Ne cherchez plus : Alésia, c’est dans le Jura...
Une exposition visible à la Maison de la Haute-Seille à Château-Chalon présente la thèse d’André Berthier sur le site d’Alésia dans le Jura, à Chaux-des-Crotenay. Rencontre avec l’universitaire Danielle Porte, à l’origine de l’exposition.
« Mine de rien, c’est un vrai scoop que vous avez eu là... » Danielle Porte n’en revient pas d’avoir pu lire dans Voix du Jura (notre édition du 26 mai) que pour la Drac Bourgogne-Franche-Comté, le site de Chaux-des-Crotenay était désormais considéré comme un site de l’âge de bronze. « On progresse, car jusqu’à présent, le site était soi-disant sans intérêt archéologique... Or, nous sommes peut-être en présence de la principale métropole religieuse de toute la Celtique ! »
À la Maison de la Haute-Seille de Château-Chalon, l’universitaire, professeur de latin à la Sorbonne, propose durant tout l’été, avec l’association Cercle 52, une exposition très pédagogique sur l’Alésia du Jura et la thèse d’André Berthier. Une thèse qui se base sur le récit La Guerre de Gaules écrit par Jules César lui-même, mais aussi sur la topologie et des résultats probants de fouilles (menées avant leur interdiction), pour placer cet Alésia non pas à AliceSainte-Reine en Bourgogne, comme le voudrait la thèse officielle, mais bien à Chaux-desCrotenay, dans le Jura. « On a tous les arguments pour démolir Alise-Sainte-Reine, mais leur réponse, jusqu’à présent, ça a été le silence et le refus de tout débat. Mais avec tout ce qu’on a écrit sur le sujet, et toutes les preuves que l’on peut apporter, on sent bien qu’il n’y a plus grand monde pour croire en leur Alise, même pas eux. Je pense que ça va se débloquer. On commence à nous dire qu’il y a peut-être eu deux Alésia... C’est ridicule ! »
L’exposition,regroupant textes, photos et cartes, explique d’abord en quoi il est impossible que la bataille d’Alésia se soit déroulée à Alise-SainteReine, avant de mettre en avant les points forts du site de Chauxdes-Crotenay : la parole de César, le relief « qui parle », le site archéologique en lui-même. « On a pu retracer l’itinéraire de César depuis Langres, qui était l’aboutissement de la route de Germanie, vers Pontarlier. Que serait-il allé faire à Alise-SainteReine, alors que passer par Chaux-des-Crotenay est la route logique pour gagner ensuite la ligne des cols, puis Saint-Cergue et Nyon ?... »
Un nouveau procédé pour scanner le terrain
Avec une certaine gourmandise, Danielle Porte évoque alors la « trahison des Bourguignons » qui, s’ils avaient mis un peu plus de zèle dans leur soutien au chef Arvene – « et surtout suivi les consignes de Vercingétorix, qui étaient de couper les armées de César de leurs bagages » – auraient pu faire triompher les armées gauloises... avant de revenir sur ce trésor délaissé au nom de l’histoire officielle, remontant peut-être à l’âge cyclopéen : « Là encore, on peut s’appuyer sur des monuments protohistoriques qui n’ont pas d’équivalent à AliseSainte-Reine ».
La nouvelle mission Lidar – un procédé qui permet de scanner le terrain et de supprimer virtuellement la végétation – pourrait en dire davantage sur le potentiel du site : «la première série d’images a permis de découvrir ce qui pourrait être des vestiges d’architecture militaire, situés sur l’emplacement de ce que nous pensons être le camp Nord. Maintenant, on aimerait voir la totalité du site, pour avoir une idée plus précise de l’organisation de l’oppidum. Vu que les fouilles nous sont interdites, nous travaillons aussi par magnetométrie, une technique qui a fait ressortir des échos de résidus ferreux là où auraient pu être brûlées les palissades...».
Tous ces travaux sont à découvrir au fil de l’exposition où, en plus, les visiteurs peuvent signer la pétition pour que de réelles fouilles soient organisées sur le site de Chaux-des-Crotenay. Cette pétition devrait prochainement être proposée sur internet.
Exposition “Alésia dans le Jura ? Et si César avait dit vrai… ” à la Maison de la Haute-Seille, visible durant tout l’été. Entrée : 2,50 euros pour les adultes. Ouverture en juillet et août : tous les jours de 10 h à 13 h, et de 15 h à 19 h 30.