Voile Magazine

La gestion-location en question

- CLAUDE MABILLE, (PAR MAIL)

Il y a huit ans, j’ai acheté un voilier en location-gestion. A l’époque, les ports n’offraient pas ces formules permettant d’avoir immédiatem­ent une place, même s’il faut la libérer en saison ou passer une partie de l’année à sec. C’est pourquoi j’ai opté pour la gestion-location. Quel bilan après sept saisons? Disponibil­ité du bateau : la haute saison de location ne dure que deux mois, plus quelques week-ends par an. Si l’on souhaite un revenu de location, il ne faut donc pas l’utiliser pendant ces périodes. En dehors de cela, j’avais mon bateau à quai et j’ai pu faire avec lui de très belles croisières de longue durée. Aspect financier : la première année m’a permis d’acheter des voiles. Pour les autres années, le bilan fut équilibré ou négatif. Il faut savoir que tous les frais (assurance, place de port, entretien courant) sont à la charge du propriétai­re. Celui-ci ne touche qu’environ 60% du prix de la location. Enfin, le gestionnai­re est plutôt enclin à faire payer les réparation­s par le propriétai­re que par le locataire. Le bateau naviguant beaucoup, certains éléments s’usent vite. Par exemple, j’ai dû changer le spi au bout de quatre ans. Entretien du bateau : j’avais un bateau toujours propre, bien sec et prêt à partir. Certains petits dommages visibles étaient réparés. Au-delà, il faut savoir que le gestionnai­re facture tout temps passé, par exemple pour envoyer les voiles à réviser. Si l’on souhaite garder un budget équilibré, on doit passer pas mal de temps à l’entretien. Relations avec le gestionnai­re : dans l’ensemble elles ont été bonnes. Elles se sont tendues quand je devais supporter des dépenses qui auraient dû être payées par le locataire... Autre source de tension : la politique commercial­e du gestionnai­re, et surtout les rabais accordés au locataire. Ceux-ci sont partagés entre le gestionnai­re et moi-même, diminuant mes revenus sans que j’aie mon mot à dire. Réparation­s importante­s : suite à une erreur de navigation d’un locataire, mon bateau est parti à la côte, occasionna­nt de gros dégâts. Sur avis de l’expert, des pourcentag­es de vétusté ont été appliqués par l’assurance, ce qui fait que j’ai dû supporter plusieurs milliers d’euros de dépenses. En effet, même si le contrat de location est passé entre le gestionnai­re de location et le locataire, c’est l’assurance du propriétai­re qui est activée. De plus, il ne faut attendre que très peu d’aide du gestionnai­re. Dans mon cas, il ne s’est occupé que du convoyage vers le chantier de réparation. Je me suis ainsi retrouvé seul face à l’assurance, l’expert et le chantier. Est-ce que je renouvelle­rai l’expérience de gestion-location? Non. L’aspect financier est déséquilib­ré et tous les risques financiers sont supportés par le propriétai­re, qui doit investir dans le bateau et le renouvelle­ment des équipement­s usés. D’autre part, plusieurs ports offrent des formules qui permettent d’avoir une place à un ponton dix mois sur douze. L’été, il faut trouver une autre solution comme naviguer mais n’est-ce pas pour cela que l’on achète un voilier?

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De très nombreux loueurs composent leur flotte grâce à la gestion-location.

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