Et surtout, prenez votre temps !

On aura tout vu, sous le règne de cette satanée Covid. Un Spi Ouest en septembre – en même temps que Roland Garros –, une élection du Voilier de l’année sans Grand Pavois, un Voile Mag’ Spécial Salon sans salon… et maintenant, un départ de Vendée Globe sans public. Il risque d’être long à descendre pour les marins en partance, ce sacré chenal plongé dans le silence. A l’heure où j’écris ces lignes, soit quatre jours avant, les solitaires le sont déjà ; confinés dans leur bulle sanitaire avec tout au plus quelques proches. Dimanche 8 novembre, 13h02 : c’est pour eux une échéance, plus vraiment une fête. Mais une délivrance, sans doute. Parce que ce coup de canon, même en petit comité, est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Et aussi parce qu’à tout prendre, c’est une rudement bonne idée de passer en mer les trois mois qui viennent ! Loin des coronavirus de tous poils, et loin d’autres virus contemporains ô combien contagieux comme l’intolérance aux complications mortifères, le populisme décomplexé et quelques autres… Partir, tout donner, se faire mal certes, mais dans un monde simple et vrai, où la violence des éléments vous grandit, où le mensonge n’a pas sa place. Et revenir, qui sait, quand tout ira mieux ?

En prenant le départ loin des yeux mais pas des coeurs, les coureurs du Vendée Globe vont aussi renouer, bien malgré eux, avec l’essence de la course au large. Comme s’ils avaient topé au coin d’un bar ou dans l’arrière-salle d’une taverne, comme si tout cela n’était qu’une histoire de marins, c’est-à-dire rien de très sérieux. Juste une bravade lancée à la cantonade. « J’irai plus vite que vous tous autour du monde, on parie ? » Tenu. Naviguez en bons marins et n’allez pas trop vite quand même, car ici la chienlit pourrait durer un peu ! Et ne vous en faites pas pour nous, on va s’occuper intelligemment, rêver à nos futurs bateaux, nos futures virées… Au printemps, c’est promis, on ira naviguer et vous nous raconterez vos aventures au mouillage dans la lumière dorée des longues soirées de mai… On parie ? Tenu.