Voile Magazine

BIHAN 650 Day-boat de caractère

- Texte F.-X. de Crécy. Photos : F. Van Malleghem.

AVEC UN NOM PAREIL,

c’était couru d’avance... et c’est confirmé : le petit dernier du chantier breton Marine Composite ne manque pas de caractère. Une forte personnali­té liée à sa silhouette très pure, à son pont parfaiteme­nt dégagé aux grandes surfaces planes et aux larges passavants garnis d’un simili-teck de qualité (Flexiteeck), mais aussi et surtout à son gréement houari. Houari militaire, précisons-le, comme l’indique clairement le pic proche de la verticale, c’est-à-dire un gréement très musclée dans les hauts qui lui donne un certain tempéramen­t sous voiles. Pour se faire obéir, le barreur devra donc jouer de l’écoute : pas moyen d’abattre avant d’avoir choqué cette imposante grand-voile dont le palan est frappé au beau milieu du vaste cockpit (une patte-d’oie frappée sur le tableau arrière est également possible). Pour autant, le Bihan est plutôt doux à la barre... à condition de ne pas être trahi par la mécanique. Sur l’unité essayée, la tête de safran (un modèle standard de chez Hobie Cat) avait une fâcheuse tendance à céder et à laisser le safran partir un peu en arrière... Sensations de barre désastreus­es à la clé. Simple problème de mise au point qui semble avoir été réglé depuis, mais il n’a pas facilité notre essai. Pour autant, les quelques bords tirés en baie de Quiberon nous ont permis de mesurer le potentiel de cette superbe carène signée Finot-Conq – la première unité était d’ailleurs destinée à Pascal Conq lui-même. Il nous a manqué quelques noeuds de vent pour planer sous spi, mais cette aptitude à sortir de ses lignes fait bel et bien partie du cahier des charges. D’où un devis de poids ambitieux, tenu grâce à la constructi­on soignée en infusion (sandwich verre-mousse PVC) et aux espars en carbone. Ces derniers facilitent le transport et la mise en oeuvre, d’autant que le gréement houari autorise un mât court. Attention donc à ne pas trop charger le Bihan, et à soigner l’assiette. Comme sur un dériveur de sport, la répartitio­n des équipiers est cruciale. Dans ces conditions légères, nous nous appliquons à rester bien collés au rouf. Ce dernier abrite deux couchettes et une pointe avant dans un espace certes réduit (1,25 m de hauteur sous barrots) mais suffisant pour passer une nuit ou deux en raid. Une éventualit­é d’autant plus crédible que la quille (bulbe en plomb, voile stratifié) remonte entièremen­t dans son puits pour permettre un échouage sûr et facile. On utilise pour cela la crémaillèr­e placée à l’avant du puits, un système relativeme­nt rustique, mais efficace. Il faudra juste veiller à le protéger de la corrosion. Côté pratique, outre la facilité de transport déjà mentionnée, on note un volume de rangement géant dans le fond du cockpit, accessible par un grand panneau. Bien vus également, la poutre arrière transforma­ble en croisillon pour soutenir la bôme à l’escale (très élégant), et surtout l’avaleur de spi qui s’ouvre juste derrière l’étai et fonctionne en toute fluidité. Il est forcément un peu encombrant à l’intérieur mais simplifie singulière­ment les manoeuvres et ne peut que vous encourager envoyer la bulle aussi souvent que possible. La simplicité de manoeuvre est aussi de mise au louvoyage, on vire sans toucher à rien grâce au foc autovireur. D’autant plus appréciabl­e. que ce foc est indispensa­ble pour espérer évoluer sous voiles... Sous grand-voile seule, le Bihan nous a semblé bien peu manoeuvran­t. Disons que cela fait partie de son caractère bien trempé ! N’empêche, Bernard d’Assignies et son équipe nous ont livré là un sacré bateau, rapide et très élégant sur l’eau. A l’escale comme en mer, ses lignes fluides n’ont pas fini de faire tourner les têtes...

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 ??  ?? Grâce à l’avaleur de spi, la bulle de 29 m2 est envoyée et affalée en un tournemain.
Grâce à l’avaleur de spi, la bulle de 29 m2 est envoyée et affalée en un tournemain.
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