive qui ne pèse que 16 kg (contre 45 kg pour le Cormoran). Le palan situé à l’arrière, le long du bordé bâbord, ne demande pas un effort surhumain, loin de là. Le pont avant, traversé par le mât, est très court, mais il abrite quand même deux bailles à bouts et peut accueillir un peu de rangement. Le raid côtier peut être au programme, à condition d’imaginer une toile de tente adaptée. Sur l’unité essayée, pas de hors-bord : toujours dans une logique de simplification à l’extrême, on a opté pour un simple aviron de godille. Marin et jamais en panne ! A condition de prendre le coup de main… En tout cas, nous avons passé un excellent moment sur ce « Cormoran de promenade » marin, attachant et diablement élégant dans sa livrée noir et or.