AU VANUATU ET NULLE PART AILLEURS...
Même si les européens ont introduit leur modèle social depuis le XIXe siècle, la loi coutumière ou « kastom » reste particulièrement respectée au Vanuatu, et bien plus crainte que la justice moderne. Son organisation est très hiérarchisée, le pouvoir étant réparti entre les grandes chefferies et les « petits chefs » (plus de 300, par exemple, sur l’île de Santo). Beaucoup de décisions (partage des terres, mariages, justice…) dépendent de ces règles ancestrales, ce qui peut créer également de lourds conflits intergénérationnels. Pour les voiliers de passage, il est très important, à l’arrivée à un mouillage, de se rendre à terre avec une offrande (souvent un « manu » – pièce de tissu – accompagné d’un billet ou de tabac), et de le présenter humblement au chef coutumier local. Celui-ci peut alors valider (ou non) notre présence. Attention, le non-respect de cette tradition peut entraîner des réactions hostiles. Plus étonnant encore, le mythe de John Frum est une sorte de religion présente sur l’île de Tana. Elle déifie un homme providentiel, qui aurait prévu l’arrivée des Américains lors de la guerre du Pacifique, censé revenir un 15 février à bord d’un cargo chargé de marchandises. Si ce mythe est à l’origine une réaction face à la colonisation par les Occidentaux, il est aujourd’hui devenu une vraie religion, prônant l’entraide et le travail bénévole pour la communauté, possédant ses symboles (la croix rouge des ambulances des GI’s et le drapeau américain !) et ses cérémonies. Nous assisterons, à Sulphur Bay, à une sorte de messe, où les adeptes locaux se réunissent pour chanter à la gloire de John Frum dans une catharsis impressionnante.