Golden Globe : une affaire de marins et une histoire de potes !
Ils rêvent d’inscrire leur nom dans le sillage de Sir Robin Knox Johnston, le seul des neuf concurrents à avoir bouclé le premier tour du monde sans escale, au terme de 313 jours de mer. Mais cinquante ans après, les concurrents du Golden Globe se retrouv
DEPUIS PLUS D’UN MOIS,
ils sont en mer. Heureux, même si le plus dur reste à accomplir, affronter le désert liquide de l’Indien et du Pacifique. Ils étaient dix-sept marins le 1er juillet dernier à quitter la planète Terre. A l’heure où ces lignes sont écrites, après vingt jours de course, ils ne sont plus que douze à la hauteur du pot au noir. Certains, passée l’euphorie du départ, n’ont pas tenu très longtemps, à l’image du Britannique Ertan Beskardes, de l’Australien Kevin Farbrother bientôt rejoint par l’Indien Abilash Tomy, parti sur la réplique du Suhaili. Il serait facile de les blâmer. La mer s’en est chargée, leur rappelant sans ménagement qu’il faut un mental inoxydable, une détermination sans faille pour accepter cette vie quasi monastique où l’on dort l’oeil rivé sur le compas, les sens toujours en éveil. C’était déjà vrai il y a cinquante ans, quand neuf marins quittaient les côtes anglaises durant l’été 1968 pour ce premier tour du monde en solitaire et sans escale. Dans notre société régie par le téléphone portable et le numérique, c’est toujours vrai, mais à la puissance 10.
RENTRER DANS LA CLASSE CHICHESTER
Quant aux deux autres concurrents, le Français Antoine Cousot et l’Américain Istvan Kopar, ce sont des problèmes de régulateur d’allure qui les ont contraints de s’arrêter pour réparer. Ils quittent donc le Golden Globe, règlement oblige, mais conservent le privilège de rentrer dans la classe Chichester, celle créée par les organisateurs pour les marins faisant escale. Pour tous les autres, le quotidien se décline en gestes simples qui confèrent à la vie au grand large ce parfum d’exception. Philippe Péché, régatier dans l’âme, le premier à respecter le stop à Lanzarote aux Canaries, prendra le temps de relire la Bible. Chaque matin, à l’heure du réveil, Jean-Luc Van Den Heede s’imposera un tour d’inspection sur le pont avant de se préparer son petit-déjeuner agrémenté de Petit-Beurre Lu. Ça ne s’invente pas. Il nous l’a confié avant le départ au même titre que bon nombre de concurrents avec lesquels nous avons pris le temps de dialoguer. La route est encore longue jusqu’aux Sables d’Olonne. Tenter le moindre pronostic sur le nom du vainqueur serait bien présomptueux. En revanche, j’affirme avec certitude que ces quatre jours passés aux Sables à côtoyer ces candidats à l’aventure fut un vrai bonheur, prétexte à des scènes où transpirait la convivialité. On a vu le grand Sir Robin encourager un par un chacun des concurrents. Tout comme on a assisté à cette photo historique rassemblant Philippe Péché, le bizuth, aux côtés des vieux briscards, Loïck Peyron, Alain Gautier et VDH. C’était aux Sables d’Olonne et nulle part ailleurs, le 1er juillet 2018.