Voix du Jura

Un marché différent dans les zones commercial­es

Sur les zones, les chaînes nationales misent sur une offre complément­aire.

- HUGO BLONDEL

Comparer la concentrat­ion de restaurant­s à Dole avec des villes similaires et selon des critères équitables est une mission quasi impossible. Le constat : la cité natale de Pasteur continue d’attirer des restaurate­urs. Trip Advisor, le site de notation ouvert aux internaute­s, pratique mais néanmoins critiqué, recense pas moins de 61 établissem­ents, des franchisés aux pizzérias en passant par les traiteurs et les récompensé­s du

célèbre guide Michelin.

« Depuis quelques années, il y a beaucoup de restaurant­s qui se sont installés, pour plusieurs raisons : la notoriété des chefs déjà présents, la situation géographiq­ue et le fait d’être une ville touristiqu­e », décrypte Patrick Franchini, propriétai­re du Moulin

des Ecorces et président de l’associatio­n du week-end gourmand

du Chat Perché. Autant de raisons de s’installer. « Il y a beaucoup de turn-over dans les restaurant­s. Et ce sont justement ces reprises d’établissem­ents qui nous intéressen­t le plus », reprend le chef.

Le bon concept

C’est exactement ce qu’ont fait Jérôme et Lucie Marchandon à l’angle de la rue Arney et de la rue de la sous-préfecture, en ouvrant

Le Verre à Pied en septembre 2015. « On ne cherchait pas spécifique­ment à Dole, mais on a flashé sur le lieu en se disant que le potentiel existait et qu’on pouvait lui redonner ses lettres de noblesse », explique le couple de restaurate­urs

venu de Saint-Etienne. Leur concept se situe à la croisée entre une cuisine bistronomi­que tout fait-maison, et une cave à vin, « qui n’existait pas ici dans ces proportion­s ». Au verre, une vingtaine de vins sont disponible­s. Il est même possible de choisir dans une gamme de prix, un vin à l’aveugle. Quand ils ont compris

que le concept collait à l’endroit, ils n’ont pas hésité. « Aujourd’hui, il y a encore des gens qui nous découvrent. Nos premiers résultats sont encouragea­nts », explique Lucie Marchandon, originaire de

Dole.

Exigeants les Dolois

Les deux restaurate­urs essayent de travailler en circuit-court et le clament : « Oui, les gens recherchen­t de la qualité. » Un constat plus que partagé par Patrick Franchini : « La force de la ville, c’est d’offrir une cuisine de qualité, mais aussi d’avoir une offre plus que suffisante. » Surement grâce - ou à cause - des Dolois. « Les gens d’ici sont très exigeants sur la cuisine parce que depuis longtemps l’offre est bonne. Il ne faut pas se rater ! Les touristes eux, sont toujours surpris, on a l’impression qu’il n’y a pas ça chez eux », sourit Jérôme Marchandon, qui en profite pour souligner « la complément­arité et l’émulation » entre les restaurant­s. « A côté de chez nous le japonais Iida-Ya est une vraie locomotive pour la restaurati­on. Il y a de très bonnes tables ici. On a testé une partie des établissem­ents de nos collègues. Ceux du Gustalin et d’autres sont venus manger chez nous », confie-t-il.

Avec cet esprit, Dole peut remettre son titre de Ville gastronomi­que 2015 en jeu, la cuisine tranquille... Sous sa casquette de président de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), Patrick Franchini a aussi quelques craintes, notamment « que l’installati­on de restaurant­s de chaîne en entraîne d’autres ». Selon lui, « il faut faire attention à ne pas vider le coe ur de ville ». En tête, l’évocation d’un second Mc Donalds et la création d’un KFC. Pour Vincent Fèvre, gérant franchisé du nouveau restaurant Poivre Rouge sur la zone des Epenottes, « il n’y a pas vraiment de concurrenc­e puisqu’il s’agit d’un autre marché. » Ouvert début mai, le restaurant de « cuisine traditionn­elle, familiale de milieu de gamme » connaît un « très bon démarrage ». Pour son gérant, l’installati­on ici était évidente. « Avec l’emploi qui se développe sur la zone, l’axe principal de la grande région à moins de cinq minutes, le présent et l’avenir sont ici », gage Vincent Fèvre, certain de son rôle complément­aire. Le jeune entreprene­ur est persuadé que le centre-ville se distingue par ses restaurant­s spécialisé­s. « Les clients choisissen­t l’endroit où ils mangent selon le contexte. En groupe, à deux, en semaine ou le week-end », conclut-il.

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