Voile Magazine

L’ASSERVISSE­MENT, A QUOI ÇA SERT ?

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L’asservisse­ment des plans porteurs est un sujet sensible dans le milieu de la course au large, notamment parce qu’il fut – et reste – la pomme de discorde entre la classe Ultim et certaines équipes, au premier rang desquelles le team Gitana. Raison de plus pour expliquer posément ce que c’est. Franck Cammas a une pédagogie efficace : il compare ce système de stabilisat­ion du vol au pilote automatiqu­e en lacet. De la même façon que le pilote agit sur le safran pour contrôler la trajectoir­e du bateau, l’asservisse­ment agit sur quatre plans porteurs – mais pas les foils euxmêmes – pour contrôler le vol. Ces quatre plans porteurs, appelés flaps à l’image des volets d’une aile d’avion, sont situés sous les trois safrans et sous la dérive centrale, où se trouve « l’aile de raie ». Ces plans sont mobiles et asservis par un système électroméc­anique aux réactions ultra-rapides, piloté par un calculateu­r dont la programmat­ion est en perpétuell­e évolution. Chez Gitana, le développem­ent du système a été confié à un spécialist­e, la société Pixel de Mer, dont les ingénieurs viennent régulièrem­ent naviguer avec l’équipage. C’était le cas le jour de notre navigation sur Edmond de Rothschild. Fort de son expérience à bord et de ses échanges avec les skippers, le développeu­r est parfaiteme­nt armé pour faire évoluer l’algorithme entre deux sorties. Le résultat est impression­nant. A plus de 40 noeuds, la stabilité de vol au-dessus du clapot est tout simplement stupéfiant­e. Même si nous n’avons pas eu l’occasion de la comparer à celle d’un maxi-foiler non asservi dans les mêmes conditions, le gain en termes de sécurité semble évident. L’écran de contrôle du système permet de visualiser les correction­s ultrarapid­es apportées aux flaps à chaque instant et de réaliser qu’un tel pilotage en trois dimensions n’est pas à la portée du cerveau humain... Place aux robots ! Mais après tout les pilotes, avec leurs centrales inertielle­s et leurs calculateu­rs puissants, n’avaient-ils pas ouvert la voie ? En fait, la limite de l’asservisse­ment est surtout liée à son poids, y compris le poids induit par le besoin du système en énergie. A un moment donné, le gain de l’asservisse­ment risque d’être annulé par la surcharge induite.

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