CODE# Néo-vintage tout carbone
HYERES DEBUT JUIN.
Le soleil est bien au rendez-vous et… le mistral aussi ! Les risées balayent sans ménagement le plan d’eau – heureusement parfaitement protégé par la presqu’île de Giens – et font claquer les drisses des voiliers amarrés. Michel de Franssu, fondateur et responsable du chantier Black Pepper, reste décontracté. On verra bien dehors ! Le dernier des Code est une quasi réduction de ses grands frères. Comprenez qu’il conserve son rouf à angles vifs façon dog house, un plan de pont épuré, le tout sur une carène ultramoderne signée Marc Lombard. Bref, il en jette. Le Tofinou 8 M n’a qu’à bien se tenir. Un petit mot sur le vocable # : après le premier Code, le 0, lancé en 2016, le chantier s’est logiquement attelé à décliner la formule avec des modèles plus grands – le Code 1 et le Code 2. Mais un plus petit, ça, ce n’était pas prévu ! Comment trouver un chiffre inférieur à 0 ? Passer à une lettre n’avait que peu de sens puisque les Code, suivis d’un chiffre, correspondent à des gennakers coupés très plats. Le fameux #, symbole de Twitter et donc de la modernité, s’est imposé. Il correspond parfaitement à un public jeune – en tout cas plus jeune que la clientèle traditionnelle du chantier. Difficile à prononcer peut-être… mais concis et évocateur visuellement. Voilà pour le cours marketing. Le petit Nanni de 10 ch est démarré. Il s’agit de la motorisation de série mais le chantier propose également un moteur électrique et une version hors bord (thermique ou électrique). La quille pivotante – un point commun à tous les Code – est descendue en moins d’une minute grâce au moteur électrique attelé au vérin hydraulique. Il s’agit d’une option : en série, l’appendice est relevé à l’aide d’un vérin. Déventés par des bateaux bien plus gros que nous, nous n’avons pas de problème pour manoeuvrer. Nous voilà prêts à en découdre avec la brise. Sans complexes, nous commençons par établir la grand-voile haute. Le foc est déroulé dans la foulée et le # démarre une folle cavalcade. Nous tentons d’abattre le plus possible pour alléger la pression du vent sur les voiles mais l’écoute de grand-voile est trop courte pour être vraiment débordée dans les haubans ; la sanction, dès la première vague qui nous soulève la voûte, est immédiate : un bon départ au tas malgré les deux safrans profonds. 25 noeuds de vent établis, c’est un peu trop sans réduire. Le point positif, c’est que la gîte semble bloquée à 45° – sans doute la quille profonde en position basse et le confortable rapport de lest de 50% y sont-ils pour quelque chose. Michel se résout à prendre un ris, puis deux – le vent forcit encore. Ainsi toilé, le Code # est parfaitement équilibré, nous offrant des pointes à 12 noeuds – on atteindra les 15,6 le lendemain, lors de notre convoyage vers Port-Grimaud. Au près, le bateau parvient à remonter à 45° du vent et se cale à plus de 6 noeuds. Le mât carbone est soutenu par un gréement de type cathédrale – comme sur le First 30. Il ne bronche pas. La bôme, quant à elle, est en alu (carbone en option). On ne relève que 1,10 m au-dessus du fond du cockpit, ce qui est peu. Une excellente surprise : le Code # mouille très peu. Le cockpit, entièrement ouvert sur l’arrière, présente un seul niveau d’assises – 41 à 48 cm de large. De larges cale-pieds sécurisent la position au vent. Toutes les manoeuvres, sauf les écoutes, sont carénées sous le rouf. Elles reviennent sur une batterie de coinceurs et de bloqueurs cachés dans une double hiloire, juste en amont des winches. On tâtonne un peu les premiers milles, le temps de retenir l’emplacement des bouts, et ça fonctionne parfaitement ensuite. Les écoutes de solent profitent d’un réglage en 3D ; celle de grand-voile est à portée du barreur. Ambiance yachting oblige, le Code # est dépourvu de filières et de balcons. Mais le pont en teck bien dégagé autorise tout de même une circulation aisée – les passavants font au minimum 40 cm et le petit pavois de 11,5 cm d’épaisseur sécurise les déplacements. Un petit regret quant au coffre, dont l’ouverture de 50 par 50 cm limite les possibilités de stockage des plus gros équipements. A l’intérieur, il n’y a… rien, si ce n’est le puits de quille et la structure. On découvre que les hublots extérieurs, fidèles au design des Code plus grands, sont des faux ; le rouf n’est pas découpé dessous ! La hauteur sous barrots se limite à 1,22 m. C’est peu, mais tout de même assez pour passer un peu de temps à l’abri. C’est pourquoi Black Pepper propose un pack avec des équipets en toile, une couchette double à l’avant et deux banquettes pour le carré.