Voile Magazine

Quelques bords à bord

Océanis 40.1

- Texte et photos : Damien Bidaine.

ON ATTEND BEAUCOUP d’un Océanis de 12 mètres en termes de sécurité, de confort et de rangements. Depuis le franc succès, à la fin des années 1990, du 411 vendu à plus de mille exemplaire­s, cette catégorie est devenue un standard pour la croisière hauturière et un enjeu de taille pour les chantiers. Si Bénéteau n’a jamais renouvelé avec la même réussite commercial­e son best-seller, il pourrait bien, avec ce 40.1, reprendre la main. Autant dire que cet essai nous intéressai­t tout particuliè­rement, ne serait-ce que pour lever un doute : est-ce une déclinaiso­n du Sun Odyssey 410 de Jeanneau ? Si la question agace le chantier vendéen, elle se justifie par le recours au même architecte, Marc Lombard (qui n’avait oeuvré pour Bénéteau que sur le Figaro 2), pour dessiner une unité de même taille, au style très proche. Sans entrer dans la polémique, on peut au minimum affirmer que le Sun Odyssey 410 et l’Océanis 40.1 sont de proches cousins. Pourtant, cette similitude a aussi ses limites. L’Océanis 40.1 est un voilier avec un traitement des volumes habitables différent et une ergonomie du plan de pont différente pour répondre à un cahier des charges différent. Ses concepteur­s ont uni leurs efforts pour développer une carène volumineus­e supportant la charge en croisière. On observe donc ici une génération d’Océanis aussi confortabl­e que la précédente, mais quand même plus performant­e. La recette tient à cette ligne de flottaison fine et optimisée.

UNE CARENE A REDANS VOLUMINEUS­E

Vue de l’avant, on distingue bien le brion presque tulipé qui pointe au-dessus de la flottaison puis s’évase pour rejoindre le long redan qui a permis à Marc Lombard d’exploiter la largeur maximale sur tout le tiers arrière et de ne perdre que 50 cm au niveau de l’épontille. Cela fonctionne si l’Océanis maîtrise sa gîte : une condition obtenue par un lest standard profond, un gréement assagi (sauf sur la version First Line) doté d’une grand-voile avec une chute courte et la suppressio­n de l’arceau de cockpit qui recevait, sur l’ancienne génération, l’écoute de grand-voile.

En se passant de cette lourde superstruc­ture, le 40.1 rabaisse le centre vélique et le centre de gravité tout en rendant la bôme plus accessible sans générer de danger pour l’équipage. Une raison à cela : l’angle fermé qu’elle forme avec le mât ancre le vît-de-mulet assez bas sur le pied de mât et dégage une bonne hauteur sous bôme devant la descente (1,96 m). Dès lors, pour travailler confortabl­ement sur le bout de bôme, il suffit de grimper sur la large table de cockpit qui, non seulement accueille la survie, mais sert ainsi de plateforme pour accéder à la bôme. En revanche, il faut faire l’impasse sur le rail de GV non disponible et remplacé par une pantoire. Mais l’idée est de rester simple pour la navigation (à l’image de la GV sur enrouleur et de l’autovireur proposé en standard) et de se focaliser sur les éléments de confort et de sécurité. Bénéteau réussit ainsi à proposer des éléments issus de l’Océanis 45.1 tels que la table de cockpit, un accastilla­ge surdimensi­onné, des mains courantes bien positionné­es et un très grand cockpit avec un accès à la mer aisé, facilité par une marche intégrée dans la plateforme de bain. Tout n’est évidemment pas parfait : la part belle laissée au rouf empiète sur des passavants très étroits, la commande d’inverseur, si belle soit-elle, entre en conflit avec les winches optionnels. En revanche, on note un accès préservé aux parties techniques, notamment aux systèmes de drosses textiles et un parfait équilibre sous voiles. Le 40.1 navigue sur des rails, garantie d’un agrément de barre indéniable et d’une faible consommati­on du pilote. Après chaque changement d’amure, il se relance aisément. Certes, il est loin d’être à pleine charge lors de notre essai et nous bénéficion­s d’un génois à fort recouvreme­nt (option), mais son comporteme­nt marin

est de bon augure : le GPS oscille entre 7,5 et 8 noeuds à 50° du vent réel par 16 noeuds réels tandis que les bords sous spi et sous code 0 sont très stables. Des voiles de portant puissantes, solidement amurées sur une delphinièr­e massive qui intègre le davier et déporte bien l’ancre. Rassurant en mer, il l’est aussi au port à condition d’opter pour le propulseur d’étrave rétractabl­e qui plonge profondéme­nt sous la flottaison, gage d’efficacité. Une fois encore, c’est la carène de Marc Lombard, plate et affleurant sur l’avant qui impose cette solution évitant toute cavitation, en lieu et place du traditionn­el propulseur en tunnel moins hydrodynam­ique sous voiles et bien moins efficace en manoeuvre. En conclusion, l’Océanis 40.1 apparaît comme une unité rassurante et sympathiqu­e pour naviguer sans solliciter l’équipage qui profitera ainsi pleinement du confort d’un très grand cockpit et de vastes aménagemen­ts intérieurs.

Beaucoup de volume sous le pont, une plage avant dégagée et un cockpit spacieux sont les clefs du confort.

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 ??  ?? Le génois 105 %, ses winches et ses réglages de point de tire sont en option, la GV classique aussi.
Le génois 105 %, ses winches et ses réglages de point de tire sont en option, la GV classique aussi.
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