TENDANCES C’est bientôt, le futur?
Si le marché a retrouvé une certaine vigueur, les chantiers investissent et innovent avec prudence. Comme si, échaudés par les crises du passé, ils s’efforçaient aussi de préparer la prochaine.
C’EST UN FAIT,
le marché de la plaisance va bien. Les sourires affichés par les exposants de Cannes et de La Rochelle en disent aussi long que les chiffres communiqués par la FIN (Fédération des industries nautiques), lesquels sont on ne peut plus clairs : on a enfin dépassé le volume d’affaires d’avant la crise de 2008. Ce n’était donc qu’un mauvais rêve, tout va redevenir comme avant pour les constructeurs et les équipementiers… Vraiment ? En fait, non. Les professionnels du nautisme sont tous conscients de la fragilité de cette dynamique dans un contexte économique qu’on sait délicat et sujet à des crises financières récurrentes. A quand la prochaine ? L’étymologie est un puits de sagesse sans fond. Prenez le mot « prospérité ». Il est bâti sur pro – qui projette dans l’avenir – et spes – l’espoir, en latin. La prospérité ne rend donc pas compte du niveau de richesse ou d’aisance à un moment donné, elle reflète plutôt l’idée qu’on se fait de son avenir. La traduction économique de cette idée, c’est qu’un industriel n’investit pas parce qu’il a plein d’argent à dépenser, mais parce qu’il pense que l’avenir comporte des opportunités à saisir. Or que se passe-t-il dans la plaisance, et en particulier chez ces grands chantiers qu’on peut qualifier d’industriels ? Le Groupe Bénéteau, qui a remercié Hervé Gastinel, veut renouer avec une certaine rigueur de gestion et décale d’un an ou plus un certain nombre de projets (Océanis 40.1, First 36). Hanse continue de prolonger sa gamme de croiseurs, en rajeunissant à l’occasion tel ou tel modèle. Bavaria, après le lancement du C45 il y a deux ans, marque le pas. La prudence s’impose en somme et si les affaires vont bien, pas question de se laisser gagner par l’euphorie comme au début des années 2000. On travaille les secteurs les plus dynamiques du marché, à l’image de la location – barre en main ou à la cabine –, avec des catas de croisière toujours très demandés et des monocoques innovants à l’image du Sun Loft 47 de Jeanneau. Pour le reste, on fait de son mieux à l’export, et on voit venir.
UNE EPOQUE FORMIDABLE!
Cela étant dit, on vit quand même une époque formidable où, paradoxalement, le jeu n’a jamais été aussi ouvert. Les foilers, qui se sont imposés pour de bon en course au large, n’en finissent pas de faire des petits en voile légère, y compris à destination des clubs. Peacoq 14, Birdyfish, Foiling Dinghy, BeFoil 16… c’est une floraison ininterrompue de petites bombes à mettre entre toutes les mains – ou presque. Allez au Nautic, vous verrez tous les derniers dériveurs à moustaches ! Quant aux carènes de scow, qui règnent sur la Mini-Transat et commencent aussi à s’imposer en Class 40, elles trouvent en croisière une traduction un peu plus sage (voire « l’étrave joufflue » d’un Sun Odyssey 4100 par exemple).
Les Rêvolution 24 et 29 en aluminium restent