Voile Magazine

Le monde d’après, c’est maintenant

- François-Xavier de Crécy

Pour réaliser le magazine que vous avez entre les mains, nous avons dû relever deux défis. D’abord le faire, tout simplement, en restant chez nous puisque c’est le mot d’ordre sur une bonne partie de la planète, et ensuite… Ne pas vous parler du Coronaviru­s – ou le moins possible. De fait, la crise sanitaire imprègne tellement l’actualité qu’il est impossible de faire réellement l’impasse sur le Covid, au risque de faire l’autruche. Mais nous avons pris le parti de nous polariser non sur les tristes tribulatio­ns en cours, mais sur l’après-crise. Sur ce fameux monde d’après dont on rêve tous.

Le monde d’après, c’est pourtant tout sauf un rêve : c’est très concret et ça commence tout de suite. Pour nous, c’est d’abord un monde durable, d’où la thématique de ce numéro. C’est-à-dire qu’il ne consomme pas plus de matériaux et d’énergie que la Terre ne peut en produire, ne produit pas plus de déchets qu’elle ne peut en absorber. Une évidence ? Pas vraiment si l’on considère ce qui se fait, dans la plaisance et ailleurs, depuis cinquante ans. On ne peut plus consommer de la plaisance comme on consommait des loisirs, sans recul ni modération. Le bateau de demain se pense en cycle de vie et en intensité d’usage. Fini, les voiliers qui restent au port onze mois et demi par an, fini, le bateau jetable : vive l’utilisatio­n collaborat­ive et le refit ! La plaisance du monde d’après, c’est aussi un mode de vie qui ne pèse pas sur la planète bleue, à terre comme en mer. De ce point de vue, ceux qui naviguent sont à bonne école. Economiser l’eau ? Renouveler l’énergie ? On sait faire… Naviguer dans le monde d’après, c’est enfin et surtout garder la pêche ! Car on peut très bien naviguer responsabl­e sans punir l’équipage et sans faire la morale aux voisins de ponton. On sera même surpris de constater à quel point l’art de naviguer léger rend joyeux. Un indice ? Le bon sourire de Corentin de Chatelperr­on, ses blagues de potache… La décroissan­ce lugubre, c’est pas son truc ! Et il a raison d’être joyeux, Corentin. Parce que le monde d’après n’est pas forcément plus petit, contraint, difficile. Bien au contraire, il ouvre des perspectiv­es extraordin­aires. C’est à nous et à personne d’autre de le rendre désirable, inspirant et tout simplement mieux que celui d’avant !

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Sur Nomade des Mers, l’équipe du Low-Tech Lab invente la plaisance de demain

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