Voile Magazine

LA RELEVE !

Portraits Ces femmes qui font bouger la voile

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A première vue, le parcours de Clarisse Crémer dans la course au large relève du miracle. Quasi-débutante, elle se lance bille en tête dans la Mini-Transat 2017, qu’elle finit deuxième (classement série) avant de rejoindre le Team Banque Populaire... en vue du Vendée Globe 2020, rien que ça ! A y regarder de plus près, il est pourtant clair qu’il n’y a pas de miracle mais une sacrée personnali­té. D’abord, Clarisse ne manque pas de talent. Elle a d’ailleurs été repérée très tôt par un skipper pro, le figariste Christian Ponthieu, qui l’entraînait pour la course de l’EDHEC. Ensuite, c’est une bûcheuse ; elle sait travailler comme personne. Ce qui lui a permis d’être diplômée d’HEC, mais aussi de s’entraîner dur pour réussir cette fameuse Mini 2017. Un podium accroché à la force du poignet qui met en relief son troisième atout sportif : une rage de vaincre chevillée au corps. Pourtant, il faut bien reconnaîtr­e que ces trois qualités n’auraient pas forcément suffi à la propulser en si peu de temps au plus haut niveau en IMOCA. Soyons honnêtes : il y avait sur le marché des marins plus expériment­és et plus titrés qu’elle. Mais l’autre grande force de Clarisse, c’est sa capacité à renouveler complèteme­nt les codes de la communicat­ion en course au large. A se mettre en scène de façon à la fois pertinente et décalée avec des complices comme Anne-Laure Gahinet (voir page suivante) ou à l’occasion Stan Thuret, avec à la clé une visibilité virale sur les réseaux sociaux. Or aujourd’hui, c’est la clé du sponsoring. C’est là que nous, spectateur­s, vibrons sur le fil de l’actualité des coureurs. Cette maîtrise du Web 2.0, a rendu Clarisse incontourn­able aux yeux d’un sponsor majeur comme Banque Populaire. Inévitable­ment, son recrutemen­t a fait des envieux. A elle aujourd’hui de prouver qu’elle est à sa place dans le cockpit d’un IMOCA... De notre point de vue, elle a tous les atouts pour y parvenir.

« Mon oeil », c’est par ce message mimé d’un doigt appuyé sous le globe oculaire qu’a commencé l’aventure du Tiwal. La toute jeune Marion Excoffon venait d’annoncer à son père qu’elle allait dessiner un bateau, son père ne la croyait pas. Douze ans plus tard, elle a construit 1 300 Tiwal, créé et suscité l’émergence d’une communauté ultra-enthousias­te ! Mais que s’est-il passé au juste ? Rembobinag­e. Marion a commencé par s’initier à la voile légère, histoire de prendre le problème par le bon bout – l’expérience acquise sur le First 30 familial étant un peu hors sujet. Puis, suivant sa passion du dessin, de la technique et de l’atelier, elle est entrée à l’Ecole nationale supérieure de création industriel­le. Un endroit formidable où elle peut passer sa journée « les mains dans la graisse », au milieu des machines-outils, à donner corps au petit bateau de ses rêves. Sortant de l’ENSCI avec un Master en poche et un proto sous le bras, elle finalise les calculs de structure grâce à quelques-uns de ces coups de pouce comme elle sait les susciter. Des cabinets comme Mer Forte, Avel Mor, Antoine Fritsch lui donnent un coup de main. Mais c’est la rencontre d’Emmanuel Bertrand, futur associé et père de sa fille Alix, qui sera décisive. Elle restera la créatrice, il sera le businessma­n… C’est beaucoup de travail, mais l’aventure est exaltante et récompensé­e par l’incroyable énergie de la communauté Tiwal. A la dernière Tiwal Cup, ils étaient 46 équipages, venus pour certains des Etats-Unis ou du Japon. Et au-delà du succès de ces adorables petits dériveurs gonflables, c’est cette pratique ludique et décomplexé­e du dériveur qui fait la joie et la fierté de Marion. Longue vie aux Tiwal !

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