Les potins des pontons
Une publication de l’Ifremer et de l’Université américaine de Rice (Houston) remet en question la théorie de Darwin sur l’origine des atolls au regard des nouvelles connaissances sur les changements du niveau des océans durant les cinq derniers millions d’années. Il est en effet couramment établi, depuis le voyage de Darwin en 1842 sur le Beagle et son étape en Polynésie que les atolls sont la résultante d’un relief volcanique en affaissement sur lequel s’est naturellement fixé et développé du corail. Pourtant Stéphan Jorry, chercheur en géosciences à l’Ifremer de Brest, penche, en s’appuyant sur des données géologiques fiables et récentes, pour une histoire de l’origine des atolls bien différente de celle de Darwin. Tout commence il y a 3,2 millions d’années : le climat et le niveau des océans sont alors stables sur une période d’au moins 80 000 ans, favorisant la formation de plateformes sédimentaires sur les hauts-fonds océaniques. Puis, il y a
2,5 millions d’années, les calottes glaciaires de l’hémisphère nord s’accroissent, entraînant des fluctuations importantes du niveau de la mer. Tantôt immergé, tantôt émergé, le relief des plateformes change. « Lorsqu’elles sont hors d’eau, leur calcaire est dissous par les eaux de pluie et une dépression se forme en leur centre entouré de bordures plus hautes », rapporte André Droxler, océanographe à l’Université de Rice. C’est la théorie dite des karsts, née dans les années 1930, mais qui n’avait jamais sérieusement détrôné celle de Darwin. Enfin, il y a 400 000 ans, le niveau de la mer se met à varier plus fréquemment et les coraux colonisent les bordures des plateformes sédimentaires. L’atoll tel qu’il nous fait rêver est né. Qu’en sera-t-il avec l’inéluctable montée des océans ? Certains disent qu’ils s’adapteront avec une possible recharge en sédiments leur permettant de s’élever au-dessus des flots…