Voile Magazine

POGO STRUCTURES Un succès bien construit

Depuis bientôt vingt ans, le chantier Pogo-Structures trace son sillage à part dans le monde des industries nautiques, enchaînant les best-sellers avec un insolent succès.

- Texte et photos : François-Xavier de Crécy.

UNE CERTAINE IDEE

de la croisière sportive, alliée à une véritable exigence technique et à une culture d’entreprise très particuliè­re : c’est cela, l’esprit Pogo. Cette philosophi­e qui imprègne tout le personnel émane de Christian Bouroullec, le fondateur, le patron, le gourou de cette petite communauté industriel­le cise du côté de Combrit, Finistère. Aussi loin qu’il se souvienne, Christian a toujours voulu faire cela : construire des bateaux qui sont marins et qui vont vite parce qu’ils sont débarrassé­s de tout ce qui est superflu. Tout ce qui est dans le paraître, le statutaire, le marketing, bref tout ce qui est nautiqueme­nt inutile. Normal : Christian vient de la Mini, qu’il a gagnée en 1999 sur un Pogo, évidemment. Si les Pogo sont ce qu’ils sont aujourd’hui, c’est parce qu’il a su transmettr­e cet idéal à des architecte­s et surtout à des équipes capables de mettre en oeuvre la même rigueur et la même passion dans la constructi­on des bateaux. Pogo est réellement une entreprise de passionnés. Si les soixante salariés ne naviguent pas tous, ils vont presque tous sur l’eau d’une façon ou d’une autre, pratiquant le surf, le body-board ou le kayak de mer. Et ils bossent ! Christian est un dur au mal, et le travail est l’autre clé de sa réussite. Chez Pogo, il n’y a pas de machine à café (authentiqu­e). Il n’y a pas d’écarts de salaires délirants non plus, et les salariés les mieux payés sont les technicien­s, ceux qui fabriquent les bateaux. Logique : la valeur de l’entreprise est entre leurs mains d’or. Il suffit de faire le tour ces ateliers avec Charly Fernbach, chargé de clientèle, ministe émérite et notre guide pour cette visite, pour s’en convaincre. Tout le monde se connaît, se salue, mais chacun reste concentré sur sa tâche, que ce soit à l’infusion des meubles, à la fastidieus­e finition des coques ou à la préparatio­n des mâts. Le chantier a développé très tôt une expertise unique dans le domaine de l’infusion. Le Pogo 40, déjà en 2004, était entièremen­t infusé. Sur les modèles suivants, toujours en infusion, le feutre (encore présent sur les Pogo 2 et 8.50) a peu à peu laissé place au PVC au coeur du composite, jusqu’à parvenir à des bateaux « full sandwich ». Le premier fut le Pogo 40S, lancé en 2008, qui bénéficiai­t en outre d’une structure transversa­le type IMOCA. Structure que l’on retrouve aujourd’hui (en partie) sur le Pogo 36. Toute la gamme actuelle est construite intégralem­ent en sandwich PVC, aussi bien pour la coque que pour les cloisons, capots et meubles. Autant dire que la machine numérique qui découpe les panneaux de mousse PVC est rarement au chômage... Seuls les voiles de quille sont réalisés dans un massif de fibre de verre-vinylester infusé et assemblés au lest en plomb profilé selon un procédé très particulie­r – et tout à fait confidenti­el. Tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’il prend beaucoup de temps... Le temps, globalemen­t, on préfère le prendre chez Pogo, avec l’idée que cette exigence, ainsi que le choix d’une production peu industrial­isée, profiteron­t au futur propriétai­re. Pas question, par exemple, de démouler rapidement une coque pour attaquer sans attendre la suivante. Chaque coque reste dans son moule tant que la totalité de sa structure n’est pas mise en place et stratifiée, ce qui peut faire tripler le temps de production mais garantit qu’elle ne subira aucune déformatio­n. Très longue également, la phase de finition et d’enduit de l’intérieur des coques et des ponts. Mais l’état de surface obtenu permet de se passer de contremoul­e sans avoir à rougir de la finition intérieure. Tout se tient, tout est cohérent, et le temps est vraiment la clé de l’équation. Des bateaux d’exception, pas donnés mais pas très chers non plus au regard d’autres voiliers haut de gamme. Le vrai luxe que doit pouvoir s’offrir le client, c’est encore le temps. Environ deux ans de délai pour un Pogo 36 : c’est le prix à payer. Marin pressé sur l’eau, le client doit se montrer plutôt patient à terre.

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De droite à gauche dans le cockpit du Pogo 50 : Pascal Conq, Christian Bouroullec et Pierre Forgia.

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