Voile Magazine

Ambrogio Beccaria : « Je n’ai fait que ça pendant deux ans »

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L’AUTRE MOMENT FORT de la Mini-Transat aura sans doute été l’entrée dans la baie du Marin du 3e au classement scratch, le premier bateau de série barré par Ambrogio Beccaria. Le Milanais de vingt-sept ans, président de la Classe mini italienne, confirme donc son statut de favori en remportant la catégorie série en 21 jours 21 heures et 50 minutes.

Comment devient-on marin lorsqu’on vient de Milan ?

Ma famille ne pratiquait pas du tout la voile. Mais, à l’âge de onze ans, j’ai fait un camp de vacances voile animé par des moniteurs passionnés. Ils m’ont encouragé à continuer en allant régater sur des bateaux IRC. Puis, après plusieurs succès en équipage sur Laser 4000, j’ai compris que je pouvais être performant et compétitif.

Pourquoi aller vers le mini ?

J’avais vingt et un ans, j’étais skipper de gros voiliers de propriétai­res en Italie. Des potes m’ont parlé des

Mini 6,50. Je ne connaissai­s pas. J’ai consulté des vidéos sur Youtube et j’ai alors commencé à rêver d’une Mini-Transat. Mais il fallait trouver le budget (environ 45 000 €) pour acheter un Pogo 2. J’ai alors trouvé celui de Ian (Lipinski), le n°539 que j’ai remis en état et avec lequel j’ai participé à la Mini-Transat 2017. Cette participat­ion ne sera pas un grand succès malgré une bonne première étape. Je casse le bout- dehors après le Cap- Vert et je termine la seconde en mode convoyage. Ce fut un coup dur après deux ans de préparatio­n. Il ne faut pas se faire trop de films.

Les raisons de ta victoire dans la Mini-Transat 2019 ?

Tout d’abord, avoir participé à la précédente édition aide énormément. L’expérience compte. Ensuite, je n’ai fait que ça pendant deux ans. Je ne pensais qu’à ça. Je voulais vraiment la gagner. J’ai tout donné pour la transat. Je sais que d’autres aussi ont également tout donné. Mais ce sont de petits détails qui ont fait la différence. Sur l’eau, j’ai fait moins de route et suis allé plus vite. Et pour en arriver là, j’étais tranquille, j’avais confi ance dans le bateau, dans la vitesse… Même si au départ de La Rochelle, j’étais peut-être un peu trop « chaud ». J’ai pris des risques en envoyant le spi médium dans du vent trop fort. J’ai fait un départ à l’abattée. C’était dangereux et j’ai bien failli perdre la course seulement deux heures après le départ. J’ai alors pensé à notre coach Tanguy Leglatin qui nous a souvent dit qu’il faut être le premier à réduire et le premier à renvoyer.

Ton moment le plus intense ?

Le 7e jour dans la seconde étape, j’étais à peu près au milieu de la traversée. Le vent a molli après une semaine de navigation intense à plus de 25 noeuds. Les conditions de navigation étaient plus confortabl­es. Mais rapidement, je suis entré dans une zone de grains très actifs, avec des bascules de vent allant jusqu’à 40- 50°. J’ai enchaîné les manoeuvres pendant deux jours. C’était compliqué et très humide. Il ne fallait pas lâcher. A ce moment- là, j’ai eu peur de ne plus avoir l’énergie nécessaire pour gérer le bateau.

Quelle suite envisages-tu après cette victoire ?

Je rêve de construire un Class 40 pour faire la Route du Rhum, et surtout le tour du monde en double en 2023 ( The Race Around). Je voudrais construire un nouveau bateau. Et ce sera un demi- scow ( avant arrondi). L’IMOCA me fait rêver, un peu peur aussi, mais on s’habitue à tout. Avec de l’entraîneme­nt, c’est peut-être envisageab­le !

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MINI-TRANSAT 2019 - CATEGORIE : SERIE - CLASSEMENT : 1er
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Sur son Pogo 3, Ambrogio talonne les meilleurs protos et finit 3e en temps réel !

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