VENDEE GLOBE 2020 Drôle de départ
Dimanche 8 novembre, les 33 concurrents ont descendu le chenal des Sables à huis clos, sans supporters pour les encourager. Une triste première dans l’histoire du Vendée Globe… Mais la course reste belle et le plateau extraordinaire !
A L’HEURE OU
nous écrivons ces lignes, l’épidémie de Covid 19 a finalement eu raison du village et de la belle ambiance populaire qui l’anime chaque année. Confinement oblige, l’organisation a dû réduire les déplacements sur le ponton d’honneur des Sables au strict minimum. Et le jour du départ, seules les équipes des marins, les membres de l’organisation du Vendée Globe et les journalistes accrédités pourront jouir du spectacle des IMOCA quittant la Vendée pour un tour du monde sans escale et sans assistance. Il sera forcément un peu tristounet ce dimanche 8 novembre avec ces quais habituellement noirs de monde rendus aux goélands et aux courants d’airs. Même si télévision et réseaux sociaux vont mettre le paquet, ça ne pourra jamais être aussi bon, pour sûr... Mais regardons plutôt le ballast à moitié plein car cette course, un moment sur la sellette, va tout de même partir, permettant à des millions de personnes de continuer de rêver et aux 33 concurrents engagés de se tirer enfin la bourre au grand large après des mois d’observation et d’attente. Pour des marins par définition confinés dans leur 60 pieds en carbone tout au long de la compétition, les règles sanitaires de distanciation sociale ne posaient pas un problème en soi. Le souci venait plus des retombées médiatiques attendues par les sponsors pour qui la venue sur leur stand de centaines de milliers de visiteurs – 1,5 million de spectateurs étaient venus se promener sur le village du Vendée Globe 2016 – fait partie d’un retour sur investissement non négligeable.
LIMITER LA CASSE ECONOMIQUE
Heureusement, l’annonce gouvernementale du reconfinement, tombée fin octobre, soit deux semaines après l’ouverture du village, a tout de même permis de limiter la casse économique et surtout d’empêcher une annulation pure et simple de la course à la dernière minute. Pour les coureurs déjà sous pression, ces dernières semaines d’incertitude et de préparation en tout genre ont été tout sauf une balade de santé. Déjà, ils ont dû faire face à un planning exigeant : les bateaux devaient en effet tous être amarrés aux Sables avant le 16 octobre pour y subir les contrôles de jauge – dirigés par René Boulaire, le maître jaugeur de la classe IMOCA –, puis un check sécurité tout sauf anodin. Toujours un moment stressant pour les skippers, dont Sébastien Destremau, le skipper de Merci se souviendra.
Lui qui ambitionne de boucler ce tour du monde sans énergie carbone a bien failli ne jamais partir après avoir raté le test de longévité des batteries alimentant son moteur électrique. En effet, ces dernières n’étaient pas en mesure de pousser son IMOCA plus de 2h15 lors du contrôle initial, loin des 5 heures requises, pour une distance à parcourir de 25 milles. Sébastien Destremau a en définitive réussi in extremis à changer ses accumulateurs pour des batteries lithium plus puissantes et obtenir sur le fil son précieux sésame, ouf ! Ensuite, entre obligation médiatique, avitaillement et bricolage de dernière minute, les 33 marins n’auront décidément pas eu de répit avant de partir au combat. D’autant que certains sont obligés de tout faire seul ou presque… Entre deux et quinze personnes à plein temps, c’est le delta qui sépare les petites des grosses équipes. Un écart de budget qui se retrouve généralement sur l’eau mais pas forcément…
Et c’est ça toute la magie d’un Vendée Globe.