Voile Magazine

Sun Odyssey 410 : Jeanneau change les codes

Le nouveau Sun Odyssey épate par son look novateur et ses passavants en pente douce hérités de son grand frère, le 440. Mais c’est surtout un bateau bien né qui bouleverse un peu les codes traditionn­els de la gamme.

- Texte : F.-X. de Crécy. Photos : Olivier Blanchet et l’auteur.

ON N’A PAS ENCORE

l’habitude de ces bordés verticaux – le « bouchain intégral » dans le jargon de la marque – dont l’intégratio­n esthétique nécessite un élégant chanfrein qui fait le lien avec la ligne de pont. Du coup, le tout nouveau Jeanneau amarré aux Sable d’Olonne attire immanquabl­ement les regards. Son immense plage arrière basculante, qui fait face au ponton, invite quant à elle à la visite, d’autant qu’elle donne directemen­t sur la principale attraction de ce plan de pont novateur : le fameux passavantc­oursive qui permet de faire tout le tour du bateau sans rencontrer la moindre marche. Curieux, je franchis le pas immédiatem­ent. Validé ! Au port comme au mouillage, ce passavant qui vient mourir en pente douce derrière le poste de barre offre une facilité de circulatio­n inédite. Inédite en tout cas sur cette taille de 40 pieds, puisqu’on a déjà vu cette innovation sur les deux grands frères lancés l’an dernier, les Sun Odyssey 440 et 490. N’empêche, l’idée est brillante, la réalisatio­n si convaincan­te que je me laisse aller à quelques tours de plus avant de poursuivre ma première visite. Cap sur le cockpit dont la table légèrement asymétriqu­e offre un axe de circulatio­n préférenti­el à bâbord pour aboutir à la descente qui se trouve légèrement décalée du même côté. Un décalage à peine perceptibl­e et pourtant significat­if en termes de facilité de circulatio­n. Malin ! Malin aussi et surtout innovant, l’aménagemen­t du carré qu’on découvre au pied d’une descente très douce. Il se trouve décalé à tribord, devant le cabinet de toilette et face à la cuisine qui forme une sorte de U allongé le long du bordé bâbord. Aucun équipet – ce qui permet de profiter pleinement des grands hublots de coque –, mais partout des rangements malins de petit et grand volume. Et au milieu de tout cela, une étonnante méridienne transforma­ble en banquette pour compléter le carré si on est nombreux à table. Voilà comment a été optimisé le volume disponible, volume certes généreux en largeur grâce aux bordés verticaux, mais relativeme­nt court dans la mesure où c’est la cabine avant qui se taille la part du lion. Elle est immense, surtout dans cette version à un seul cabinet de toilette arrière qui privilégie le volume de la cabine avant.

UNE VASQUE JOLIMENT INTEGREE

Pour la toilette, du coup, on se contente de la vasque astucieuse­ment intégrée dans une sorte de console. La couchette, ou plutôt le lit avant, est vaste, rectangula­ire et accessible des deux côtés. Notez que ce ne sera pas le cas si vous optez pour le cabinet de toilette avant, car la couchette sera décalée et placée le long du bordé. La table à cartes, grande et placée dans le sens de la marche comme sur la plupart des Jeanneau, est un autre point fort de ces emménageme­nts. Quant aux cabines arrière, elles ont tout le volume nécessaire et ne souffrent pas, comme on aurait pu le craindre, du volume occupé par les passavants en coursive. Le cockpit est si large qu’on pouvait se le permettre ! Tout est large, tout est grand du reste sur ce nouveau Sun Odyssey. Le volume de la carène dans le tiers

avant est susceptibl­e d’offrir un surcroît de puissance, à l’image de ce qui se fait sur les bateaux de course. On peut d’ailleurs évoquer un air de famille avec un Class 40 comme le Carac de Louis Duc – toutes choses égales par ailleurs –, autre plan Lombard à l’étrave inversée, joufflue, et au brion nettement hors de l’eau. Les formes arrière sont plus classiques mais très généreuses, elles autorisent cette immense plage arrière déjà évoquée, en lieu et place de la plateforme basculante de l’actuel Sun Odyssey 419 qui paraît du coup bien étriquée. En fait, le Sun Odyssey 410 change vraiment de catégorie. Il apparaît plutôt comme un gros Sun Odyssey 349 et complète un début de gamme 100% Lombard, les plus de 12 mètres restant signés Briand. Mais assez visité, il est grand temps de quitter le ponton. Le tableau moteur est facile à trouver, presque à hauteur d’homme au niveau de la table de cockpit, et non dans les pieds comme c’est souvent trop le cas. Le Yanmar 40 ch ronronne, une fois en route il vibre même un peu, nous rappelant au passage qu’on a préféré la ligne d’arbre au sail-drive. Tant mieux pour la facilité d’entretien. La grand-voile est vite envoyée, le génois déroulé : c’est du classique.

NOTRE 410 EST DOTE D’UN GREEMENT STANDARD

Et le Sun Odyssey s’anime aussitôt dans les 12 noeuds de vent qui nous accueillen­t en bout de chenal. Notre 410, le premier de la pré-série faisant office de prototype, est doté d’un gréement standard. Le gréement Performanc­e aura 65 cm de mât en plus et 10% de surface de voile supplément­aire, mais aussi un gréement dormant et des voiles un peu plus haut de gamme. Standard également, le système de barre Jefa doté de paliers auto-alignants. Une nouveauté initiée l’an dernier dans la gamme Sun Odyssey avec les 440 et 490. Et un sacré progrès sensible, c’est le cas de le dire, à la barre de ce gros croiseur qui se mène du bout des doigts. De ce côté-là pas de souci, le 410 est parfaiteme­nt bien né. Il y a en revanche encore un peu de mise au point sur les voiles, comme l’atteste l’absence de foc autovireur qui a dû retourner en voilerie. Pas grave, le génois à recouvreme­nt est parfait dans cette petite brise de fin de journée et le bateau affiche des performanc­es très honnêtes au près : 7 noeuds de vitesse (toujours dans 12-13 noeuds de vent réel) sur des bords à 50° du vent réel. Quand nous laissons porter jusqu’au travers, c’est pour flirter avec les

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 ??  ?? Le rouf et les bordés très vitrés font entrer un maximum de lumière. Notez le davier dans l’axe bien intégré dans la delphinièr­e. Cette dernière permet de déporter le mouillage loin de l’étrave.
Le rouf et les bordés très vitrés font entrer un maximum de lumière. Notez le davier dans l’axe bien intégré dans la delphinièr­e. Cette dernière permet de déporter le mouillage loin de l’étrave.
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Le cockpit, très spacieux en largeur, ne semble pas souffrir des passavants en coursive.
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Nous avions le gréement standard : la version Performanc­e sera plus élancée.

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