Cannes refuse l’escale à tous les paquebots polluants
Cannes part en lutte contre les navires qui souillent son atmosphère. Depuis le 25 juillet, la ville fait signer une charte de protection de l’environnement aux compagnies de croisière desservant la baie de Cannes. L’objectif est d’imposer aux bateaux voulant faire escale face à la ville pour y débarquer leurs passagers de limiter la teneur en soufre de leur carburant à 0,1 %, une exigence qui va plus loin que la loi (1,5 %). Le maire David Lisnard et la Chambre de commerce et d’industrie Nice-Côte d’Azur, exploitant le Vieux-Port de Cannes, ont déjà signé la charte avec quinze compagnies dont la Norwegian Cruise Line, qui représente 40 % du trafic dans le golfe de La Napoule. Si la charte exige que les émissions de soufre soient limitées dès l’entrée dans la zone de pilotage, située derrière les îles de Lérins, elle comprend aussi d’autres engagements tel que l’interdiction d’incinérer des déchets à bord, de rejeter ses eaux usées traitées ou celles issues du système de lavage des
MOINS DE SOUFRE OU PAS D’ESCALE !
fumées (scrubbers). « Les compagnies refusant de signer cette charte se verront interdites, dès le 1er janvier 2020, de débarquer leurs passagers à terre ». En effet, la mairie ne peut empêcher les navires de mouiller dans la baie (c’est pourquoi elle demande au gouvernement d’étendre les pouvoirs de la police portuaire des mairies du littoral à la zone de mouillage), mais elle peut interdire le débarquement des passagers. Pour encourager l’application des différents de la charte sur la réduction des pollutions, une remise de 0,20 euro par passager est concédée par le gestionnaire du Vieux-Port sur les droits de port. Rappelons que les émissions de soufre sont déjà limitées à 0,1 % en mer du Nord, en Baltique et dans la Manche depuis 2015 sous la pression des Scandinaves, beaucoup plus exigeants sur le terrain environnemental . Seuls les bateaux utilisant un carburant à la bonne teneur, un scrubber, ou un système équivalent qui permet de neutraliser les gaz toxiques pourront accéder au mouillage. L’enjeu est de taille : Cannes, qui a accueilli en 2018 162 navires, est le quatrième port de croisière français et table sur plus de 400 000 touristes en escale cette année. Les croisiéristes passent en moyenne moins de cinq heures en ville, mais les retombées annuelles sont estimées à 56 millions d’euros.