Jacques Saadé, l’armateur visionnaire, s’est éteint
Jacques Saadé, fondateur de la CMA CGM, fleuron du transport maritime, est décédé à l’âge de 81 ans. Il avait passé la main à son fils aîné Rodolphe il y a un an. Le parcours de cet entrepreneur est digne des épopées personnelles qui inspirent les scénarios hollywoodiens. Ce Franco-Libanais a quitté le Liban, rongé par la guerre civile, pour poser ses valises à la fin des années 1970 à Marseille. Après des études à la London School of Economics et un stage dans une compagnie maritime new-yorkaise, il fonde la Compagnie Maritime d’Affrètement (CMA) à Marseille. A l’époque, la CMA c’est un navire et une ligne reliant Marseille, l’Italie, la Syrie et le Liban. Il est persuadé que les boîtes de métal – les conteneurs – vont révolutionner le transport maritime. L’histoire lui donnera raison. Autre preuve de son flair commercial, il a l’audace de parier sur les échanges avec la Chine, au début des années 1990, quand ses partenaires le lui déconseillent. Quarante ans après, le transport de conteneurs a fait le succès de la CMA, qui a aussi misé sur les acquisitions. Jacques Saadé a racheté en 1996 la CGM dans le cadre de sa privatisation, Delmas en 2005, et l’ensemble CMA CGM devient, à partir de 2006, numéro trois mondial… Une incroyable success story marseillaise.
Dans les Hauts-de-France, les requins sont apprivoisés tandis qu’en Bretagne, certains se sont fait piéger dans un filet. Le littoral a ses raisons que la raison ignore. Sidonie Sigrist