« Il est là, le bonheur! »
Il y a les coureurs au large qui gardent leurs sentiments pour eux, ceux qui pratiquent l’intox et ceux qui font les durs à cuire. Et puis il y a Basile Bourgnon, engagé sur la Transat Jacques Vabre aux côtés d’Emmanuel Le Roch sur le Class 40 Edenred. Et quand il se saisit du combiné satellitaire, c’est sacrément rafraîchissant ! « C’est encore mieux que tout ce que j’avais imaginé ! (…) Avant le départ, je me disais que mon truc, c’était le bateau qui tape dans la baston, eh bien ça, c’était avant (rires). Aujourd’hui, je découvre les sensations géniales de naviguer dans les alizés ! En ce moment, on est au portant sous grand-voile haute et grand spi, le bateau surfe dans les vagues, je suis torse nu avec le vent – entre 15 et 18 noeuds – qui me souffle dans le dos. Quel pied ! (…) On ne lâche vraiment rien, on s’accroche au moindre petit réglage, on prend bien soin l’un de l’autre, on dort super bien en faisant des quarts de trois heures, on rigole bien, bref, tout va très bien ! Ce matin, j’ai eu une petite pensée pour mes copains qui retournent à l’IUT… Je mesure vraiment la chance qu’on m’a offerte de vivre une telle aventure ».
Beaucoup plus au sud, à près de 60° de décalage en latitude, un autre marin trace sa route à fond la caisse. Quarante-sept ans de plus au compteur, mais affichant – à sa façon moins expansive – le même bonheur d’être en mer, assumant totalement cette indépendance morale et sportive sans laquelle il ne serait pas Francis Joyon. Quel bonhomme !
Et entre ces deux extrêmes, c’est le grand chassé-croisé en Atlantique… Les minis tricotent dans l’alizé, les IMOCA cherchent la porte du pot au noir et – fait remarquable – tiennent le rythme des Multi 50, tandis que les trimarans Ultimes s’élancent de Brest. Souhaitons à tous ces marins de vivre leur course avec le même enthousiasme qu’un Basile Bourgnon. Et si nos croisières sont moins intenses, nos régates moins glorieuses, n’ayons pas peur de vivre à fond ces moments de mer et de les partager sans retenue. Ces bonheurs-là sont trop précieux pour être célébrés en sourdine.