Sale temps pour les voyageurs
Pour tous les navigateurs, qu’ils soient en partance ou sur le retour d’un grand voyage, la période n’aura pas été facile… Nombreux sont les voyages qui ont été reportés devant la fermeture des frontières, ou interrompus. Aux Antilles, la fermeture immédiate des îles anglo-saxonnes puis françaises, le retour au port de toutes les unités de location, l’impossibilité pour les propriétaires de quitter l’Europe pour retrouver leur voilier ont vite saturé mouillages et marinas. Ajoutez à cela une saison qui avance et des assureurs peu enclins à couvrir le début de la saison cyclonique, et voilà que les demandes de retour par cargo ont explosé ! Le leader du secteur, Seven Stars, a dû affréter en mai un cargo « spécial Covid » pour rapatrier 47 voiliers de la Martinique à Brest... Différents sons de cloches nous sont revenus des plaisanciers en voyage. Nous continuons de recevoir des messages positifs d’amis en cours de transat vers les Açores ou en escale aux Bermudes, aux Bahamas, aux Marquises, au Bélize, aux Bahamas, au Costa Rica et même au Japon. La pandémie et ses restrictions impactent leurs déplacements, leur vie quotidienne, mais la solidarité entre gens du voyage s’organise, renforçant plus encore les liens entre « bateaux copains ». Ils ne sauraient cependant occulter d’autres témoignages qui évoquent la crainte de l’autre et de la maladie. Forte tension en début du confinement, quand les informations parcellaires rapportaient une planète confinée pendant que le mouillage était survolé et contrôlé quotidiennement par les Douanes... Une tension palpable, qui est néanmoins retombée lorsque les préfectures ont communiqué sur l’absence de risques liés aux plaisanciers. Mais comprenons les îliens face à une armada de plusieurs centaines de voiliers dispatchés dans une poignée de mouillages. Ces craintes et ces malentendus ont fait les gros titres de la presse dans le Pacifique où l’Association des voiliers de Polynésie a dû officiellement dénoncer le mauvais accueil dont seraient victimes les plaisanciers, demandant aux collectivités d’intervenir pour apaiser les esprits. L’association rapporte en effet « les procès d’intention et les menaces dont seraient victimes les navigateurs faisant relâche dans certaines baies de Polynésie depuis le début de la crise du coronavirus. » Rappelons au passage que les plaisanciers seront probablement cette année les seuls touristes. Une manne essentielle à la région et une remarque qui vaut aussi dans l’arc antillais. Mais depuis, avec le temps et le déconfinement progressif, si voyager n’est pas plus simple, une entraide réelle s’est établie entre commerçants, îliens et circumnavigateurs même si certaines îles telles que les Bermudes font encore observer aux plaisanciers en escale une quatorzaine stricte… qu’on arrive de Nassau ou d’une île déserte !
LES RETOURS EN CARGO EXPLOSENT