Un fragment de Pacifique à Boulogne-sur-Mer
Nausicaà, le Centre national de la mer à Boulognesur-Mer, a bénéficié d’un vaste réaménagement qui lui permet désormais de trôner sur le podium du plus grand aquarium européen et de décrocher la quatrième place mondiale. Toute l’attention et le budget ont été apportés au réaménagement du grand bassin. Pour reconstituer ce fragment de Pacifique, il a fallu pas moins de 55 tonnes de vitrage épais de 38 cm, et 10 000 m3 d’eau, soit l’équivalant de trois piscines olympiques. Les visiteurs découvrent ainsi à Boulogne un fragment des trésors sous-marins des abords de Malpelo, une île volcanique, située à 500 km des côtes colombiennes. Grâce à l’absence d’eau douce, elle a été préservée des hommes, si bien qu’elle est aujourd’hui un sanctuaire marin. A Boulogne, le souci de reproduire cet écrin s’est illustré jusque dans la qualité de l’eau. Pas d’eau cristalline pure mais une eau vivante, plus riche, plus trouble aussi. Pour obtenir ce cocktail, il faut quotidiennement capter 400 m3 d’eau dans la Manche, à 300 m du rivage, et 5 m sous le sable. Si elle est insuffisamment salée, elle est rejetée en mer. Sinon elle part en salle de prétraitement pour être rééquilibrée en oxygène alors que des filtres éliminent certains métaux. Plusieurs fois par jour, l’eau est doublement filtrée pour évacuer les déchets de ses occupants, à savoir les restes de nourriture et les déjections. Mais comment cohabitent sardines, requins et raies manta ? L’équilibre est assuré par une alimentation régulière et variée. Huit soigneurs-plongeurs évaluent les besoins de toutes les espèces et les alimentent en fonction. Cette harmonie est aussi le fruit d’un « empoissonnement raisonné » du bassin, à savoir l’introduction des espèces très espacée, pour que chaque occupant trouve sa place avant l’arrivée d’un autre.