Le chouchou des lecteurs
IL EN ETONNE plus d’un, il en décontenance certains, mais il finit toujours par séduire la majorité. C’est ce qui s’est passé durant notre élection puisque jurés et lecteurs ont craqué pour les atouts nautiques et pratiques du Mojito 1088. Il remporte ainsi le Prix des Lecteurs 2020 et rate de peu le titre de Voilier de l’année, ce qui n’est pas étonnant lorsqu’on se rappelle que le même concept décliné en 8,88 m s’était imposé dans notre élection 2014. Un succès qui tient en deux mots : performance et art de vivre. Des qualités nautiques que les conditions sportives de notre élection ont mises en avant de façon spectaculaire. Car sous code 0, dans la brise, le Mojito 1088 s’envole ! Rappelons que le Mojito est le faux jumeau du Malango 1088. Même coup de crayon de l’architecte Pierre Rolland, même longs bouchains saillants, même quille pivotante, même paire de safrans, même largeur, même rapport déplacement/lest.
VUE SUR MER
Seul le pont les distingue avec ce fameux rouf panoramique (voir VM n°284) qui agrémente celui du Mojito et confère à ses aménagements vue sur mer et luminosité incomparables. Mais c’est sur le pont et la barre en main que se juge le Mojito, or à bord on se bat pour la tenir ! Le Mojito à l’ADN de la Mini-Transat en lui : son architecte Pierre Rolland fut un des grands noms de cette course en tant que coureur (trois éditions) et qu’architecte (premier Pogo). Quant à son constructeur Denis Bourbigot, il a longtemps travaillé dans la course au large. Cela explique l’ergonomie du cockpit qui réserve une belle place au barreur légèrement excentré, mais bien installé, bien calé. Ce dernier opère avec une barre parlante tout en profitant d’une vue dégagée dans le prolongement du large passavant sur la route à suivre. Sous sa main, le contrôle de la GV (chariot et écoute) tandis que l’écoute de génois sur autovireur revient au niveau du rouf et celles des voiles de portant sur deux gros winches positionnés
sur les hiloires non loin de lui. On manoeuvre ainsi loin du bordé et des embruns, à l’abri du rouf, dans le cockpit. Une configuration idéale pour les navigations hauturières en équipage réduit. Car la croisière (rapide) est son point fort avec beaucoup d’attention portée pour faciliter celle-ci. Le bon comportement en mer en fait partie, autant qu’un « tunnel » capable d’accueillir sous le cockpit une petite annexe gonflée. Sans oublier la capacité à se moquer des coefficients de marée grâce au tirant d’eau réduit de la quille relevable ou la possibilité de s’échouer simplement avec ses béquilles intégrées. En bref, un voilier aussi grisant à barrer dans la brise que plaisant à échouer dans la pétole !