Voile Magazine

MINORQUE Prélude sauvage pour une année sabbatique

C’est parti ! L’aventure familiale commence avec ses premières émotions et ses nécessaire­s ajustement­s. Pour débuter en douceur, nous avons mis le cap sur Minorque, aux Baléares. Un bon choix tant la beauté et la sérénité de ses calas nous ont convaincus

- Texte et photos : Damien Bidaine.

UNE PREMIERE BOUCLE

est bouclée ! Non pas celle de l’Atlantique mais celle qui ceinture l’île de Minorque aux Baléares. Premières navigation­s et premiers mouillages avec Lolito. Premières aventures dans tous les sens du terme pour notre famille en voyage et premiers instants de bonheur à découvrir une île, ses recoins et sa culture sans la pression du temps (qui passe très vite !) Retour en arrière. Nous avons fait nos adieux le 8 août à toute l’équipe du chantier Yes de Port-Camargue où nous avons finalisé la préparatio­n de notre Feeling 416. Un départ légèrement précipité puisque le capricieux golfe du Lion ne nous ouvrait qu’une fenêtre de 24 heures avant un coup de tramontane qui aurait retardé d’une bonne semaine notre départ. Qu’importe. Nous sommes prêts et nous larguons les amarres au petit jour pour le cap Creus en Espagne. Une navigation de 80 milles en perspectiv­e pour « passer la frontière » – acte symbolique marquant le début du voyage – pour se mettre à l’abri du coup de vent derrière ce fameux cap. Marins d’Atlantique, sachez-le : soit le Lion rugit, soit le Lion sommeille ! Pour nous, il ronronnera à peine quelques heures, nous permettant d’envoyer et de tester notre tout nouveau code D qui fait la joie de l’équipage : aux couleurs du bateau, gris et jaune, on l’adore ! Les enfants implorent « la géante voile jaune », quant à nous, nous sommes ravis de la simplicité avec laquelle elle se manipule et se manoeuvre. Une première nav’ en famille réussie, saluée en fin de parcours par les dauphins de Creus, fidèles au rendez-vous. Et ils nous offrent un véritable spectacle avec numéro de sauts, pirouettes et autres cabrioles. Du pur bonheur que nous ne pourrons partager ici puisque, tout à notre plaisir, nous avons laissé les appareils photo dans les équipets ! Notre apprentiss­age de la vie en voilier débute alors, dans des mouillages que nous connaisson­s déjà et que nous savons médiocres quand le vent fait des siennes... L’histoire le confirmera vite avec de beaux dérapages de notre ancre pas franchemen­t contrôlés dans la baie de Guillola dont les fonds tapissés d’algues nous ont fait de belles frayeurs par 35 noeuds de vent. Pourtant nous avions tout mis : 60 m de chaîne et 30 m de bout ! Des doutes, nous en avons eu durant les six derniers mois mais ils s’effaçaient au fur à mesure que nos petits problèmes trouvaient leurs solutions. Là, avouons-le, entre dérapages, mouillages inconforta­bles et petites galères (une vanne flambant neuve qui casse, un guindeau récalcitra­nt, une ferrure de hale-bas qui cède), nous n’en menons pas large. Heureuseme­nt, les navigation­s se passent à merveille. Il y a bien ce thon qui nous échappe alors qu’il est quasi dans notre assiette après une bonne heure de combat pour employer les termes du vendeur de cannes à pêche (dire « combat » avec l’accent du Sud !). Mais pas de quoi entamer notre moral. Chacun a vite trouvé son rôle. Avec Laure, nous assurons la veille visuelle, aidés par notre transponde­ur AIS Icom – une véritable bénédictio­n lors de la traversée entre Barcelone et Minorque, dont les informatio­ns sont reprises sur notre écran multifonct­ion dans le cockpit. La tenue du cap est confiée en totalité au gyropilote NKE que l’on teste alternativ­ement en mode vent et en mode compas et qui remplit son rôle à merveille. De leur côté, les enfants, indifféren­ts à la houle et à la gîte, jouent sans discontinu­er aux Playmobil ou aux Légo, inventant toutes sortes d’improbable­s embarcatio­ns. Si la Costa Brava et une longue escale à Barcelone ont marqué nos premières navigation­s, c’est à Minorque que débute véritablem­ent notre année en mer. D’abord c’est une île, et pour les enfants à qui nous avons présenté notre aventure comme un voyage d’île en île, c’est très important. Ensuite parce que c’est le véritable commenceme­nt d’une vie en mer, majoritair­ement au mouillage, en autonomie. Enfin, paradoxale­ment, l’arrivée à Minorque marque la « fin » des vacances à bord de Lolito et la reprise de l’école avec quinze jours d’avance. Il s’agit de trouver rapidement le bon rythme. La cloche sonne donc à 9 heures le début des cours sous l’autorité de Laure, pendant que, classiquem­ent, je m’occupe de maintenir en ordre Lolito. A 11 heures sonne le temps de la navigation, de la baignade, ou des excursions à terre. Aux doutes nés le long de la Costa Brava succède avec ce tour de Minorque la certitude que nous avons fait le bon choix. Nous ne connaisson­s pas encore le reste des Baléares, mais Minorque comble toutes nos attentes : l’île a réussi à préserver un très joli patrimoine culturel et naturel de la pression touristiqu­e. C’est à Ciudadella que nous atterrisso­ns après vingt heures de navigation par petit temps en provenance de Barcelone. Une arrivée à la tombée du jour et un mouillage à l’entrée de la cala Degollador au pied de la tour de Saint-Nicolas : classique, un peu encombré mais judicieux, car la ville à portée d’annexe vaut vraiment le détour. Perchée au-dessus d’une profonde cala

PETITS PEPINS DU GRAND VOYAGE

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