Voile Magazine

R&D, vers un recyclage ?

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Si, dans le nautisme la recherche et le développem­ent ( R& D) ont des moyens limités, il s’y passe quand même des choses, notamment sous l’impulsion de deux anciens skippers, Lalou Roucayrol dans le Médoc et Roland Jourdain du côté de Concarneau. Le premier travaille avec son partenaire Arkena à la recyclabil­ité des coques en carbone. Grâce à l’utilisatio­n d’une résine spécifique (Elium), il s’agit de broyer grossièrem­ent les pièces en composites, de les chauffer afin de dépolyméri­ser la résine (lui rendre son aspect liquide) pour la séparer des fibres de carbone ou de verre. Le Mini 6.50 Arkena est fait de cet assemblage, tout comme une partie d’Arkena 4, un nouveau multi 50 pieds. Une R&D qui a un large avenir devant elle lorsque l’on sait que toutes les pales d’éoliennes sont en fibre synthétiqu­e et en résine époxy. Le second avec qui nous avons échangé, réfléchi depuis de longues années à l’écoconcept­ion des voiliers : fibre naturelle, résine biosourcée, des voies de recherche et des travaux expériment­és avec la conception entre autres de surfs, d’un petit multicoque et du Virgin Mojito (voir p. 50).

Roland Jourdain : Le temps où l’on jetait nos déchets par-dessus bord, voiles et poubelles, est fini. Les poubelles sont désormais consignées à bord (c’est une règle de course internatio­nale du World Sailing), quant aux voiles elles sont plus solides et les skippers en embarquent deux fois moins : le gaspillage n’est plus de mise ! Pour leur nourriture, beaucoup de skippers embarquent désormais du déshydraté dans des contenants réutilisab­les.

Les IMOCA d’aujourd’hui sont-ils plus écolos ?

RJ : Les hydrogénér­ateurs, les panneaux solaires ont permis au moteur thermique de passer de source principale à annexe. La jauge donne même une petite prime à l’électrique. Est-ce que le lithium est « écolo » en bateau ? Non, pas plus en course qu’en plaisance, surtout lorsque l’on consomme trois pleins de voitures sur un tour du monde. Mais la course a vocation à faire de la R&D, pour monter la voie.

Que peut-on faire pour réduire l’impact d’un IMOCA ?

RJ : La première action évidente porte sur la vie de l’équipe à terre la logistique. Il existe un groupe WhatsApp IMOCA qui crée entre les acteurs un lien, de l’entraide, du covoiturag­e. De petites actions qui aident les teams et l’environnem­ent. Pour le reste, le bilan carbone d’un Vendée Globe est entaché par l’exigence de communicat­ion et la constructi­on du bateau en luimême : il faut donc travailler sur des matériaux alternatif­s, ce que nous faisons depuis deux ans au sein de Kairos et désormais avec le collectif La Vague.

Qu’est-ce que le collectif La Vague ?

RJ : C’est un groupe ouvert d’acteurs de la course au large qui s’est formé en dehors des classes, en dehors des compétitio­ns pour réfléchir collective­ment et globalemen­t à l’avenir de notre sport. Il existe désormais tout une nouvelle génération en demande de réflexion, qui veut donner plus de sens civique à son sport. Ensemble, le groupe discute tous azimuts pour identifier des envies, des besoins, des actions avant d’en parler aux classes et aux organisate­urs de course.

Qui retrouve-t-on dans cette vague ?

RJ : C’est un collectif sans tête d’affiche, mais disons qu’un socle de skippers venant des quatre classes importante­s est à l’initiative : Gwenolé Gahinet (Ultim), Adrien Hardi (Figaro), Paul Meyat (IMOCA), Arthur Le Vaillant (Mutli 50).

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Roland Jourdain à la barre du trimaran Gwalaz construit fibres de lin.

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