Des voiles pour Lili!
Le chapitre voilure s’ouvrant le plus souvent en fin de projet, l’impatience du constructeur peut l’amener à traiter le sujet rapidement et à faire des économies sur un poste pourtant essentiel à la bonne marche du bateau…
UNE FOIS n’est pas coutume, le plan de voilure de Mon Lili à moi est strictement identique à l’original ! Enfin presque, car j’ai remplacé le système à fourreau imposé par les tubes de mât démontables (voir VM n°267) par une ralingue classique, parfaitement adaptée au système de réduction de voilure par enroulement, marqueur distinctif des plans Montaubin. Et la configuration cat-ketch répond avec logique et élégance à ces principes. l’enroulement de la misaine autour du mât engendre, de la même façon qu’un enrouleur de génois, un déplacement significatif du centre de voilure vers l’avant. Pour éviter de voir tomber le bateau sous le vent au fur et à mesure que le vent monte, l’artimon aide à reculer le centre de voilure et à le maintenir autour du centre de dérive, sa surface modérée ne jouant qu’un rôle propulsif secondaire. L’équilibre sous voiles est étonnant et la barre reste neutre à toutes les allures !
L’avantage annexe
de l’artimon est de pouvoir gréer une petite voile d’étai de 5,70 m2. Très facile à manoeuvrer puisque entièrement située au-dessus du cockpit, sa plage d’utilisation est assez étroite, du bon plein au grand largue, et limitée au petit temps (le point de drisse n’est tenu que par la rigidité du mât), mais elle permet de grappiller un bon noeud de vitesse supplémentaire. Thierry Dubois, qui dirige la voilerie Neptune, et Gilles Montaubin, architecte du Lili 6,10, ont désormais deux décennies de compagnonnage derrière eux, un critère important pour la fabrication de la voilure du Lili. Associée à des mâts souples non haubanés et ferlée comme un génois, elle demande en effet une expérience spécifique, bien différente de celle des voiles conventionnelles. En collaboration avec la société BSG Developements, qui conçoit et réalise SailPack, un ensemble d’outils numériques à destination des fabricants de voiles (modélisation, simulation et fabrication), Neptune a suivi, comme pour toutes ses productions, un processus identique dans son principe à celui utilisé pour construire
Mon Lili, soit une séquence de plans 2D, suivie d’une modélisation 3D, d’une mise à plat (développé) des composants et d’une découpe numérique des tissus. Afin d’appairer au mieux la voile et le mât, j’ai fourni la courbe de déflexion des espars, soumis à une charge moyenne correspondant (en principe) à un vent de force 4, appliquée un peu au-dessus du tiers inférieur de la ralingue (la composante de la voile ne s’applique pas en tête de mât à la manière d’une canne à pêche).
d’assembler tous les composants de la voile, soit une bonne trentaine de pièces juste pour l’artimon. Le tissu retenu est un composite Mylar/polyester de 184 g/m2 (Polyant PX10), bien adapté à l’enroulement, et un tissu Nylon de 40 g/m2 (Fibermax FS44), parfait pour une voile de petit temps.