Cinq ans au GQG de Hitler
Tous les ans, ou à peu près, sont publiés les mémoires de tel ou tel responsable nazi ou général allemand ayant eu des responsabilités dans la conduite de la Seconde Guerre Mondiale. A des témoignages intéressants succèdent des propos d’une remarquable banalité. A n’en pas douter, le livre du général Walter Warlimont ressort de la première catégorie. En effet, c’est aux premières loges que le général Warlimont a assisté à la conduite du conflit. Il a vu, jour après jour, la façon dont Hitler menait la guerre et la manière dont celleci agissait sur son caractère et sa forme physique. Il ne faut pas s’attendre à de fracassantes révélations car il y a belle lurette que l’on sait tout de l’atmosphère délétère et empoisonnée qui régnait au quartier général de Wehrmacht. Celui-ci possédait une résidence fixe dans la banlieue de Berlin. Pour le reste, il suivait le dictateur car celui-ci, dès 1941, avait pris en main la direction de la guerre, quelquefois pour le meilleur, souvent pour le pire. En 1943 en 1944, alors que la guerre en Russie fait rage, le GQG s’installe à Rastenburg, dans les forêts de la Prusse orientale. Warlimont montre un Hitler tantôt exalté tantôt dépressif, maniant des divisions qui n’existent que sur le papier, voulant tout ignorer de la misère de la troupe, continuant à s’illusionner sur l’issue d’une guerre ne pouvant plus être gagnée. Type même du militaire allemand de cette époque, avec ce que cela implique de professionnalisme, le général Warlimont donne l’image d’un militaire réaliste et humain. Le problème, c’est que son témoignage, comme celui de la plupart des anciens généraux du IIIe Reich, accable Hitler pour mieux épargner le corps des officiers. Souvent avec raison mais n’est-ce pas donner l’impression de s’en tirer à bon compte en chargeant l’homme seul qu’était Hitler ? Enfin, on ne sera pas surpris de l’importance des pages consacrées à la guerre à l’Est, immensités dans lesquelles s’épuisa le meilleur de la machine de guerre germanique.
ÊÊWalter Warlimont, Cinq ans au GQG de Hitler, Perrin, 2016, 508 p., 23,90 €