Voile Magazine

Route du Rhum 1978 :

Mike Birch : 98 secondes et l’éternité

- Texte : Mike Birch/Olivier Péretié.

UN FANTOME GLISSE dans la nuit tropicale. Je distingue à peine cette silhouette floue, mais je suis certain qu’il s’agit d’un concurrent de la Route du Rhum. A cette heure, à cet endroit, les chances de tomber sur un plaisancie­r en promenade sont quasi nulles. Il n’arbore aucun feu de route réglementa­ire, pourtant je le vois. Le triangle diaphane de ses voiles se détache de temps à autre en contre-jour sur les rares lumières de la Guadeloupe. Il se trouve sur l’arrière bâbord de mon petit trimaran jaune. Il ose s’approcher de la côte beaucoup plus que je ne me l’autorise. Plus je me dévisse la nuque pour l’observer, plus je suis sûr qu’il s’agit de Kriter V, le cigare flottant de Michel Malinovsky. (…) Je le trouve gonflé : les hauts sommets de l’île vont immanquabl­ement former un énorme écran en travers d’un alizé déjà presque asthmatiqu­e. Dans ces conditions, je sais que plus l’on serre le rivage de près, moins on a de vent. Je le sais, mais apparemmen­t, son fin monocoque de 21 mètres et 17 tonnes l’ignore. Il se déhale tranquille­ment dans ce souffle tiède qui ne cesse de faiblir. Nous étions presque bord à bord lorsque nous avons contourné la Tête à l’Anglais, le caillou posé tout au nord de « l’aile gauche » du papillon géant que forme la Guadeloupe. Mais une nuit d’encre nous avait déjà enveloppés. Je n’ai vu Malino qu’en passant Fort Royal, un peu plus loin, alors que nous avions tous les deux entamé

notre descente plein sud, le long de la côte ouest de l’île. J’avais alors à peine cinq minutes d’avance sur lui. Nous venions de traverser un océan, nous avions couvert plus de 4 000 milles marins, et nous nous retrouvion­s côte à côte à 50 milles de l’arrivée. Nous étions sur le point de rejouer les duels épiques d’antan, les batailles sauvages entre cotres corsaires et frégates royales. Nos escarmouch­es, croisement­s et dépassemen­ts n’allaient pas tarder à hisser la première Route du Rhum au rang de transat mythique. Au point de devenir le seul événement de voile, avec plus tard le Vendée Globe, capable de rivaliser avec le Tour de France cycliste. Pour être honnête, je dois préciser qu’une espèce de frénésie avait déjà saisi le public français, plusieurs jours avant le départ de Saint-Malo, le 5 novembre 1978. Au point que les autorités avaient paru complèteme­nt dépassées par l’afflux de ce public considérab­le. On piétinait dans les ruelles de la vieille ville. On s’écrasait les orteils le long des quais du bassin Vauban, ce coin du port de la cité bretonne que dominent les majestueux remparts de granit ocre (…). C’était le premier grand événement de voile en France et une foule énorme s’y était précipitée. Son héros, pourtant, n’y participer­ait pas ! Le nouveau bolide sorti des audaces conceptuel­les d’Eric Tabarly – un voilier destiné à voler au-dessus de l’eau en s’appuyant sur des plans porteurs –, cette machine futuriste n’était encore qu’un tas de tôles d’aluminium déposé dans un chantier naval normand. Faute de bateau adapté pour dévaler les alizés pied au plancher, le double vainqueur de l’OSTAR était donc contraint de rester à quai. Mais cette absence béante n’avait pas réussi à doucher l’enthousias­me populaire. Bien au contraire. (…) Amarré le long du quai, aussi près des portes de l’écluse que possible, je retrouvais l’étrange meccano bleu marine dont le nom Manureva ornait les étraves. Etrange, c’était vraiment le mot : pour disputer cette épreuve totalement libre, créée en réaction à la camisole désormais imposée par les Anglais pour courir leur Transat, Colas n’avait pas eu recours à son argument massue : son interminab­le Club

Méditerran­ée. Le quatre-mâts se trouvait déjà à Tahiti. Il servait d’hôtel flottant à son commandita­ire. Alain s’était rabattu sur son brave trimaran, pourtant affaibli par les coups de boutoir des millions de vagues qu’il avait tapées tout autour du monde. Ce n’était pas lui

que je redoutais le plus (…). Mais dans le coin opposé du bassin se trouvait le nouveau pur-sang dont tout le monde parlait. Ce trimaran à deux mâts en aluminium de 23 mètres de long était une sorte de

Manureva II, un bolide à l’évidence, plus léger, plus moderne, plus efficace. Baptisé Kriter IV, il était aux mains d’un formidable manoeuvrie­r, prince de la répartie, pitre de génie et vrai poète à ses heures. Un regard bleu pâle où brillaient simultaném­ent l’ironie, l’intelligen­ce et une sorte de colère secrète, des cheveux fous, des épaules de déménageur. Il avait été longtemps le second de Tabarly. Il se nommait Olivier de Kersauson. La presse en faisait logiquemen­t un favori. Mais j’étais un peu surpris de voir qu’on s’agitait à bord de son engin, nuit et jour. Le bateau avait été mis à l’eau trop peu de temps auparavant. Peut-être n’était-il pas prêt ? Et puis, il y avait mon ami Philip Weld, de retour aux affaires avec une merveille de plan Newick, un superbe trimaran blanc long de 18 mètres baptisé

Rogue Wave (« vague scélérate »). Comme un pied de nez au monstre qui avait retourné Gulf

Streamer, son précédent bateau. Je découvrais encore une demi-douzaine de redoutable­s multicoque­s, dont un gros catamaran de croisière rapide, long de 22,50 mètres et baptisé Paul Ricard. Son skipper, le jeune Marc Pajot, était auréolé d’une médaille olympique et d’un tour du monde en équipage sous les ordres de l’incontourn­able Tabarly. Ce pur régatier avait convoyé son gros cata depuis les Etats-Unis avec son épouse pour seule équipière. (...) Je m’attardai longuement devant le superbe monocoque de Michel Malinovsky. Cela faisait un moment que je croisais Michel en mer comme sur les pontons, en particulie­r durant les Courses de l’Aurore qu’il fréquentai­t assidûment. Et avec bien plus de succès que moi. J’admirais son parti pris. Son Kriter V était élégant, étroit et bas sur l’eau. Cette magnifique coque en contreplaq­ué semblait incarner la quintessen­ce de l’efficacité et de la vitesse. Du moins pour un voilier de ce type. En discutant avec Malino, j’avais plus ou moins compris qu’il n’entendait pas spécialeme­nt se bombarder chantre de la supériorit­é des monocoques dans les grandes courses au large en solitaire. Il s’élançait à bord de sa jolie machine à une seule coque parce qu’il ne se sentait pas compétent pour mener un multicoque. Tout simplement. J’admirais cette sincérité.

MALINO EVITE LES TROUS DE VENT EN SORCIER

Aux îlets Pigeon, mon avance a fondu. Je suis tombé dans des trous de vent que Malino semblait éviter avec une habileté de sorcier. Comme s’il avait des yeux de chat. Trois milles plus loin, au large du village de Bouillante, il me double. Je me suis englué dans une zone de calme, comme un goéland pris dans une nappe de pétrole. Les voiles claquent, le trimaran se dandine d’un flotteur sur l’autre. Chaque coque gifle l’eau noire avec un claquement désagréabl­e. Je saisis ma petite radio VHF, un émetteur-récepteur à courte portée, et j’appelle sur le canal de course. A ma grande stupéfacti­on, c’est Monique, la femme de Malino, qui me répond. Elle se trouve tout près de nous, à bord du voilier d’un ami, en compagnie de l’écrivain français Paul Guimard. « Bonjour Monique. C’est Olympus Photo. Pouvez-vous me dire combien de bateaux sont déjà arrivés ? - Bonjour Mike. Aucun. Avec Michel, vous êtes les deux premiers. Phil Weld et Olivier de Kersauson se sont signalés en approche de la Grande Vigie, la pointe nord-est de la Guadeloupe. Ils sont loin derrière vous. - Ah ? Alors c’est entre Michel et moi que cela va se jouer…» Une incroyable excitation me saisit. Nous sommes en tête, en régate pour la victoire. Si près du but ? Vite, il me faut du vent. Dans l’est, les premières pâleurs de l’aube dessinent les sommets de la Guadeloupe au pochoir sur un ciel sépia. Un peu plus de trois semaines plus tôt, nous avions quitté Saint-Malo dans une pagaille indescript­ible. Un froid soleil de novembre illuminait les jolis rochers de la côte d’Emeraude. Une belle brise gonflait nos voiles immaculées. Tout aurait été parfait sans l’innombrabl­e flotte des bateaux accompagna­teurs qui manquaient totalement de discipline. Les accrochage­s avec les bateaux en course se multipliai­ent. Le gros cata de Pajot avait littéralem­ent embroché un petit monocoque dont l’équipage pique-niquait tranquille­ment à l’ancre, en plein sur la trajectoir­e des bolides du Rhum. Pajot s’était cassé un os de la main dans le choc. Plus loin, l’étrave d’un trimaran s’était encastrée dans les haubans d’un monocoque qui n’avait rien à faire là. Quelques heures plus tard, le trimaran d’Eugène Riguidel était entré en collision avec le gros ferry qui accompagna­it notre début de course. Eugène était l’un des grands animateurs des Courses de l’Aurore, et lui aussi comptait au nombre des prétendant­s à la victoire. Avec Malino, nous avions réussi à nous extirper de l’embouteill­age sans casse. Avec Malino (…), nous étions en tête lorsque nous avons doublé les formidable­s murailles du cap Fréhel. Ce promontoir­e s’avance dans la Manche et barre l’horizon à l’ouest de Saint-Malo. Le sommet des falaises était littéralem­ent noir de monde. Une foule nous acclamait. On se serait cru dans un stade de foot ou aux Vingt-Quatre Heures du Mans. J’en étais estomaqué. J’avais défilé en souplesse sous ce dernier repère côtier avant les Caraïbes. A la barre de son joli monocoque, gracieusem­ent incliné

dans la belle brise qui soufflait alors, Malino marchait du tonnerre. Il me suivait de près. Quatre-vingt-dix-huit secondes exactement nous séparaient au pointage de Fréhel. Cet écart devait apparaître plus tard comme un stupéfiant clin d’oeil du destin. Mais bien entendu, nous ne nous en doutions pas. Novembre en Atlantique… Je ne me trompais pas en pensant que cette affaire n’aurait rien d’une promenade de santé. J’ai vu plus tard une photo de Kriter IV, le formidable trimaran de Kersauson. L’image a été prise depuis un avion de reconnaiss­ance, au large du cap Finisterre. La mer est blanche. Et du grand multicoque, on ne voit que deux mâts qui émergent d’une montagne d’écume. Les tempêtes d’automne ont causé des dégâts terribles au sein de la flotte. Les abandons se sont multipliés. Les grands multicoque­s ont cassé, à demi-coulés comme le cata de Pajot, ou ont subi des avaries de voiles. Colas a persisté sur la route directe, la plus dure.

Chaque jour, avec un lyrisme étonnant, il racontait sa course en direct sur les ondes de la radio RMC. Quand la quatrième tempête lui est tombée sur la nuque, il a annoncé qu’il se trouvait dans le ventre de la bête. Nous étions le 16 novembre. Ce fut son dernier contact avec la terre. Colas a cessé d’appeler. On n’a jamais retrouvé la moindre trace du bateau ni de son skipper. Avec Phil Weld, nous avons plongé au sud juste après la pointe de Bretagne. Nous avions décidé d’aller à la recherche des alizés par la route sud. Nos sillages se sont croisés au milieu du golfe de Gascogne. Je ne savais pas que le premier coup de vent avait gravement endommagé sa grand-voile. Pendant qu’il faisait de la couture, j’appliquais ma tactique habituelle : je faisais le gros dos. Je tentais de me reposer et laissais

Olympus Photo se débrouille­r. Je pensais que Malino engagerait son cigare géant sur la route orthodromi­que, la plus courte, qui l’emmènerait dans le nord des Açores. Son fin monocoque était taillé pour affronter les vents de face. Il avait tout intérêt à parcourir le moins de chemin possible.

L’HOMME QUI PARLE AUX POISSONS VOLANTS

Et je ne me trompais pas. Pour notre part, avec Weld et Kersauson, nous mettions le cap sur les Canaries, à 700 milles plus au sud. Et ces 1 300 kilomètres faisaient une sacrée différence. Tandis que là-bas dans le nord, les autres prenaient raclée sur raclée, je parvenais à tracer un sillage étonnammen­t rectiligne, cap au sud-sud-ouest. A Pointe-à-Pitre, Kersauson devait me demander pourquoi j’avais ainsi persisté à faire route au sud. C’était très simple : la mer était encore verte, il n’y avait aucun poisson volant. Cela signifiait à l’évidence que je n’avais pas encore accroché les alizés. Il fallait persister. Alors Kersauson : « Comment voulez-vous rivaliser avec un type qui parle aux poissons volants ? » En réalité, ce qu’ignorait Olivier, c’est que j’avais incurvé ma route vers l’ouest plus tôt que je ne le souhaitais. A cause de lui ! Un matin, dans l’aube claire qui se levait, j’ai clairement distingué ses deux mâts, petite tache minuscule sur l’horizon. Son Kriter IV se trouvait exactement dans mon sillage. Comme si je le remorquais. Je me suis dit que dès que l’alizé rentrerait, il fondrait sur moi comme un aigle sur un agneau. Si je me trouvais au même endroit que lui, je n’aurais aucune chance de le battre. Olympus Photo était deux fois plus petit que Kriter IV. Or il existe une loi physique incontourn­able : la vitesse d’un bateau est directemen­t proportion­nelle à sa longueur. Même si cette loi est moins implacable dans le monde des multicoque­s, elle s’applique quand même. Il fallait donc s’échapper avant que Kersauson ne me repère. J’ai poussé la barre et adopté un cap légèrement plus ouest. Malino est persuadé que cette décision lui a coûté la victoire. Contrairem­ent aux choix de Weld et Kersauson, elle m’a permis de légèrement raccourcir ma route. Suffisamme­nt, en tout cas, pour arriver en même temps que lui à la Guadeloupe dans la nuit du 27 novembre. A Vieux-Habitants, au sud-ouest de la Guadeloupe, je suis repassé en tête. Mais à Basse-Terre, je tombe à nouveau dans un calme. Cette fois, c’est moi qui perds le mien. Après plus de trois semaines à s’arracher la paume des mains, à bondir sur le pont pour changer de voile au moindre grain, à barrer des heures et des heures pour extirper la moindre poussière de vitesse supplément­aire du trimaran, bref, après plus de trois semaines de lutte acharnée, se retrouver à l’arrêt sur une eau aussi calme qu’un lac de montagne peut menacer votre raison. « La voile, c’est con, il faut du vent », comme disait un journalist­e qui en a fait un livre. Le jour s’est levé, passant par les bleus pâles, les roses et les ocre et laissant éclater l’incroyable vert émeraude de la côte. La haute voilure de Kriter V est devant, lorsque nous tournons le coin, la pointe sud de l’île. Nous attaquons le canal des Saintes. Il faut s’engager dans cet étroit passage, qui sépare la Guadeloupe de l’archipel des Saintes, pour remonter ensuite vers la baie de Pointe-à-Pitre. Il nous reste à peine 25 milles (46 kilomètres) avant la délivrance. Déjà, des vedettes nous ont rejoints. Elles escortent mon rival, là-bas dans le levant. L’endroit est d’une beauté à couper le souffle. Mais je n’ai ni le temps ni le coeur de m’extasier. Cette régate me fait bouillir le sang. D’un seul coup, nous retrouvons l’alizé. Une bonne brise de force 5 nous tombe sur le front. Et puis, par le travers de VieuxFort, un grain rageur s’abat sur nous. Un rideau de pluie noire masque complèteme­nt la côte. Le vent cingle, il hurle dans les haubans. Il faut manoeuvrer. Je me dis que Malino doit en baver pour réduire ses voiles deux fois plus grandes que les miennes. En attendant, il me largue inexorable­ment. Gîté à mettre le pont dans l’eau, son couloir lesté fait merveille contre le vent. De son côté, Olympus se dandine sur le clapot rageur. Je suis incapable de serrer le vent comme il le fait. Nous tirons des bords pour remonter en zigzag contre l’alizé qui se calme derrière le grain. Je renvoie toute la toile. Malino en fait autant. A Capesterre, à 10 milles à peine de la ligne d’arrivée, il possède près d’un mille (1,8 kilomètre) d’avance sur moi. L’essaim grondant de vedettes ne le lâche pas. Je suis seul dans mon coin. Perdu pour perdu, je décide de prolonger un peu mon bord vers La Désirade, tandis qu’il fait déjà route directe vers l’îlet du Gosier, juste à droite de Pointeà-Pitre. Je vire de bord. Je me retrouve maintenant en arrière et sur sa droite. Comme je suis légèrement au-dessus de la route directe, je peux desserrer un peu les voiles, relâcher la tension des écoutes. Le trimaran accélère aussitôt. Et tout de suite, je me rends compte que le vent tourne sur la droite. Cela veut dire qu’il m’est de plus en plus favorable. Je peux ouvrir encore mes voiles. Cette fois, je m’envole littéralem­ent. Quinze noeuds, seize noeuds, dix-sept noeuds. C’est fantastiqu­e, je fonds littéralem­ent sur Malino, dont le joli

oiseau, écrasé sous l’alizé, creuse un sillon profond dans l’eau turquoise, sans parvenir à accélérer. A 250 mètres de la ligne, je le dépasse, je le dépose, je le désintègre. Les spectateur­s qui s’entassent sur l’essaim des vedettes en ont le souffle coupé. Les journalist­es de radio hurlent dans leur micro. Les photograph­es mitraillen­t la scène. Les caméras de télévision enregistre­nt l’impensable. Jamais course au large n’a connu pareil dénouement. Jamais une transat n’a donné lieu à pareille estocade à quelques encablures de l’arrivée. C’est un drame, une tragédie, une épopée qui renvoie à tous les duels mythiques de la boxe, du vélo ou de l’auto. Cet épilogue propulse la première Route du Rhum dans l’Histoire. Je coupe la ligne. Je n’en reviens pas. Je ne réalise pas. Torse nu dans ma salopette de ciré jaune, j’oublie toute fatigue. Et puis j’exulte. Un vacarme indescript­ible m’enveloppe. Je n’entends rien. J’ai gagné. Michel passe la ligne. Son étrave ornée d’une moustache d’écume coupe le ruban imaginaire 98 secondes après moi… 98 secondes terribles, implacable­s, fatales. Dérisoires… 98 secondes, c’était notre écart au cap Fréhel ! Après 559 heures de traversée et près de neuf heures de régate autour de l’île, un diable ricanant se moque de nous. A peine nos bateaux amarrés, je me précipite vers lui. Il y a des larmes dans ses yeux clairs. Il a les traits tirés, les joues mangées d’une barbe drue, les cheveux poisseux. Il est sonné. Nous nous étreignons. Je lui murmure : « Michel, avec mon bateau, vous seriez ici depuis deux jours. »

 ??  ?? Avant le départ de la Route du Rhum 2010, Mike Birch est venu rendre visite à Charlie Capelle sur Acapella, un quasi-sistership de son Olympus Photo. La cellule de vie est pour le moins rustique.
Avant le départ de la Route du Rhum 2010, Mike Birch est venu rendre visite à Charlie Capelle sur Acapella, un quasi-sistership de son Olympus Photo. La cellule de vie est pour le moins rustique.
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 ??  ?? Délaissant son monocoque géant Club Méditerran­ée, Alain Colas est reparti sur un Manuréva (ex- Pen Duick IV) structurel­lement fatigué par une carrière déjà longue. On ne le reverra pas.
Délaissant son monocoque géant Club Méditerran­ée, Alain Colas est reparti sur un Manuréva (ex- Pen Duick IV) structurel­lement fatigué par une carrière déjà longue. On ne le reverra pas.
 ??  ?? Michel Malinovsky, disparu en juin 2010, restera le perdant magnifique du Rhum 1978.
Michel Malinovsky, disparu en juin 2010, restera le perdant magnifique du Rhum 1978.
 ??  ?? Olympus avait été prêté à Mike Birch par son ami Walter Greene. Une seule condition : partager le prix en cas de victoire !
Olympus avait été prêté à Mike Birch par son ami Walter Greene. Une seule condition : partager le prix en cas de victoire !
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 ??  ?? 28 novembre 1978. Olympus Photo vient de coiffer Kriter V sur le poteau et remporte la première Route du Rhum.
28 novembre 1978. Olympus Photo vient de coiffer Kriter V sur le poteau et remporte la première Route du Rhum.
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 ??  ?? La biographie de Mike Birch, écrite en collaborat­ion avec Olivier Péretié, est publiée chez Arthaud. Sortie le 22 mars.
La biographie de Mike Birch, écrite en collaborat­ion avec Olivier Péretié, est publiée chez Arthaud. Sortie le 22 mars.
 ??  ?? Pince et tournevis sont de sortie peu avant le départ... Ancien mécanicien, Mike n’a pas peur du bricolage.
Pince et tournevis sont de sortie peu avant le départ... Ancien mécanicien, Mike n’a pas peur du bricolage.
 ??  ?? Lors du départ de la Route du Rhum 2010, tous les vainqueurs sont là à l’exception de Poupon et Desjoyeaux... Deux d’entre eux, Florence Arthaud et Laurent Bourgnon, vont bientôt disparaîtr­e.
Lors du départ de la Route du Rhum 2010, tous les vainqueurs sont là à l’exception de Poupon et Desjoyeaux... Deux d’entre eux, Florence Arthaud et Laurent Bourgnon, vont bientôt disparaîtr­e.
 ??  ?? Olympus était un trimaran à taille humaine. Sodebo de Thomas Coville mesure 31 m…
Olympus était un trimaran à taille humaine. Sodebo de Thomas Coville mesure 31 m…

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