Voile Magazine

Charme et simplicité

- Texte et photos : Emmanuel van Deth.

SACRÉ PARI pour un spécialist­e du kayak – 12 000 unités en polyester vendues depuis quarante ans – que de se lancer dans la constructi­on de petits voiliers. Et c’est bien le défi que s’est lancé Dominique Bourçois en 2001. Il y a donc dix-sept ans, la gamme Skellig est lancée. 630 unités produites plus tard, force est de reconnaîtr­e que Plasmor a su s’imposer dans ce créneau des petits voiliers transporta­bles et pratiques au look inspiré des anciens bateaux de travail. Du Skellig 1, désormais décliné en 1,4 avec cabine en passant par le 2 devenu 3, le Little Skellig, le Skellig M (déclinaiso­n moteur), tous les modèles connaissen­t un relatif succès. Seul le Triaskell, biquille volumineux et atypique, limite sa diffusion à dix exemplaire­s. On reparlera peut-être bientôt d’une version revue et corrigée de ce modèle. En attendant, le constructe­ur vannetais s’est attelé à concevoir le plus grand des Skellig, le 5. Présenté lors du dernier Nautic, ce nouveau modèle, sensibleme­nt plus volumineux que le 3, offre de réelles possibilit­és de croisière côtière. Au plan du design, les architecte­s ont laissé tomber les canots bretons pour les cat boats de la baie de Chesapeake. Soit un faux air de Pabouk, à ceci près que le Skellig 5 conserve un gréement houari. Le mât est donc assez reculé sur le rouf pour permettre de gréer un grand foc, avec bout-dehors. Ce type de gréement permet de disposer d’un mât relativeme­nt court – 5,80 m. Equipé de jumelles, l’espar se met en place seul en quelques minutes. Voilà d’ailleurs le premier point fort de ce modèle : à l’instar de ses petits frères, tout a été étudié à bord pour faciliter la mise à l’eau, le mâtage et la mise en place des voiles et des manoeuvres. Dans le cockpit, deux coffres étroits sous la banquette tribord et un coqueron étanche bien plus volumineux à l’arrière pour stocker le matériel. Au vu des caractéris­tiques du bateau, on pourrait s’inquiéter de sa raideur à la toile vu le faible poids de la dérive – 60 kg. Mais dès qu’on monte à bord, cette objection est levée. Le Skellig 5, très large à la flottaison et au tableau arrière, offre une excellente stabilité de forme, même dérive relevée. Et son gréement léger en partie supérieure contribue à la raideur à la toile. Hisser la grand-voile apiquée et dérouler le génois sont très simples, d’autant que les manoeuvres convergent vers le cockpit sur deux winches. Ciel couvert et vent faible : le Skellig s’en accommode plutôt bien et accroche les risées par de franches accélérati­ons. Le cap est satisfaisa­nt – autour de 50° du vent vrai. En revanche, la longue barre vient parfois en butée au moment de lofer ; le bateau est donc mou et refuse parfois de virer. La faute à une quête insuffisan­te du gréement et surtout à une pelle de safran trop petite. Des détails qui ont été rapidement corrigés par le chantier : un safran de bonne taille, le gréement basculé sur l’arrière, et le tour est joué. C’est l’heure de tester les qualités de petit bourlingue­ur du Skellig 5. La dérive est rapidement relevée grâce à un bout qui passe dans une poulie à billes. Au moment de sortir du cockpit, on mesure l’excellente protection assurée par les hautes hiloires mais aussi l’étroitesse des passavants, réduits à 13 cm. On peut escalader le rouf mais il est dépourvu d’antidérapa­nt. Grâce à son tirant d’eau réduit à 20 cm, il est possible de poser l’étrave du bateau sur le sable et de descendre sur la plage à pieds secs – mais remonter à bord est moins évident. L’accès par l’arrière est bien plus aisé grâce à l’évidement du tableau arrière sur tribord. Cette « mini-jupe » est assortie d’une échelle de bain. L’accès à l’intérieur impose d’enjamber un bridge deck de 35 cm de largeur. Mais la descente, elle, est très large grâce à ses deux portes battantes. Pas de marches : on pose le pied sur la petite table du carré. Les premières fois, ça fait un peu bizarre… et puis on s’adapte ! Les emménageme­nts sont pensés comme un mini-croiseur avec trois vrais couchages, une kitchenett­e sur tribord, un grand panneau ouvrant pour l’aération, des WC chimiques, des coffres sous les couchettes, des équipets et même un grand volume de rangement juste à tribord de la descente. Mise à part la hauteur sous barrots limitée, le Skellig 5 se révèle parfaiteme­nt adapté au cabotage côtier. La finition (rappelons que ce modèle essayé est un prototype) est sensibleme­nt plus flatteuse que celle des plus petits Skellig. Reste à transforme­r l’essai en soignant quelques détails – des cache-écrous plutôt que des crottes de Sika par exemple. Un dernier détail : le petit diamètre de l’épontille (25 mm) nous semble un peu juste. On retiendra un volume habitable satisfaisa­nt vu la faible longueur de coque et surtout très bien agencé. Facile à transporte­r sur route, simple à gréer et à mettre en oeuvre, le Skellig 5 est un mini-croiseur séduisant en diable avec son look néorétro. Un excellent candidat à l’achat coup de coeur…

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 ??  ?? Le mât du Skellig 5 est assez reculé sur le rouf pour gréer un grand foc avec bout-dehors.
Le mât du Skellig 5 est assez reculé sur le rouf pour gréer un grand foc avec bout-dehors.

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