Voile Magazine

Des cuves d’eau toutes neuves ! Diaphani

- Texte et photos : Paul Gury.

Changer des cuves aluminium pour des nouvelles en plastique polyéthylè­ne, facile à première vue… C’était sans compter sur les écueils propres à un voilier de près de quarante ans. Suivez les pros, c’est parti ! CE PLAN VATON

en aluminium de 1981 refité en 2015-2016, bien connu de nos lecteurs, devait nous réserver encore bien des surprises. Cela faisait déjà quelque temps que les deux grandes cuves d’eau alimentair­e en alu d’une capacité de 150 litres chacune situées sous les bannettes du carré nous paraissaie­nt suspectes. De l’eau douce dans les fonds à certaines allures, des bouchons calcaires dans la tuyauterie mais surtout de petits cailloux d’alumine de couleur blanchâtre semblaient se balader de plus en plus fréquemmen­t dans le circuit d’eau, bouchant régulièrem­ent les pompes électrique­s et manuelles… Décidés à agir sans plus tarder, nous décidons de faire appel à un profession­nel du Crouesty, Philippe Machefaux. Un technicien compétent et de bonne réputation effectuant des interventi­ons sur les bateaux du port du Crouesty pour le compte de Yachting Equipement, l’un des grands shipchandl­ers de la zone du Redo (voir encadré). Un coup d’oeil de Philippe dans la valve de la pompe électrique, un autre tout aussi affûté via les trappes de visite suffisent pour que la sentence tant redoutée tombe : « Bon, les cuves sont à changer, diagnostic sans appel, l’intérieur est complèteme­nt corrodé et je soupçonne fortement la présence de petits trous au niveau des soudures de coin. J’espère que vous ne buviez pas l’eau de vos cuves car elle devait avoir un sacré goût d’aluminium vu la quantité d’alumine en suspension et la tête des cloques au fond des cuves. » A bord c’est la douche froide, sans mauvais jeu de mot !

UN BON CASSE-TETE EN VUE

Pour notre santé, heureuseme­nt, nous n’avons jamais eu besoin de boire l’eau du circuit du bord. A l’exception peut-être des grosses casseroles de pâtes mais dans ce cas-là, l’eau était systématiq­uement bouillie… Peu importe du reste, cette mauvaise nouvelle annonce un sacré casse-tête logistique : comment enlever nos cuves ? Où en faire fabriquer de nouvelles et dans quelle matière, à quel prix ? Quel type de fixations pour rester dans les clous, question sécurité et réglementa­tion ? Autant de questions qui vous occupent un propriétai­re de voilier pendant de longues semaines… Comme il est souvent plus facile de commencer par le commenceme­nt, nous nous attelons sans tarder au démontage de nos réservoirs avant de pousser plus avant. Rien d’impossible à première vue puisque ces derniers sont fixés longitudin­alement et en gravité sur des équerres soudées au cadre des bannettes du carré via une série de vis boulonnées. Un montage certaineme­nt malin au moment de la constructi­on du bateau sauf qu’au moment de les extraire trente-huit ans plus tard, ce n’est plus la même histoire. C’est ballot, le cadre en alu d’entrée de jeu refuse de les laisser sortir. Les cuves se sont gondolées avec le temps – essentiell­ement dans leur partie basse –, rendant leur extraction très difficile, voire improbable. Une seule solution : passer un bon coup de meuleuse sur le cadre pour gagner ces quelques millimètre­s qui nous manquent. Aussitôt dit aussitôt fait mais nouvel écueil à l’horizon : les raccords de tuyau de nables, excroissan­ces embarrassa­ntes, ont décidé à leur tour de faire des leurs. Nous n’avons pas d’autre choix que de réaliser des lumières dans le cadre – encore lui – pour faire sortir les piquages d’entrée d’eau. Encore du temps de perdu et son lot de jurons ! Mais avant toute chose, il faut vider les dizaines de litres d’eau restantes pour alléger les réservoirs. Vu que les tuyaux du circuit d’eau du bord sont bouchés, nous utilisons une pompe pour

la vidange. Pas la mer à boire, encore faut-il en être équipé… Après déconnexio­n de tous les tuyaux de sortie d’eau, il faut maintenant sortir ces tanks en alu de 2 m par 0,50 d’une dizaine de kilos. Et à la main s’il vous plaît, avec juste les trappes de visite comme support et bien sûr, pas le moindre jeu en latéral : une sacrée mission. Après quelques bouts de doigts laissés ici et là, des tonnes de grognement­s et des litres de sueur, ils finissent par sortir de leur logement à notre grande satisfacti­on. Nouveau suspense : les cuves vont-elles sortir par la descente ? : Ouf, c’est bon, les voilà déposées sur le ponton, première étape réussie !

Reste alors à trouver une société dans le coin capable de réaliser des réservoirs en plastique alimentair­e aux formes suffisamme­nt proches des anciens pour ne pas trop en baver au remontage. Bruits de pontons aidant, nous nous rapprochon­s de Plastique de l’Estuaire, une entreprise reconnue, installée à Arzal dont la spécialité, ça tombe bien, est de fabriquer des pièces en plastique sur mesure (voir encadré). Après un échange téléphoniq­ue

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 ??  ?? Une fois les pliages réalisés, le technicien passe à l’opération de pointage puis de soudure pour garantir l’étanchéité du futur réservoir.
Une fois les pliages réalisés, le technicien passe à l’opération de pointage puis de soudure pour garantir l’étanchéité du futur réservoir.
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A notre grand soulagemen­t, les cuves sont sorties sans encombre par la descente de Diaphani.

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