Jauge et monotypie : fini la bidouille !
Pour le chantier Bénéteau comme pour la classe, le lancement du Figaro 3 est l’occasion de remettre à plat les règles d’une monotypie qu’on souhaite beaucoup plus stricte. Préparation de carène, devis de poids… C’est un peu comme en matière de fiscalité : où finit l’optimisation, où commence la triche ? Les sponsors veulent des résultats, les coureurs veulent gagner, et les préparateurs ont du talent. Résultat des courses, en Figaro il est de notoriété publique que certains bateaux vont plus vite que d’autres… Comment mettre fin à cette dérive avec le Figaro 3 ? Les nouvelles règles de course sont en cours de rédaction, via de multiples consultations et tractations, et ne seront publiées que le 15 novembre. Mais un certain nombre de points sont d’ores et déjà acquis. Luc Joëssel, chef de produit en charge de la gamme Performance, et Marc Vallier, responsable du projet Figaro 3, ont bien voulu faire un point d’étape pour nous. Tout d’abord, la mise en place d’un site dédié, celui de Cheviré, a permis d’atteindre un niveau d’homogénéité dans la construction auquel le Figaro 2 ne pouvait pas prétendre. En termes de cotes et de poids, le chantier estime qu’il a fait deux fois mieux que pour le Figaro 2. Les quilles, réalisées à la fonderie Lemer (selon un procédé très particulier, voir notre article p. 104), affiche moins de 1,4% d’écart entre la plus légère et la plus lourde (14 kg). C’est un premier point. Mais la véritable innovation de la monotypie Figaro 3, c’est le « Passeport bateau ». Ce document numérique développé sous forme d’appli comporte l’inventaire de tous les éléments du bateau, appendices, espars, équipements ; tous numérotés et pesés. L’historique technique du bateau y est scrupuleusement suivi et il doit permettre de situer géographiquement un bateau à tout moment. Quand un skipper met son bateau au sec, il fait immédiatement une photo avec son smartphone et l’ajoute au dossier, dossier auquel tous les autres skippers ont accès… et peuvent aller vérifier de visu s’ils le désirent. Ce passage en chantier occasionne une suspension du certificat de jauge, le bateau devra être contrôlé à nouveau lors de son retour à l’eau pour voir son certificat réactivé. Le déquillage fait l’objet d’une déclaration
spéciale. En cas de talonnage, la quille n’est pas réparée dans n’importe quel chantier : elle retourne chez le fournisseur qui la refond et la pèse à nouveau ! Idem pour la carène, objet de toutes les attentions et de toutes les suspicions : on ne touche plus… L’intention première du chantier était d’aller vers une interdiction pure et simple du ponçage. Au final, on n’ira pas aussi loin mais la classe réfléchit avec les préparateurs à une « monotypie de préparation », c’est-à-dire une solution technique (silicone, antifouling transparent…) qui garantisse l’équité au niveau des préparations de carène. En revanche, il est purement et simplement interdit de percer le pont ou la moindre cloison ! Autant dire que les préparateurs ont intérêt à bien se tenir. D’ailleurs, ceux qui veulent continuer à travailler sur les Figaro devront adhérer à la classe. Enfin, les concurrents n’ont aucune latitude dans le choix des fournisseurs, à l’exception notable du voilier. Pour le reste, les fournisseurs exclusifs sont Sparcraft pour le mât, NKE pour l’électronique, installée par Teem ainsi que la VHF Icom, Plastimo pour l’armement de sécurité.