LA NOUVELLE EXPLORATRICE
Les guillemots sont de drôles d’oiseaux de mer. Charlotte, à la différence de son grand-père Pierre (un tour du monde à la voile), de son père Régis et de son oncle Marc a pris le large en 2016 et semble ne plus vouloir atterrir... Journaliste, elle travaille un temps dans le milieu de la course au large, puis achète un Sun Odyssey 35 baptisé
Te Reva Tua, « je pars au large » en tahitien, et prends la mer. Depuis, elle vagabonde. Voilà deux ans et demi qu’elle sillonne avec curiosité les cinq archipels de la Polynésie française. Depuis juin, elle a mis le cap sur Niue, les Tonga et les Fidji et la voilà au Vanuatu. « Je veux vivre sans frein, sans calendrier, explorer, m’enrichir et partager mes aventures. Arriver par la mer, en solitaire, c’est renouer avec les grands explorateurs et mes rencontres semblent encore plus fortes ! Je me souviens de Félicien, un jeune Polynésien avec qui j’étais partie sur un atoll inhabité, isolé et quasiment inaccessible. Notre expédition pêche s’est transformée en mission sauvetage de deux pêcheurs qui n’ont pas réussi à franchir le récif que nous avions passé la veille, non sans mal. Au village, les vieux étaient tous d’accord : le Mana, (l’énergie spirituelle) protège Félicien ». Son voyage ressemble à une aventure personnelle, égoïste. Sauf que Charlotte, toute solitaire qu’elle est, va au-devant des autres, ose prendre la passe impossible, remonter face aux vents pour nous conter un autre monde, un autre temps. « Je me souviens aussi de Kendrick, au Vanuatu. Au détour d’une conversation, je lui dis que je mange uniquement de la viande sauvage. Le lendemain, il m’attendait avec un petit cochon dont il ne manquait que la tête ! C’est cette simplicité naturelle que je recherche au bout du monde ».