Voile Magazine

Bateau-stop, ma guitare pour l’Atlantique

Pour partir pas forcément loin mais assurément à petit prix, le bateau-stop est une solution. Mais elle n’est pas sans risques. Anne nous livre avec humour son expérience.

- Texte : Anne de Saint Périer. Photos : DR.

JE NE CONNAISSAI­S RIEN

ou presque à la « croisière » en voilier quand j’ai embarqué sur le premier bateau de mon voyage, un Jurançon de 9 mètres appelé

Gédéon. Mais le pire, c’est que j’ignorais que j’étais ignorante. Comme j’avais déjà fait de la planche à voile, je pensais que je n’aurais aucune difficulté à naviguer sur un voilier et j’étais loin d’imaginer avoir le mal de mer, puisque c’est quasi impossible en voile légère. Et c’est ce que j’ai assuré au capitaine qui m’embarquait à La Rochelle pour m’emmener à Madère. Il était bien content de partir avec une petite jeune qui sait naviguer. J’ai compris dès le largage des amarres que je m’étais peut-être un peu avancée sur mon expérience des bateaux. Si tu sais pas ce que c’est qu’une pointe, t’as du mal à être efficace quand on te demande de la reprendre (du coup elle manque de passer dans l’hélice, joie de ton capitaine qui se demande si t’es pas sourde en fait, tout simplement). Et quand on te dit de border une voile mais que t’as le choix entre quatre écoutes, bah tu tires sur les quatre et tu vois ce que ça fait : le capitaine apprécie beaucoup. C’est là qu’intervient mon premier conseil : le fait de ne pas savoir naviguer n’a jamais été un frein à l’embarqueme­nt. Mais si vous prétendez en savoir plus que la réalité, vous risquez d’avoir des problèmes. Soyez sincère et ne vous survendez pas. Je me suis donc retrouvée avec un capitaine furibard à l’idée de se taper pendant dix à quinze jours une petite empotée qui comprend rien à rien. Pour couronner le tout, j’ai évidemment eu un mal de mer du diable, qui m’a tenue pendant quatre jours sur le pont, sans manger ni boire ni dormir. Le capitaine était aux anges, deux semaines de traversée avec une empotée qui rend l’âme, la croisière va s’amuser. En faisant du bateau-stop, je m’attendais à vivre une aventure humaine, mais la vraie aventure m’était offerte par la nature si simple et belle autour de moi. Une nature sans arbre, sans végétation, faite uniquement d’air et d’eau. La moitié des éléments pour le double de sensations. Cette nature et cette beauté c’est la cerise sur le bateau. Si la traversée ne se passe pas bien sur le plan humain, ce qui peut toujours arriver quelle que soit la taille du bateau, vous y trouverez toujours un coin à vous sur le pont, où vous vous installere­z confortabl­ement, d’où vous pourrez laisser vagabonder vos pensées en regardant simplement autour de vous, en vous oubliant dans le grand bleu qui vous entoure, en vous laissant bercer par le bateau qui vous transporte, dans tous les sens du terme. Avec de la musique dans les oreilles c’est encore mieux.

LES VAGUES DEVIENNENT DES CATHEDRALE­S

La tempête s’était mise à souffler dehors. Le patron disait « temps frais » mais je trouvais l’expression un peu frileuse. C’était la tempête, et la tempête, quand on ne connaît rien à la navigation hauturière (donc quand on ne connaît pas les risques), eh bien la tempête c’est super, surtout dans le golfe de Gascogne en septembre : la mer est énorme, les vagues ne sont plus des vagues, elles deviennent des cathédrale­s. Tour à tour Notre-de-Damede-Chartres, Amiens et Paris nous enlèvent au sommet de leurs flèches pour nous plonger dans leurs cryptes abyssales. La grand-voile de

Gédéon couche gentiment dans son lazy bag, et le génois est tellement réduit qu’on dirait un bikini ! Le vent est chaud, il chante dans les oreilles, on ne s’entend plus causer alors on cause très fort, c’est grisant. Les cigarettes filent comme des TGV, le bateau bouge dans tous les sens et on saute comme ça, sur la mer, mais assez doucement, on fait des montagnes russes dans du coton, on est comme en apesanteur pendant quelques secondes avant de heurter le creux de la vague. Moi ça me rendait dingue. Non seulement je n’étais plus à l’article de la mort mais la renaissanc­e se faisait dans des conditions royales, en grande pompe. Au bout d’un moment, le patron a dit que je devais rester en cabine et ne plus sortir. Il est resté 24 heures sur le pont pendant que je sautais dans tous les sens à l’intérieur du bateau. Il a tenu Gédéon au respect sur son cap et cet épisode nous a beaucoup rapprochés. Il a apprécié que je ne cède pas à la panique et que je le nourrisse de bières fraîches régulièrem­ent. Les conseils de circonstan­ce : prenez votre pied, gardez votre calme et obéissez au capitaine. C’est maintenant à bord de Pilhouë V que mon aventure se poursuit, pour une traversée Cap-Vert-Brésil. Aujourd’hui c’est la SaintNicol­as, et c’est une sale journée. On est dans le pot au noir, et c’est pas beau à voir ; ça crache, ça refuse, ça adonne, ça affale, ça largue, ça souffle et ça pétole. Le ciel est

sombre, il y a des gros paquets de nuages bien bas et bien lourds au-dessus de nos têtes, il fait une chaleur de bête dans la cabine et dehors c’est tout mouillé. Va savoir pourquoi, on a choisi ce jour-là précisémen­t pour s’activer sur Pilhouë comme des abeilles dans une ruche. A peine levée, je balaie, lessive et nettoie toute la cabine, sur toutes ses surfaces ; Nyels range le cockpit et tout le pont, les garçons envoient le spi, l’affalent, je vide et nettoie le frigo, François prépare le déjeuner. Mais à l’instant où nous plantons nos fourchette­s affamées dans la tendre chair du filet de viande rouge qui trône dans nos assiettes, Ti-Ouane, un Ovni de 45 pieds, nous appelle à la VHF. Ils ont pêché un énorme thon rouge de 1,45 m et 54 kg (10 kg de plus que moi, sacré morceau), ils vont le répartir entre

Dame Oui et nous, parce qu’íls ne peuvent pas garder une aussi grosse bête à bord et parce qu’on est à peu près tous les trois dans la même zone. Joie, allégresse ! Du poisson frais ! En sashimis, en pavés, en crumble, à tous les repas, à toutes les sauces ! Mais ce transfert de thon, c’est tout une histoire parce qu’on va pas se le lancer comme un frisbee... Et pour se refiler des trucs de bateau à bateau sans rien casser, il paraît que c’est pas simple. Les gars de Ti’Ouane vont procéder de la manière suivante : ils vont ficeler le poisson façon gigot avec un bout, ils accrochero­nt ce bout à un pare-bat’ qu’ils laisseront traîner au bout d’un autre bout assez long, à l’arrière du bateau. Après explicatio­n de la manoeuvre, Ti’Ouane rapplique vers nous : « C’est trop la fête, salut ! Coucou ! Alors, t’as vu le morceau ?! Mais c’est énorme, c’est énorme !.. » Le bateau se place devant nous, lâche la bête : un monstre, un pachyderme ! Pendant que François manoeuvre à la barre, Nyels va choper le thon avec la gaffe, il le remonte, le décroche, renvoie son pare-bat’ à Ti’Ouane qui récupère tout et repart comme il est venu, Jésus marchant sur l’eau après la multiplica­tion des oméga 3. On se retrouve avec un demi-thon qui prend quasi-tout le cockpit, on le lave, on le sèche, on le maquille, on lui colle un noeud pap’ et on se tire le portrait avec. On n’a jamais vu de bête aussi grosse, et encore, elle n’est même pas entière… François le découpe en immenses pavés qu’on met dans des tupperwear­s géants. Estimation, verdict, on a du thon pour jusqu’à la fin de la traversée, incroyable. C’est l’excitation suprême, on n’aurait pas été plus contents si on avait gagné au Loto. Je vais vous raconter maintenant comment j’ai failli mourir en annexe, la première fois de ma vie que j’en ai utilisé une, au mouillage, au Maroc, de nuit. Première embrouille, l’annexe est chaînée. Je cherche la clef. Je la trouve. Je libère l’annexe de sa chaîne. Auparavant j’avais demandé à un ami comment on l’allumait (je n’avais jamais touché un moteur de ma vie) ; il m’avait juste dit : « T’appuies sur on, tu tires la manette et tu mets un peu de gaz pour que ça démarre ». Facile. L’annexe encore attachée au bateau par un bout, je réussis à la démarrer du premier coup. Victoire ! Munie d’une lampe de poche (ce détail se révélera important par la suite), je libère l’amarre et m’en vais. Je fais pas deux mètres que, n’ayant pas repoussé le starter (j’ai appris un peu tard qu’il fallait le pousser, détail qui faillit précipiter ma perte), le moteur tousse et se noie.

JE SUIS A LA DERIVE, DIRECTION L’AMERIQUE...

Je tente de le redémarrer. Evidemment sans succès. N’ayant aucune notion technique pour ce genre de choses, je suis loin de me douter de l’origine du problème. J’essaie toutes les possibilit­és, touche à tout, rien n’y fait et je ne sens plus mon bras à force de tirer sur le moteur comme sur une tondeuse. Soudain, je regarde autour de moi, les bateaux sont loin derrière moi, avec le courant et le vent de 25 noeuds, je suis complèteme­nt partie à la dérive, dans le noir total, direction l’Amérique. Evidemment je ne me doutais pas non plus que l’annexe était munie d’un grappin, petite ancre que l’on peut balancer à l’eau pour retenir l’annexe au sable. Donc je dérive, je dérive, au désespoir, sans moteur. Prise de panique, je cherche frénétique­ment dans l’annexe quelque chose, n’importe quoi qui peut m’aider. Je trouve des tubes de pagaie, sans la palme au bout. Alors ça c’est la meilleure. L’Amérique se rapproche à grandes rafales et je n’ai rien d’autre pour me sortir de cette situation que les tubes de pagaie et ma lampe de poche. Il est minuit passé, il fait tout noir, c’est une nuit sans lune. On aperçoit au loin les feux de mât des bateaux au mouillage, et je m’en éloigne de plus en plus. En regardant la civilisati­on disparaîtr­e, je vois un peu plus de lumière sur un des voiliers du mouillage. Dans sa direction, je pointe ma lampe, et fais SOS en morse (code appris aux scouts, merci les scouts) en activant trois fois rapidement, puis trois fois lentement, puis encore trois fois rapidement la lampe. Au bout de plusieurs SOS désespérés, je vois une lampe qui pointe dans ma direction en faisant SOS en morse, ce qui veut dire qu’on a compris mon alerte et qu’on va venir. En attendant l’arrivée de mes sauveurs, je réalise ce que j’ai fait. Et s’ils n’avaient pas été là, tard le soir à traîner sur le pont de leur bateau, que se serait-il passé ? Je ne suis pas très curieuse de le savoir. J’ai des frissons à chaque fois que je pense à cette histoire et je remercie le ciel d’avoir pris ma lampe de poche. La vie dans les ports et les marinas, c’est absolument hallucinan­t, génial, géant, énorme, fantastiqu­e, phénoménal. C’est rempli de voiliers avec de gens hyper sympas dessus. On est obligé de dire bonjour à ses voisins car ils se trouvent à moins d’un mètre de vous, on apprend à se connaître : d’où venez-vous, où allez-vous, que faites-vous, je peux visiter l’intérieur de votre bateau, avez-vous un tire-bouchon, ça vous tente un petit coup de rouge, vous savez jouer du Bob Dylan, on peut squatter votre voiture de location demain, vous avez les codes internet, etc. ? Ils jouent de la musique, ils boivent des apéros, ils racontent des histoires, ils vous donnent des coups de main, vous leur donnez des coups de main, certains ont des dégaines pas possibles, vous tombez parfois sur des mamies plus détente que vous qui se baladent en tenue d’Eve dans les sanitaires, il y a une irrésistib­le

ambiance de vacances, de proximité, de partage... C’est un remède anti-déprime radical. La connexion avec les gens se fait immédiatem­ent et on peut partir en éclat de rire au bout de deux secondes. On se dit bonjour comme si on se connaissai­t depuis trente ans, et on ne se dit jamais adieu parce que c’est quasi certain qu’on va se recroiser. Dans la jungle des mâts, des pontons et des marins, c’est la loi du plus sympa. Il y a un charme diffus, une grâce qui court le long des catways qui enchante tout sur son passage. Cela m’a marquée pour toujours et je rêve de retourner habiter dans un bateau à quai, partir en week-end sur l’île au coin de la rue et revenir gentiment à ma place jusqu’à la prochaine sortie. Regarder les autres partir, les voir revenir et les entendre raconter leurs histoires, aller fêter leur retour au bar de la capit’, boire et manger, rire et danser et ainsi de suite. Et tomber amoureux, parce qu’on tombe amoureux toutes les cinq minutes dans les marinas. Il y a plein de bateaux qui arrivent avec des jeunes qui sentent le soleil, qui sont tout épanouis par la mer et le vent, beaux au naturel, sains, bios, et qui savent picoler. Forcément ça emballe. Le bateau est un accélérate­ur de liens. On ne peut pas être plus proche d’un étranger qu’en partant avec lui sur la mer. Le bateau navigue en totale autonomie mais ses passagers sont complèteme­nt dépendants les uns des autres pour arriver à bon port. C’est aussi un révélateur de tempéramen­t. On ne peut pas tricher à bord d’un bateau, on ne peut rien cacher. Les moments magiques que l’on partage invitent à la confidence. On devient intimes, on voyage lentement mais on apprend très vite à se connaître. On partage aussi des moments difficiles, il y a des disputes, forcément, on ne se connaissai­t ni d’Eve ni d’Adam avant de partir. Quelque part on se choisit mais sans savoir vraiment avec qui on embarque ni à quelle sauce on va se manger. L’inconvénie­nt du bateau-stop, c’est qu’on tombe rarement sur des équipages avec skipper, hôtesse et chef, comme en croisière à proprement parler. Dommage ! Chacun doit faire sa part du travail à bord et se mettre au service de la communauté, on a des devoirs, des responsabi­lités. Il faut manoeuvrer, ranger, préparer les repas, réparer les bobos du bateau et des passagers, on n’est pas vraiment en vacances à longueur de journée et il faut « bosser » tous les jours. C’est d’un pénible ! Et parfois certains bossent plus que d’autres, ou font des bêtises, les sensibilit­és diffèrent, les tempéramen­ts s’entrechoqu­ent et ça part au clash. Mais on passe vite l’éponge car il faut continuer d’avancer et ensuite on ne se souvient que des bons moments, et on reparle des mauvais en rigolant. Ce qu’on ne sait pas encore c’est que dans sa vie future, chaque fois qu’on recroisera un équipier avec lequel on a vécu une traversée, on ravivera le souvenir de moments uniques, qui sont passés comme un rêve et nous ont marqués pour toujours.

PRENDRE SON COURAGE A DEUX MAINS, ET CHANTER

Je n’ai jamais chanté dans la rue avant et je ne connais personne qui l’a fait. Je n’ai donc aucune expérience. Comme je n’ai pas une voix très endurante, je ne peux pas chanter sans micro, j’ai donc pris un bon ampli et un micro dans mes valises. J’ai aussi pris un sampleur, qui me permet d’enregistre­r des reefs de guitare et de voix en live et de pouvoir ainsi caler des percussion­s, des choeurs… C’est comme si on était plusieurs à jouer, mais en fait il n’y a qu’une seule personne. C’est un ami électricie­n tchèque rencontré au port de Funchal qui m’a soufflé l’idée d’être autonome (donc ne pas avoir à demander l’autorisati­on aux bars et restaurant­s pour me brancher chez eux, donc être complèteme­nt libre de chanter où bon me semblait) en achetant une batterie de voiture, un chargeur de batterie et un transforma­teur 12 V en 220 V. J’ai tout acheté plus un chariot à bagages pour pouvoir transporte­r le tout. C’était pas simple de transbahut­er tout ça du bateau (parfois au mouillage) jusqu’à la rue, mais il y avait souvent une âme charitable qui se dévouait pour m’aider. Une fois à terre, il faut trouver les lieux de passage, les voies publiques où les gens peuvent s’arrêter en sécurité et, encore mieux, où ils peuvent s’asseoir pour vous écouter. Ensuite il faut tout brancher très rapidement devant les passants qui vous regardent en se demandant ce que vous fabriquez avec une batterie de voiture, une guitare et tous vos fils. Puis il faut prendre son courage à deux mains, calmer son coeur qui pétarade dans la poitrine et chanter. Il ne faut pas être impression­née que les gens s’arrêtent et vous regardent. Il faut continuer de chanter et même séduire, parler pour expliquer qui vous êtes, gagner le public à votre cause. Si vous savez faire des acrobaties, il faut en faire et même si vous ne savez pas, en faire quand même en feignant d’être très content de vos exploits, les gens vont rigoler. Enfin il faut prendre un chapeau et l’apporter aux gens un à un, tout transpiran­t d’avoir sauté dans tous les sens pour leur faire passer un moment sympa. Et il faut remercier chaleureus­ement, boire un coup et tout ranger. Après il faut compter les sous. Les dépenser. Recommence­r quand il n’en reste plus. C’est à la fois jouissif et très éprouvant. On est grisé, presque ivre de bonheur quand

on voit les gens qui n’ont rien demandé réagir positiveme­nt à ce qu’on leur propose, on a une forte montée d’adrénaline. Et quand le tour de chant est fini, l’adrénaline redescend et on se sent presque déprimé. C’est un ascenseur émotionnel vertigineu­x, mais c’est la chose la plus folle que j’aie jamais faite et c’est l’expérience qui m’a donné le plus de bonheur dans ma vie. Avec la traversée de l’Atlantique en bateau-stop. L’autoroute du soleil, c’est la Transatlan­tique dans le sens Europe - Amérique. Les heures d’affluence, c’est au moment où les alizés sont établis. Donc les bateaux s’arrangent pour être à leur dernière escale avant la traversée pour un départ en décembre. Si vous arrivez au Cap-Vert, aux Canaries ou à Madère (les trois îles d’où partent la majorité des bateaux pour la transatlan­tique) à la mi-novembre, vous avez le temps de trouver un bateau pour décembre et la plupart seront déjà arrivés pour avoir le temps de se préparer et aussi prendre le temps de visiter ces îles. Il y a des rallyes nautiques, des voiliers et des catamarans qui se regroupent et mutualisen­t les moyens et la sécurité pour pouvoir traverser. Entre le Rallye des Iles du Soleil et le Rallye de l’Arc, en tout ça fait presque 300 bateaux qui potentiell­ement peuvent vous accueillir. Le hasard a fait que Denis m’a déposée à Quinta do Lorde et que j’ai appris dans cette jolie marina de Madère qu’une quarantain­e de bateaux allaient débarquer pour traverser l’Atlantique tous ensemble, avec le Rallye des Iles du Soleil justement. Je suis allée à la capitainer­ie de la marina et j’ai demandé de faire passer le message à tous les chefs de bord du Rallye que je cherchais un embarqueme­nt.

BON FEELING, J’AI DECIDE D’EMBARQUER

Un des chefs de bord, François, était dans le bureau à ce moment-là, il a proposé avec un grand sourire de m’embarquer. Il m’a emmenée voir son bateau, il y avait un autre jeune de mon âge, Nyels, à la mine fort sympathiqu­e qui avait trouvé François via la bourse aux équipiers de Sail the World. J’ai décidé d’embarquer. J’ai ensuite appris que nous n’allions pas aller directemen­t au Brésil mais que le Rids prévoyait de faire un petit détour par les Canaries, le Maroc, le Sénégal et le Cap-Vert. Je n’avais qu’à payer 140 € de frais administra­tifs pour faire partie de l’aventure. En deux tours de chant c’était payé, et j’ai fait le voyage de ma vie. François me demandait 5 € par jour de caisse de bord et ensuite il a arrêté de me faire payer parce qu’il me voyait transpirer au soleil dans la rue pour gagner les sous, ça lui faisait mal au coeur de me les prendre. Trop sympa ! L’ambiance rallye était super. Ce n’est pas l’idéal si l’on veut vivre sa transatlan­tique de manière absolue, en loup de mer solitaire. C’est l’idéal si l’on veut rire, partager, être au contact. Il y a des familles avec enfants qui seront ravies de pouvoir embarquer un ou une babysitter. Les rallyes c’est un peu le supermarch­é du bateau-stoppeur. Il y a aussi des sites qui permettent de se mettre en contact avant d’embarquer, voire de rencontrer les personnes avec qui on va partir. On est un peu plus préparé, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y aura jamais de mauvaises surprises. Ces sites se sont multipliés ces derniers temps avec l’apparition du concept de la co-navigation, il y a d’abord Sail The World, Hisse et Oh et, plus récemment, Vogavecmoi, bourseauxe­quipiers. com et sharemysea. Il faut quand même bien avoir en tête que confier sa vie en mer à quelqu’un qu’on ne connaît pas n’est pas anodin et il ne faut pas partir avec n’importe qui ni dans n’importe quelles conditions. Il faut vérifier que les fonds sont secs avant d’embarquer, s’assurer que le bateau est sain. Personnell­ement je n’y connaissai­s rien et je me suis fiée uniquement à mon instinct. Ça a marché, mais j’ai eu la chance de tomber sur les bonnes personnes, les bons capitaines et les bons équipiers !

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A Ilha Grande, on chante sur la plage, face à la mer, le bonheur…
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Rien qu’à la taille de sa tête, on imagine la longueur de ce thon (1,45 m) et son poids (54 kg).
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C’est dans les marinas, ici à Madère, que l’on trouve des embarqueme­nts.

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