FOIL D’HUGO BOSS : UN COUSIN DU DSS ?
Alors que cet entretien avec Guillaume Verdier était en préparation, nous avons été contactés par Gordon Kay, l’un des promoteurs du DSS. Le DSS, pour Dynamic Stability System, est un foil horizontal développé par l’ingénieur britannique Hugh Welbourn. Dans sa version conventionnelle, il circule dans un seul puits, de telle sorte que le même appendice peut être envoyé sur chaque bord. Nous l’avions testé sur le Quant 28 (voir VM n°190), il équipe également de fougueux day-boats de vitesse comme l’Infiniti 36, mais aussi des maxis ( Wild Oats), bateaux de grande croisière auxquels il apporte, semble-t-il, un confort et une stabilité inédits. Gordon Kay nous a donc rapporté qu’Alex Thomson l’avait sollicité dès 2013 pour étudier la faisabilité d’un IMOCA à DSS. L’étude complète produite par Hugh Welbourn et son équipe, qui nous a été transmise, préfigurait effectivement un 60 pieds doté d’un DSS assez puissant pour réduire sensiblement la largeur au pont. Du coup, le projet de Hugh Welbourn pouvait n’avoir qu’une seule dérive et un seul safran, ce qui permettait de rester dans la limite des cinq appendices – en comptant la quille – imposée par la jauge… Et de réduire la traînée. Alex Thomson a continué par la suite d’échanger avec DSS et loué un Infiniti 36 pendant plusieurs mois pour naviguer et recueillir un maximum de données sur le comportement de ce type de foil. Il a même invité des membres du cabinet VPLP et Guillaume Verdier, à venir naviguer sur un autre racer à DSS, le Quant 30. Pour toutes ces raisons, l’équipe du DSS pensait conclure un accord avec VPLP-Verdier pour la conception du nouvel Hugo Boss, mais Alex a finalement signé avec le seul cabinet français. Une procédure est en cours autour de la paternité de ces fameux foils, et nous n’avons pas d’avis sur l’aspect juridique des choses. On peut tout au plus constater que si VPLP-Verdier a développé son propre foil pour Hugo Boss, il diffère clairement de ceux de Banque Populaire, Gitana et Saint-Michel-Virbac. Que le cahier des charges imposé aux Français par Alex Thomson ne peut pas être totalement étranger au travail qu’il a mené avec l’équipe du DSS. Et qu’au final, si on en juge par le potentiel de vitesse du bateau noir, cette sorte de collaboration forcée aura peut-être été singulièrement féconde… L’avenir le dira. F.-X. de Crécy