Une coque, quatre possibilités
CETTE DROLE DE COQUE en polyéthylène verte, un peu extraterrestre, nous vient d’Angleterre. Pensez donc, en fonction des accessoires que l’on grée (ou non) dessus, elle prend l’aspect d’un SUP, d’un dériveur ou d’un funboard ! Sa carène large et plate sans étrave dessinée par Daniele Vitali – qui a commis l’Open Bic – adopte les lignes d’un scow large et puissant pensé pour surfer sous voiles. Son poids varie en fonction de l’activité recherchée. Sous gréement de planche à voile, le Maverick sera un peu lourd. Il s’adressera alors à un public débutant qui sera avant tout séduit par la stabilité de forme de la carène. Une stabilité recherchée pour une utilisation paddle seul, à deux, avec ou sans bagage ! Vendu en standard en tant que dériveur, le Maverick est équipé d’un safran, d’une dérive, d’une voile de 5 ou 6,25 m2 et de deux boudins gonflables assurant non pas la flottabilité, mais faisant fonction de petites assises. Si on les enlève, on obtient un stand up sailing : un dériveur sur lequel on reste debout ! Pour les autres fonctionnalités, il faut rajouter des kits : ailerons et pagaie pour le SUP à 199 €, ailerons, dérive et gréement pour la planche à 769 €.
C’EST BUDDY MELGES qui a laissé son nom et son ADN de compétiteur en tant que vainqueur de la Coupe de l’America en 1992 à cette gamme de monotypes. Il souhaitait développer un bateau performant, notamment au portant et facile à mettre en oeuvre pour régater. En 1993, le Melges 24, dessiné par le cabinet Reichel/Pugh, est avant-gardiste notamment grâce à son mât, son tangon et son voile de quille en carbone. Il est sacré dans la foulée Bateau de l’année par le magazine Sailing World et diffusé depuis à plus de 700 unités. Le chantier américain a développé depuis une large gamme de modèles, du Melges 14, un solitaire que l’on peut équiper de trois gréements différents, au Melges 40, une pure bête de course en carbone avec sa quille basculante. L’IC37, moins high-tech, est la dernière nouveauté, dessinée par Mark Mills pour le New York Yacht Club qui souhaitait renouveler sa flotte et créer une nouvelle classe pour la Rolex New York Yacht Club Invitational Cup, qui réunit des clubs internationaux et des équipages mixtes pour régater à Newport. Résultat : les 20 premières unités commandées ont fait leurs preuves et le plaisir des équipages lors de cette première saison.
ENTRE CHEZ META en 1984 à l’époque de son emblématique patron Jo Fricaud, Patrice Passinge est depuis 2005 aux commandes du chantier. L’atout maître de Méta : la réalisation de coques en Strongall, l’aluminium épais dont le brevet déposé en 1977 permet de produire des unités dotées de carènes obligatoirement à bouchains, permettant de se passer de structure interne. La production est cosmopolite. Elle comprend des voiliers, des bateaux de travail, des trawlers et, dernier en date, un Joshua pour la fille de Joseph Fricaud. Est-il besoin de rappeler que le premier du nom, désormais propriété du Musée maritime de La Rochelle, était en acier, en forme et construit grâce à l’appui du père de Jo Fricaud, Jean, avec la participation de Bernard Moitessier ? Le Joshua version 2019 est à bouchains, équipé d’un cockpit non plus central mais arrière et de deux moteurs. Pendant longtemps, Méta a travaillé en étroite collaboration avec l’architecte Michel Joubert qui avait signé les plans de Fleur Australe, le ketch de Philippe Poupon qu’il mène avec Géraldine Danon sur tous les océans du monde.
LA DEVISE DE CLAUDE MARTINUZZI utilisée pour titrer cette présentation illustre parfaitement l’aventure et l’état d’esprit qui entoure l’histoire de ce dériveur collectif proposé prêt à naviguer ou en kit. Car avant d’être un voilier, le Multimono fut à sa conception, il y a une dizaine d’années, une affaire de (re)construction d’âmes fragiles autour d’un puzzle grandeur nature (250 pièces de contreplaqué prédécoupées), puis autour des multimodes de navigation qu’il propose : voilier, rameur ou prame à moteur. Claude Martinuzzi a en effet initialement imaginé le Multimono pour lutter contre l’absentéisme scolaire. Depuis, l’unité s’est révélée non seulement un liant social pour des écoles de voile, des associations, mais surtout un support nautique très dynamique, très marin ! Car l’engin, qui ne ressemble à aucun autre avec son gréement houari, sa coque large, son ballast liquide, ses ailes de rappel et ses trois bancs de nage se révèle non seulement excitant et performant sous voiles, mais également capable de s’adapter à toutes sortes de programmes – enseignement, collectif, handicap, raid côtier, aviron et on en passe…