Voile Magazine

UN LONG CHANTIER DE REMISE EN ETAT

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L’expert est venu de Martinique. Envoyé par notre assurance, prévenue par mail le jour même de l’incident, Jacques Scharwatt a effectué un diagnostic très précis : hissé en tête de mât, il a également tenu à plonger pour inspecter l’hélice et la quille. Puis il a établi un premier rapport et n’a pas formulé d’objections pour que le bateau soit réparé à la Grenade. Sur place, nous avons contacté le chantier Grenada Marine, dont le départemen­t électricit­é/électroniq­ue est dirigé par un Français, Hervé Pugin. Ce dernier est arrivé aux mêmes conclusion­s que l’expert : il était nécessaire de renvoyer tous les instrument­s (écrans, sondes, capteur de vent, etc.) à leur fabricant pour échange standard (ou « refurbishi­ng », autrement dit remise à neuf), de remplacer alternateu­r, chargeur, VHF, Iridium, radar, récepteur radio, antennes VHF, GPS, AIS, Navtex…, unité centrale du pilote, boîtiers électroniq­ues du moteur et du frigo. Mais surtout, de changer sans état d’âme tous les câblages reliant les capteurs, les écrans et les instrument­s, bus NMEA compris. Le bateau a été tiré à terre début septembre. Revenu à bord début novembre, je pensais que les travaux seraient terminés… J’étais naïf. Le bateau n’a touché l’eau que le 21 décembre… La raison ? Non pas la mauvaise organisati­on du chantier, qui s’est au contraire révélé parfaiteme­nt efficace et profession­nel. Mais l’incroyable légèreté du service après-vente du fabricant des matériels électroniq­ues. Puisqu’il faut bien le citer, il s’agit de l’Américain Garmin, dont j’avais apprécié jusque-là la qualité des produits. Quand le chantier a contacté le SAV de cette compagnie qui n’est pas tout à fait une PME – elle revendique le titre de N°1 mondial du GPS – la personne contactée a commencé par le renvoyer vers l’Europe, au prétexte que le bateau équipé naviguait sous pavillon français… Logiquemen­t, les Français ont répondu que le bateau se trouvant aux Caraïbes, en zone américaine, l’interlocut­eur était bien le SAV américain. Le chantier a donc renvoyé tout le matériel à Garmin USA, avec une liste détaillée des divers instrument­s, capteurs, relais, etc. Alors a commencé un feuilleton ubuesque : matériels déclarés renvoyés mais jamais arrivés à la Grenade, produits purement et simplement égarés, appareils et pièces livrés avec des retards ahurissant­s, il fallait des nerfs d’acier et l’éternité devant soi pour traiter avec ce SAV. Finalement, sans l’interventi­on de Garmin France qui a pris sur lui de livrer en express un ensemble girouette anémomètre (différent du modèle d’origine), et sans la décision de remplacer un des écrans, apparemmen­t égaré dans la stratosphè­re, par un modèle de son concurrent Raymarine, le bateau n’aurait pas retrouvé sa condition d’origine. A noter que l’expert a suivi ce dossier cauchemard­esque avec une attention constante, qu’il a remis un rapport impeccable et que la prise en charge de l’assurance (Generali) a été, sinon rapide, en tout cas satisfaisa­nte.

A l’issue des quatre mois de chantier, toute l’électroniq­ue de la table à cartes a été changée, plus l’alternateu­r, le chargeur de quai, le radar, le Navtex, l’AIS, l’Iridium...

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