Voile Magazine

Comparatif : 6 day-boats pour le fun, le raid,ou le charme

Mettre à l’eau sur un coup de tête, beacher quand ça vous chante, changer de plan d’eau... Les petits bateaux, c’est la liberté ! Nous en avons rassemblé six, histoire de redécouvri­r à leur bord six façons de se faire plaisir.

- Texte : F.-X. de Crécy, Bernard Rubinstein et Sidonie Sigrist. Photos : Olivier Blanchet et les auteurs.

QUAND ON AIME naviguer, on aime forcément les petits bateaux. Parce que ce sont eux qui vous procurent les sensations les plus immédiates, les plus excitantes, eux qui permettent d’apprendre sans se faire mal, qui imposent un minimum de contrainte­s et un investisse­ment limité... Je continue ? Vous pouvez chercher, ils n’ont que des avantages. Et un sacré talent, c’est ce que nous nous sommes dit en revenant de cette superbe balade à six bateaux entre La Rochelle et ses îles. Ou plutôt des talents. Le charme du bois verni pour les uns, les surfs à 13 noeuds pour les autres, ces bateaux-là savent tout faire ! Mais avant d’entrer dans le détail, qu’est-ce qu’un petit bateau ?

FACILE A MATER, FACILE A TRANSPORTE­R...

Après tout, tout est relatif ! Nous nous sommes arrêtés à cette taille de 5,50 mètres, ou 18 pieds, d’abord parce qu’elle permet d’avoir des bateaux non seulement transporta­bles mais faciles à transporte­r – ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Et on peut inclure dans ces facilités pratiques le mâtage et la mise à l’eau : un jeu d’enfant, comme nous l’ont démontré in situ les constructe­urs. 5,50 m enfin, parce que la créativité des petits constructe­urs s’exprime à merveille sur ce créneau, et que les grands chantiers le prennent à nouveau au sérieux. A commencer bien sûr par Bénéteau qui dévoile une gamme de petits First toute neuve ou presque, s’agissant de l’ancienne gamme Seascape qui vient tout juste d’être présentée sous ses nouvelles couleurs au salon de Cannes. On pouvait s’y attendre dès le rachat du chantier slovène par les Vendéens, annoncé courant juillet, mais on n’aurait pas forcément parié sur un calendrier aussi serré. La maison Bénéteau n’a pas perdu de temps et le Seascape 18, qui s’était annoncé à notre comparatif, est venu sous ses nouvelles couleurs. Des couleurs toutes fraîches : le covering a été collé la veille du début de notre essai... Bon timing donc, et bienvenue au First 18 ! Bonne pioche également du côté de la météo avec des conditions très variées mais constammen­t ensoleillé­es. Elle est pas belle, la vie ? On a évoqué le Seascape/First 18, mais qu’en est-il des autres participan­ts ? Pour le défier sur l’eau, le Speed Feet – désormais construit par le chantier Marée Haute sous le nom de SF 18 – et son équipage affûté étaient tout désignés. Pour la balade à la journée et le raid (qui est aussi au programme du First), nous avions l’adorable Aloès 18 et l’incroyable Lili 6,10 construit par notre confrère Jean-Yves Poirier. Une constructi­on suivie dans Voile Magazine depuis août 2014, dont vous trouverez page 108 le 17e et avant-dernier épisode. Du côté des day-boats rétros enfin, le Stir Ven 19 du chantier Grand Largue allait croiser le fer avec une valeur sûre du chantier Franck Roy, le fameux monotype Loup. Nous avons volontaire­ment écarté les micro-croiseurs type Sailart 19 et autres héritiers des micros tout court dont on sait qu’ils restent très actifs sur les plans d’eau. Tout simplement pour rester dans l’esprit day-boat et camping côtier. Pour le reste, soyons clairs, notre casting a aussi été dicté

L’Aloès vise la balade plus que la régate, mais il n’est jamais loin des sport-boats...

par la disponibil­ité des chantiers en cette fin de mois d’août. On aurait adoré avoir également avec nous une Gazelle de chez Marine Composite, un Open 5.70, un Joli Morgan et tant d’autres... Loin de nous l’idée de prétendre à l’exhaustivi­té, mais la compositio­n de notre échantillo­n nous a permis de nous pencher sur trois familles bien identifiée­s : les day-boats de balade, les néoclassiq­ues et les sport-boats. Avec un regret néanmoins : l’absence de l’Ikone J. Un bateau qui nous avait tapé dans l’oeil lors de sa participat­ion au Voilier de l’année en 2007, et qu’on voyait bien en face de l’Aloès. James Simon, le nouveau patron du chantier après le départ en retraite de Pierrick de Kervenoaël, a fait l’impossible pour se joindre à nous malgré un calendrier compliqué. Hélas, il a été victime d’une avarie de barre en quittant le port de Chatelaill­on et a dû renoncer à participer. Dommage, à charge de revanche, par exemple au printemps prochain sur le tout nouvel Ikone 6,50 !

UN LONG BORD VERS L’ILE D’AIX

Fidèles à notre habitude de tester tout ce qui peut l’être en conditions réelles, nous avons prévu pour nos essais un long bord à destinatio­n de l’île d’Aix et retour, puis le lendemain un mouillage-échouage sur la plage de Sablanceau­x, à l’île de Ré. Le programme initial comportait une nuit à bord en mode camping côtier, mais seulement deux bateaux étaient à peu près équipés pour et il aurait été logistique­ment compliqué de séparer la flotte en deux. A l’échouage cependant, deux bateaux ont fait étalage de leur talent pour le raid côtier. François Coutant, l’importateu­r des Seascape, constitue chaque année des flottes qu’il emmène en croisière en Bretagne Nord et Sud (voir notre article dans le VM n°265) et il n’a pas cessé d’optimiser les Seascape 18 et 24 dans ce sens. Désormais missionné par Bénéteau (voir par ailleurs), il compte bien faire bénéficier les nouveaux First de son expérience en la matière et l’a prouvé en montant la tente de cockpit du First 18.

Sportif ou rétro, il existe des 5,50 m pour tous les goûts.

Un bateau qui propose aussi une vraie couchette double. Mais le champion du raid, c’était sans conteste le Lili 6,10 pour lequel Jean-Yves Poirier a inventé des blocs cuisine et sanitaire malins comme tout et très bien finis, ainsi qu’un superbe cocon de mouillage fait maison (voir ci-contre). Mais il s’agit d’un « one off », pas d’un bateau de série… Quoi qu’il en soit, le camping côtier peut être mis au programme de tous nos petits bateaux, quitte à opter pour la version dériveur du SF 18. Ils sont faciles à mener et à échouer, une petite baille à mouillage comme celle du Lili est un plus, mais une fois assuré des fondamenta­ux, chacun trouvera ses astuces pour passer une nuit ou deux à bord. Cette nouvelle version RS (pour Rouf Sport) de l’Aloès 18 est mieux armée que l’ancienne pour ce programme.

LE BATEAU BLEU BRILLE SUR L’EAU !

Mais le bateau a été fracturé dans le petit port d’Ars-en-Ré, ses coussins volés en même temps qu’un code D tout neuf… Triste. Mais cela n’a pas empêché le petit bateau bleu de briller sur l’eau, ses formes puissantes vont bien dans les conditions toniques rencontrée­s le premier jour et il n’est jamais loin des petites luges, SF et First 18. Le Loup a un peu plus de mal dans le clapot et c’est naturel, c’est un monotype plutôt conçu pour les plans d’eau abrités. Quant au Stir Ven 19, il navigue à son rythme et affiche un comporteme­nt très marin, normal, c’est un plan François Vivier… Un architecte toujours aussi talentueux pour proposer des canots de charme accessible­s à tous. Le lendemain, tout ce petit monde se retrouve sur la plage pour une pause pique-nique à l’échouage. Les équipages ont la banane et ça parle bateau encore et encore. Antoine Mainfray, le constructe­ur de l’Aloès, doit rentrer à La Rochelle sans attendre la marée. Qu’à cela ne tienne, dix paires de bras portent son bateau jusqu’à la mer dans un bel élan de solidarité. On vous l’a dit, tout est possible avec ces coques de noix, et tout est si facile !

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 ??  ?? Le port des Minimes avait réservé un joli bout de ponton à nos petits bateaux.
Le port des Minimes avait réservé un joli bout de ponton à nos petits bateaux.
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 ??  ?? De la remorque au plan d’eau, la facilité de transport et de mise en oeuvre est l’atout maître de ces canots bourrés de talent. Ici l’Aloès 18 RS, dont le pavois est désormais joliment verni.
De la remorque au plan d’eau, la facilité de transport et de mise en oeuvre est l’atout maître de ces canots bourrés de talent. Ici l’Aloès 18 RS, dont le pavois est désormais joliment verni.
 ??  ?? Aloès 18 RS Pour mâter tout seul, il faut parfois s’organiser un peu, mais rien d’insurmonta­ble...
Aloès 18 RS Pour mâter tout seul, il faut parfois s’organiser un peu, mais rien d’insurmonta­ble...
 ??  ?? Stir Ven 19 Pour la mise à l’eau, la remorque cassante est un plus, surtout si la pente de la cale est « limite ».
Stir Ven 19 Pour la mise à l’eau, la remorque cassante est un plus, surtout si la pente de la cale est « limite ».
 ??  ?? SF 18 En l’absence de remorque cassante, on se débrouille avec un bout pour prolonger l’attelage.
SF 18 En l’absence de remorque cassante, on se débrouille avec un bout pour prolonger l’attelage.
 ??  ?? First 18 C’est aussi pour faciliter cette phase délicate que la plupart des bateaux ont un mât carbone.
First 18 C’est aussi pour faciliter cette phase délicate que la plupart des bateaux ont un mât carbone.
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