Voile Magazine

BARRER OU LAISSER FAIRE LE REGULATEUR ?

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On les croyait à jamais disparus, balayés par l’avènement des pilotes électrique­s dotés de pouvoirs surnaturel­s. Le règlement du Golden Globe a redonné un second souffle aux régulateur­s d’allure qui pourraient bien jouer un rôle déterminan­t dans le résultat final. VDH, lui, en est convaincu. Son choix d’équiper son Rustler 36 Matmut d’un Hydrovane, un régulateur d’allure indépendan­t de la barre, ne relève pas du hasard. « Ce second safran », il l’a testé durant les deux années de sa préparatio­n et lui reconnaît des qualités indéniable­s. « En quelques secondes, j’attache la barre pour descendre dans le carré par exemple et le régulateur prend le relais ». Autre choix, autre dispositif pour son concurrent direct, Philippe Péché. C’est un modèle français, fabriqué à La Rochelle par la société Asmer, qui équipe le tableau arrière de son PRB, un Rustler 36. Pour faire simple, l’aérien, soumis aux variations du vent apparent, est solidaire de la pale immergée reliée à la barre franche par un système de drosses. Il n’empêche que VDH, le vétéran du Golden Globe, soixante-treize ans, et Philippe Péché sont à l’unisson. Ils vont barrer. « J’adore ça » affirme Philippe, cinquante-sept ans, double détenteur du Trophée Jules Verne avant d’ajouter : « Principale­ment dans le petit temps et dans la brise au portant où l’arrière du bateau, en se soulevant, fait sortir la pale immergée hors de l’eau. » Sur les conseils de Philippe Poupon venu saluer son vieux pote, il s’est même fait fabriquer une rallonge de barre franche qu’il pourra utiliser en profitant de la casquette en dur réalisée par Multiplast. Sans surprise, VDH voue une passion immodérée à la barre franche et l’a déjà prouvé lors de ses deux premiers Vendée Globe. Concrèteme­nt, il va barrer surtout au portant où il a embarqué des munitions : un grand gennaker, deux spis

symétrique­s, un asymétriqu­e et son arme favorite, un booster, génois double pli porté par deux tangons, grand-voile affalée. VDH, c’est le marathonie­n de la barre. « Je peux rester des heures et des heures dans le cockpit. Mais je ne me fais pas trop d’illusions. Barrer un Rustler tient du défi. Avec son grand safran dans le prolongeme­nt de la quille, la barre est incroyable­ment dure. » S’en plaindre ? Le Hollandais Mark Slats, également sur un Rustler 36 qu’il a entièremen­t revu, allégé en enlevant le teck du pont, n’est pas de ce genre. A quarante et un ans, il part pour gagner, doté d’un physique de viking et d’une résistance hors du commun qui lui valut de terminer 4e d’une traversée en solitaire de l’Atlantique à l’aviron. On l’a vu la veille du départ caréner en bouteilles de plongée les oeuvres vives de son Rustler, tester ses deux avirons accrochés dans les haubans. Et surtout coller dans son cockpit des tableaux de marche, sorte de VPP à la mode Golden Globe. Et puis, si certains concurrent­s avouent ne pas aimer barrer, à l’image du Palestinie­n Nabil Amra, traumatisé par une expérience malheureus­e ou de l’Indien Abhilash Tomy, d’autres affichent une position plus mitigée. « J’aime barrer, reconnaît le Vannetais Loïc Lepage, mais dans certaines conditions. Au débridé, sous grand-voile à un ris et trinquette. Tandis que l’Américain Istvan Kopar reconnaît qu’il barrera au portant quand le pilote sera défaillant. Barrer ou pas, Istvan s’est préparé au pire. Il était le seul de la flotte à partir avec sa grand-voile de cape rangée dans un sac fixé sur le rouf, prête à être engagée dans un rail fixé sur le mât.

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 ??  ?? Casquette, gants, grand génois, Philippe Péché a coupé la ligne de départ comme pour une régate.
Casquette, gants, grand génois, Philippe Péché a coupé la ligne de départ comme pour une régate.
 ??  ?? Pour intervenir plus rapidement, VDH a supprimé la barre d’écoute de GV et l’a remplacée par deux palans.
Pour intervenir plus rapidement, VDH a supprimé la barre d’écoute de GV et l’a remplacée par deux palans.

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