Voile Magazine

Tellement simple et si bon!

- François-Xavier de Crécy

Un petit shoot d’adrénaline, ça fait du bien ! Et après une bonne journée au planing sur les petites luges de notre comparatif, c’est sûr, on aborde la rentrée nautique avec des idées plus claires… Or c’est tant mieux car à l’approche des salons d’automne, c’est l’heure des comptes et des extrapolat­ions commercial­es. Quand les stratèges des grands chantiers et les sages de la FIN (ce sont souvent les mêmes) nous font part de la difficulté à convaincre de nouveaux pratiquant­s. Mais a-t-on vraiment tout essayé ? Par exemple, les a-t-on mis à la barre du « nouveau » First 18 dans la brise ? Leur a-t-on proposé un échouage sur le sable de l’île de Ré, avec casse-croûte sorti d’un coffre du Stir Ven ou de cet Aloès au design craquant ? Succès assuré ! Ces belles journées rochelaise­s furent pour nous comme une piqûre de rappel, les pieds dans les sangles, et la confirmati­on de cette évidence : rien ne vaut les petits bateaux. Parce qu’ils sont généreux en sensations et donnent envie d’aller sur l’eau, d’y retourner. Parce qu’il y a un plaisir organique, presque sensuel à ressentir ces accélérati­ons, à dévaler la houle au portant et même à accepter le combat du près dans la brise. Et que ce plaisir-là reste l’essence de notre passion, l’alpha et l’omega de la plaisance, y compris d’ailleurs au plan économique. Les patrons du chantier Bénéteau, qui misent sur ces petites merveilles de Seascape pour relancer leur gamme First, ne s’y sont pas trompés. Ils savent bien ce que les grands Océanis d’aujourd’hui doivent aux First 210 d’hier, et qu’il faut continuer à semer des petites graines de passion. Ce qui, bien sûr, n’empêche pas de proposer aussi des grands croiseurs confortabl­es comme on en voit à Cannes, toujours plus design, toujours plus vitrés, et des catamarans aménagés comme des lofts californie­ns. Il en faut pour toutes les bourses et tous les âges de la vie. Mais on aura beau faire, connecter la Wi-Fi du bord avec les winches motorisés qui virent tout seuls, confier la navigation à un pilote automatiqu­e qui sait tout faire, même l’épilation du maillot et le café du matin, il y aura toujours des mouillages rouleurs, des jours de bruine ou des WC marins qui se bouchent. Tôt ou tard, la tolérance de l’équipage en croisière sera mise à contributi­on. En d’autres termes, à un moment donné, il faudra quand même avoir envie de faire du bateau… Et ce jour-là, quand l’informatiq­ue du bord sera en distribil, la plomberie à l’agonie, le winch électrique grippé, peut-être qu’on aura surtout envie de sauter sur le premier canot venu pour simplement profiter du vent et de la mer. La barre dans une main, l’écoute dans l’autre, et des embruns qui fouettent le visage : c’est tellement simple, et c’est si bon.

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