Mignon, malin et efficace !
C’EST VRAI
qu’à Voile Mag, on a un faible pour les bateaux atypiques et pour leurs promoteurs. Mais ce RoG 15 ne joue pas l’originalité pour le simple plaisir de se rendre intéressant. Chacune de ses particularités est une solution au service du projet global : proposer un micro-croiseur tonique, raisonnablement confortable et assez léger pour rester très facile à transporter. Contrat rempli !
Quand on le découvre sur la plage, on est d’abord frappé par le rouf largement ouvert dans le prolongement de la descente. A l’escale, pas question de se contorsionner pour accéder aux couchages, à la kitchenette, et pour peu qu’on imagine un système de couverture, toile de tente ou autre, on a là un espace de vie exceptionnel pour un bateau de moins de 5 m. En navigation, cette immense ouverture est aveuglée par une solide toile étanche.
UN ESPACE DE VIE ETONNANT
Le cockpit, autovideur, comporte de grands rangements dans les bancs. Il n’est pas immense et encombré par le mât d’artimon. Deux équipiers, guère plus, y seront à leur aise. Mais ses proportions ont aussi l’avantage de permettre à chacun de se caler facilement – on ne cherche pas ses appuis. Et il est compatible avec les grands gabarits... William Peters, qui a adapté et fait construire ce plan d’origine américaine par Emmanuel Conrath (Arwen Marine), n’est d’ailleurs pas une demi-portion ! Et son enthousiasme pour ce bateau inclassable, entre micro-croiseur et voile-aviron, est communicatif. Le mieux, pour faire plus ample connaissance est de le suivre sur l’eau... Et là encore, que des bonnes surprises. La simplicité, d’abord, de ces voiles qui s’enroulent et se déroulent directement sur les mâts autoportés, un peu comme sur les plans Montaubin (chantier Mer). L’artimon n’a pas de bôme mais une livarde, la misaine se contente de grandes lattes verticales. Ce gréement relève d’une interprétation simplifiée du plan d’origine. Le premier RoG 15, mis à l’eau en Floride par un architecte constructeur d’origine québécoise, Jean-François Bédard. Mais son esprit est respecté à la lettre.
Plus qu’un gréement de ketch, il s’agit d’un cat boat équilibré par un artimon, et vitaminé au portant par un superbe gennaker amuré sur le bout-dehors. Généreusement toilé, le RoG est rapide, très amusant à mener et demande un équipage attentif. La suppression des ballasts prévus par le plan d’origine est d’ailleurs une autre simplification voulue par William Peters et Emmanuel Conrath, dans le but de réduire le coût de construction. Au final, la stabilité reste satisfaisante et surtout la stabilité de route est remarquable. Dans les surventes, le RoG salue la risée mais lofe peu, on régule à l’artimon plutôt qu’à la barre et on ne freine pas le bateau. On régule aussi au rappel en se souvenant qu’on est sur un tout petit bateau qui réagit comme un dériveur de plage, tout en permettant de vraies petites virées en autonomie. Et quelle bouille, quel caractère ! On aimerait vraiment en voir plus sur l’eau... C’est un peu le sens de l’engagement de William Peters qui se propose de promouvoir le RoG, dont Arwen Marine resterait le constructeur. Le bateau, construit en contreplaqué cousu-collé, peut aussi être aussi proposé en kit et à divers stades de finition pour alléger la facture. Craquant !
Un vrai micro-croiseur dans moins de 5 m de coque !