Voile Magazine

« Il m’a dit : exagère ! »

On connaît bien Paolo, fidèle du Grand Pavois et de l’élection du Voilier de l’année où ses plans construits par le Chantier des Ileaux font toujours forte impression sur les lecteurs et le jury… Il nous en dit plus sur le projet Paja.

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Comment a commencé ce projet avec Jacky Setton ?

Il m’a appelé en octobre, je ne sais même pas comment il a entendu parler de moi. Je sais que le Polar Bear a fait forte impression aux Régates classiques de Noirmoutie­r où couraient un certain nombre de relations de Jacky Setton. Peut-être certains concurrent­s lui ont-ils parlé de ce bateau, et de moi. Par ailleurs il a toujours aimé les bateaux étroits, à l’image du Polar Bear précisémen­t, et il réside une partie de l’année en Sardaigne, où j’habite… Quand il m’a contacté en tout cas, ce fut pour me demander un day-boat radical, très étroit, très rapide, mais suffisamme­nt simple et stable – grâce à sa quille – pour être mené facilement par un homme seul. Ce bateau devait aussi être très solide, car Jacky aime la brise, le près, et tire beaucoup sur ses bateaux. Autre critère très important, voire rédhibitoi­re : le bateau ne devait jamais taper dans la mer, y compris dans le clapot court redoutable des bouches de Bonifacio !

Un sacré cahier des charges… Comment t’en es-tu sorti ?

Jacky Setton est exigeant, c’est vrai, mais il sait faire confiance. Il voulait un bateau radical et il savait que j’aimais ce concept très étroit et très lesté. Alors il m’a dit : « N’hésite pas, si tu peux exagérer, exagère… » J’ai adoré ça car j’ai plutôt l’habitude que les constructe­urs me tempèrent ! J’ai vite compris qu’il ne voulait pas un bateau pour frimer devant ses amis et qu’il savait de quoi il parlait, ce qui a ses avantages et ses inconvénie­nts. On a dû faire une quarantain­e de projets pour le plan de pont. Certains prévoyaien­t d’ailleurs un « vrai » pont, et même un petit rouf… Finalement, il a préféré ce plan de pont dépouillé en creux, toujours dans le principe d’une certaine radicalité et de garder un bateau extrêmemen­t simple.

Techniquem­ent, quelle était la difficulté ?

Jacky Setton est quelqu’un qui n’aime pas choquer. Il fallait donc que le bateau tolère éventuelle­ment des angles de gîte importants sans devenir dur à la barre, et sans demander des angles de barre importants. Ce n’est pas évident à faire sur un bateau étroit, mais au vu des premiers essais j’ai l’impression qu’on s’en est bien sortis. Reste à valider qu’il remonte le vent selon les angles prévus par les polaires, à savoir 25° du vent apparent. L’autre difficulté était logistique. En plein confinemen­t généralisé, courant avril, on avait la coque en Bretagne, la quille en Angleterre, le mât en Roumanie et les voiles en Italie… C’était chaud.

Mais travailler avec des pros du niveau des gens de Multiplast aplanit pas mal de difficulté­s, et en fin de compte on livre dans les délais !

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Paolo Bua, ici à la barre du Polar Bear, a un faible pour les bateaux étroits.

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