Les sargasses agacent!
L’affaire est tellement sérieuse qu’en octobre, le Premier ministre Edouard Philippe a fait le déplacement en Guadeloupe dans le cadre d’une conférence internationale des pays de la zone caraïbe pour signer une résolution sur les projets de recherche pour résoudre ce problème. Les sargasses ont toujours existé et forment ce que l’on appelle la mer des Sargasses, une vaste zone de 1 000 x 3 200 km située au large des Bermudes, connue des navigateurs depuis la nuit des temps. Ces algues munies d’un flotteur forment de grandes nappes et servent de refuge à de très nombreuses espèces aquatiques ; elles sont un véritable support de la biodiversité marine. Mais depuis 2011, la machine s’est emballée, la multiplication des bancs d’algues est exponentielle et ce sont des milliers de tonnes d’algues qui s’échouent régulièrement sur la côte au vent des îles de l’arc antillais jusqu’au Mexique, lui aussi très touché. Une récente étude a estimé que les sargasses couvrent une zone qui s’étend de la côte ouest de l’Afrique jusqu’au golfe du Mexique et en Floride, soit 9 000 km de long pour un poids de 20 millions de tonnes. Les raisons de cet emballement sont multiples, mais les scientifiques mettent en avant la déforestation de l’Amazonie qui charrie dans la mer, via le fleuve Amazone, d’énormes quantités de nutriments et d’engrais, mais aussi un effet du réchauffement qui fait remonter à la surface les eaux froides elles aussi chargées de nutriments… Une fois échouées sur le littoral, ces algues se décomposent et émettent du sulfure d’hydrogène (toxique) et de l’ammoniac. Que faire de ces milliers de tonnes d’algues ? Les experts préconisent un ramassage rapide à chaque échouement, vers des sites de stockage – le gaz de décomposition apparaît entre trois et sept jours. Il faut ensuite traiter ces algues, par épandage dans les champs ou compostage, mais quid des nappes phréatiques ? Les premiers tests montrent une salinité importante des sols et la présence d’arsenic après les épandages. Quant à servir de combustible, elles ont peu de pouvoir énergétique. En attendant, des satellites suivent la progression des bancs et les services de l’Etat sont mobilisés à tous les niveaux, mais pour l’instant les solutions restent embryonnaires et les moyens matériels et financiers restreints.