Voile Magazine

EXCESS 15 Vaisseau de grand tourisme

- Texte : Olivier Péretié.

SOYONS FOUS, donc. Consommons sans modération l’XCS 15. La barre de ce grand vaisseau de 120 m2 au pont est un poil ferme et il faut un peu de conviction pour se permettre de monter jusqu’à 85° d’un vent apparent de 20-22 noeuds sous GV haute et code 0. Ce qui nous donne près de 220 m2 d’une belle toile taillée par Incidence. Elle propulse nos 19 tonnes à 12 noeuds stabilisés dans le gros clapot d’une Méditerran­ée plutôt froncée, au sud-ouest de Majorque. Aucun doute, la barre – les barres devrait-on dire, puisque cet Excess 15 en compte deux placées à l’endroit que préfèrent les amoureux de sensations à la voile : à l’arrière des coques – la barre donc du 15 est physique à cette allure. Il faut dire que la grand-voile à corne de 110 m2, dans cette version Pulse Line, accrochée à un mât qui grimpe à près de trente mètres de haut, cette grand-voile « parle ». Très élancée, très étroite, très reculée, cette superbe aile souple est également très efficace, au risque d’agir en gouvernail aérien. Heureuseme­nt, dompter sa puissance avec le tambour électrique du chariot d’écoute est un jeu d’enfant.

Au près, dans ces conditions – le début de la force 5 – la sagesse conseille de prendre un ris, une formalité avec les doubles winches électrique­s tribord sur lequel reviennent drisse, écoute et bosse de ris automatiqu­e. Le code 0 roulé, le solent autovireur à écoute simple déroulé et bordé à l’aide du même winch, le « 15 » avale à grandes enjambées les marches levées par le vent contre-courant : 8 noeuds à 50 degrés du vent réel… On fait de la voile, de la belle voile. Pas de ces tristes batailles perdues à remonter le vent appuyé au moteur, propres à la majorité des lourds bi-coques de croisière.

ON PASSE EN PUISSANCE

Les étraves volumineus­es cognent parfois mais la progressio­n se fait en puissance, sans cet horripilan­t dandinemen­t si courant dans la catégorie. Tel est l’avantage de la nacelle compacte et du gréement placé au centre de gravité. Les Excess entendent séduire trois nouvelles clientèles : les jeunes adultes à la recherche de spots ensoleillé­s pour toutes sortes de glisse, les habitués des catas de croisière et autres retraités, désireux de mettre un peu de sel dans leurs navigation­s, et les récents convertis venant du monocoque. A ces trois tribus, le Groupe Bénéteau a voulu offrir plus de sensations, plus de performanc­e et plus de simplicité. Ici, pas de lourd flybridge qui isole le barreur et moins d’aménagemen­ts sophistiqu­és. Enfin… juste un peu moins.

A vrai dire, on est un peu surpris d’apprendre que le 15 partage toute sa partie inférieure avec les Lagoon. Seuls bordés, pont et nacelle diffèrent. Du coup, ce 15 est certes plus léger de près d’un millier de kilos que le Lagoon 50… mais on pouvait s’attendre à mieux, pour un engin qui approche les vingt tonnes en configurat­ion grande croisière. Du coup, on est loin d’un véritable multi de performanc­e. Ici, on cherche autre chose. Comme on barre près de l’eau, avec tout le bateau devant soi, on a le plaisir de sentir la mer filer à grande vitesse le long du bordé et la bête réagir à la barre. Mais soyons clairs, le 15 n’est pas du tout un cata de sport.

Il reste un vaisseau de grand tourisme capable d’accueillir jusqu’à six cabines – l’idée étant que les quadras d’aujourd’hui ne rechignent pas, au contraire, à mettre leur bateau en gestion chez un loueur. Avec un vaste cockpit équipé d’un toit souple et ouvrant – vue imprenable sur la GV – et de l’inévitable frigo (en option), un immense carré-salon avec vue à 360° sur la mer à travers des baies vitrées non fumées. Les hédonistes garniront ce salon d’une cave à vin, d’un micro-ondes, d’une TV grand écran, etc. Ils profiteron­t de cabines bien pensées avec grandes salles de bains et rangements suffisants, le tout dans une ambiance remarquabl­ement épurée, d’inspiratio­n japonaise.

La propositio­n est cohérente : il s’agit d’échapper à l’uniformité des unités configurée­s charter. La nuit, tous les « cats » sont gris. Le jour ils sont assurément tous blancs. Les Excess tranchent. Leur design extérieur signé Patrick Le Quément est nerveux : coques à tonture inversée couleur ardoise claire soulignées d’un pli un rien agressif, nacelles courtes et roufs « flottants », gréement élancé et ponts dégagés, voilà une esthétique dynamique propre à flatter les futurs propriétai­res… L’intérieur griffé Nauta jouant la sérénité, on voit que contrairem­ent à ce que leur nom indique, les Excess ne sont en rien une invitation à l’outrance. Juste un pari sur l’émotion.

Changement de style et de philosophi­e, en attendant une nouveauté 100 % Excess.

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 ??  ?? L’excess 15 porte pas moins de 221,50 m2 au portant pour un tirant d’air de 27,90 m.
L’excess 15 porte pas moins de 221,50 m2 au portant pour un tirant d’air de 27,90 m.
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 ??  ?? Le carré surélevé : une innovation qu’on ne trouve pas chez Lagoon, pour une meilleure vue sur mer.
Le carré surélevé : une innovation qu’on ne trouve pas chez Lagoon, pour une meilleure vue sur mer.

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