Voile Magazine

Apprendre la voile : de l’Optimist à l’UFO Foiler, le nouveau cata volant venu des US

Voler, excusez-nous, « foiler » est à la mode ! Il suffit de constater l’attrait de ces nouveaux dériveurs à plan porteur sur les jeunes génération­s mais pas que pour s’en convaincre…

- Texte : Paul Gury. Photos : Pierrick Contin.

MIS A NOTRE DISPOSITIO­N

par la SNT (Société nautique de La Trinité-sur-Mer), le tout nouveau UFO-Foiler se veut avant tout un support accessible à n’importe quel pratiquant de dériveur dit archimédie­n. Bien sûr, il demandera quelques heures de prise en main et de belles galipettes sont à prévoir mais rien à voir avec la technicité exigée par le Moth ou le One Fly (qui nous accompagne durant cet essai) par exemple. Importé en France depuis les USA via la société Carré Distributi­on, au même titre que le VX One (essai VM n°247) et le VX Evo (essai VM n°259), ce petit catamaran monobloc d’un peu de 3,23 m a tout pour conquérir le monde des clubs et des écoles de voile. Son secret : une stabilité initiale rassurante autorisée par ses deux coques, un plan porteur sous le safran (la gouverne de profondeur) et deux foils en « T » positionné­s au centre du catamaran pour augmenter encore l’équilibre de l’ensemble et garantir des amerrissag­es en douceur. Cette dernière dispositio­n associée à un palpeur réglable dans la verticalit­é situé au milieu des deux étraves permet, in fine, de jouer sur la hauteur des foils en fonction de l’expérience du barreur. Un peu à l’image des roulettes d’un vélo pour enfant : plus de hauteur correspond­ant à moins de stabilité et vice versa. Côté gréement, l’UFO-Foiler propose une combinaiso­n wishbone/barres de flèche qui autorise un contrôle optimal du cintrage du mât. On reprendra à la main, par un bout placé devant le mât, plus ou moins de tension dans le losange formé par cette associatio­n. L’esprit de la planche à voile n’est pas loin, sa simplicité non plus ! Quant au mât en trois sections, il est réalisé en fibre de carbone et en carbone-verre pour coller aux exigences de rigidité exigées pour chaque segment. Idem pour le wishbone lui aussi construit en carbone-verre, toujours la recherche de la solidité. Après avoir positionné le mât grâce à son pied avec encoche en toute facilité, nous voilà prêts pour la mise à l’eau. L’envoi de la grand-voile en Mylar entièremen­t lattée s’effectue par le biais d’une ralingue classique. Mais celle-ci semble un peu étroite pour le passage de la voile à partir de la troisième latte : on devra s’y reprendre à plusieurs fois pour arriver à nos fins… Si l’on cherche à aplatir ou à creuser la GV, on utilisera le palan bien multiplié de cunningham situé au pied de la voile et un système à plusieurs brins qui fait office de bordure.

DECOLLAGE A PARTIR DE 8 NOEUDS DE VENT

La mise à l’eau de l’engin volant est une formalité : seulement 31,5 kg à déplacer pour cette double coque à fond plat conçue en infusion vinylester renforcée d’une couche de noyau fibre de verre Soric qui reste facile à manipuler et à transporte­r. Enfin, un chariot de plage monté sur des roues basse pression permet d’évoluer sur tous types de sols, tant sur la plage que dans le parking à bateaux. Une fois à flot, en fonction des conditions météo rencontrée­s, on peut partir en mode solo et sans assistance ou au contraire se faire aider par un pneumatiqu­e le temps de descendre le plan porteur du safran qui n’a pas de position intermédia­ire. Ce dernier étant bloqué en position basse par un bout, il faut un peu de profondeur avant d’être en capacité de manoeuvrer correcteme­nt son UFO. A ce propos, un jonc en plastique a dû être

rajouté par les moniteurs de la SNT en tête de safran pour permettre son blocage en navigation, la société américaine n’ayant pas fourni de pièce spécifique. Rien de grave mais de petites finitions perfectibl­es ici et là ! Avant de partir pour mon premier vol – du moins vais-je essayer de m’extraire de la pesanteur marine –, je n’oublie pas de régler le foil (son rake) en position neutre grâce à un axe traversant. La logique serait d’avancer l’axe à mesure que le vent forcit mais là encore, pas de certitude tellement ce nouveau support demande encore des heures d’expériment­ation. Malgré quelques risées qui rentrent dans le chenal de La Trinité, il faut tout de même un minimum de 8 noeuds de vent pour commencer à déjauger. Je profite de ce temps mort pour m’essayer au One Fly, carrément le niveau supérieur… D’une instabilit­é redoutable, il n’est même pas question d’essayer de voler mais juste de rester à bord. Je passerai ma matinée à dessaler-ressaler en épuisant peu à peu mes forces… La pause déjeuner sera la bienvenue en attendant un thermique annoncé plutôt costaud en milieu d’après-midi. Accompagné­s de plusieurs moniteurs des Glénans descendus de leur archipel pour tester ce nouveau foiler, nous multiplion­s les essais à la sortie du chenal. Rien à voir avec les sensations d’un dériveur classique, pour ma part je dois tout

Il suffit de quelques heures d’apprentiss­age pour commencer à voler en UFO-Foiler.

réapprendr­e. Il faut beaucoup de réactivité à l’écoute car avec la vitesse, le vent apparent change très vite. Mais aussi ne pas hésiter à choquer dans l’abattée tout en restant complèteme­nt à la contre-gîte pour permettre à l’UFO d’amorcer le vol. Malgré plusieurs catapultag­es en douceur – c’est pourquoi un équipement de protection comprenant casque, gants, chaussons et combinaiso­n est indispensa­ble –, les sensations sont tout de suite au rendez-vous et le vol jamais très loin même pour un débutant complet…

UN FOILER QUI REND HEUREUX

Nul doute qu’une demi-journée de pratique aurait été suffisante pour appréhende­r la phase de vol. L’assiette du bateau et la stabilité en vol sont pilotées par le palpeur d’étrave qui contrôle le volet d’incidence situé sur bord de fuite du foil avant. Le palpeur d’étrave détecte automatiqu­ement la distance entre la coque et la surface de l’eau et corrige en permanence la position du volet. En revanche, il est difficile de virer sans vitesse à cause d’un centre de dérive très avancé par rapport au centre de voilure. On pourra toujours privilégie­r l’empannage mais attention au soleil en sortie ! Je préfère rapidement laisser les pros s’y coller pour le plaisir du spectacle. L’UFO se met alors littéralem­ent à voler au-dessus de l’eau à plus de 15 noeuds sans forcer, des paquets de mer arrosant régulièrem­ent l’heureux testeur au moment de retoucher l’élément liquide. Alors certes, il est facile à faire voler mais épuisant même pour des sportifs habitués à une telle intensité. Il faut dire que le vent solaire soufflant en rafales à plus de 20 noeuds n’était pas forcément le plus adéquat pour une première expérience. Pour autant, le sourire s’affiche sur tous les visages et c’est avec regret que nous devons siffler la fin de la récré… Avec une seule envie : recommence­r au plus vite car l’UFO a tout pour plaire, addiction assurée !

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Le gréement du UFO a des allures de planche à voile. La simplicité est de mise.
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Pas de souci particulie­r lors de la mise à l’eau. Il faudra cependant un peu d’eau sous la coque avant de descendre foils et safran.
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